Technique-fiction ou comment passer inaperçu devant l’objectif d’une caméra ?
Par Jean-Noël Ferragut, AFCEn attendant, le supplément " Science et Médecine " du quotidien Le Monde daté du mercredi 10 septembre 2014 nous informe qu’à l’instar des animaux capables de se camoufler en imitant la couleur des décors dans lesquels ils se trouvent – telles les chouettes, pieuvres et autres caméléons –, des équipes de recherche travaillent actuellement sur des technologies de revêtement dont la composition permet de capter et reproduire leur proche environnement. On apprend ainsi qu’une équipe américano-chinoise vient de mettre au point un matériau sous forme de " bi-surface " dont l’une, dirigée vers l’arrière, est composée de capteurs capables de reproduire à l’identique des éléments de décor placés devant eux et dont l’autre, dirigée vers l’avant, affiche ces mêmes éléments ainsi captés. Posée dans le champ de vision d’un observateur, cette surface se confond avec le décor situé en arrière-plan.
Partant de ce principe tout simple, mais dont les détails techniques restent encore confidentiels car relevant du secret-défense…, ne pourrait-on pas imaginer que des ustensiles les plus courants de nos plateaux, du genre cube " 15x20x30 ", drapeau, rail de travelling ou encore pied de projecteur, revêtus de cette matière miracle, puissent rester dans un décor sans que le cadreur, ô combien vigilant, ne vienne crier au secours avec du « C’est dans le champ ! » ? Allons plus loin et soyons fou ! Pourquoi ne pas imaginer que des membres de l’équipe, revêtus de combinaisons taillées sur mesure dans ce tissu " hyper-tech ", puissent vaquer aussi à leurs occupations pendant qu’on tourne un plan, allant et venant devant la caméra – ni vu ni connu je t’embrouille –, et pratiquer chacun leur petit métier en toute " transparence ". Qui démontant des rails, qui installant des projecteurs perché en haut d’un escabeau, les uns pliant tranquillement le matériel du plan d’avant, les autres préparant fébrilement celui d’après…
Si elle était amenée à dépasser le stade de la fiction, cette avancée technologique devrait bougrement intéresser deux catégories de gens qui font notre cinéma. Ceux, parmi nos réalisateurs chéris, qui ambitionnent de pouvoir tourner répétitions et prises sans jamais arrêter un instant la caméra, argant d’une plus grande intensité dans le jeu des acteurs, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ! Ceux encore, de nos producteurs adorés, qui pour arriver à leur fin, et à celle du film, sous prétexte d’un budget serré, ne souhaitent dépenser aucun centime de plus dans des préparations trop longues ou des installations trop lentes !
Fiction, me diriez-vous ? Ou très prochainement dans le hors-champ des écrans de nos salles préférées…
- Petite info en anglais sur le travail de recherche.