Les crédits du ministère de la culture augmentent de 3,2 % par rapport à 2007
Un budget 2008 en légère hausse, des projets dans l’incertitude
par Clarisse FabreLe Monde, 28 septembre 2007
C’est le cabinet de Christine Albanel qui le dit : « Le budget culture aurait pu être meilleur, mais il permet de faire des choses. » Avec 2,928 milliards d’euros, l’enveloppe pour l’année 2008 progresse de 3,2 % par rapport à 2007. C’est « un budget satisfaisant au regard des contraintes » et de « la politique de réforme conduite par le président de la République », a déclaré la ministre de la culture et de la communication, mercredi 26 septembre, lors de la présentation du budget.
Mme Albanel a listé quelques secteurs qui profitent d’une embellie : le patrimoine (979 millions d’euros, + 10,1 % par rapport à 2007), les arts plastiques (53,6 millions, + 8 %), l’éducation artistique (31,5 millions, + 6,1 %), le compte de soutien aux industries cinématographiques et audiovisuelles (503,1 millions, + 4,5 %).
Pour le reste, c’est le statu quo budgétaire. Et aussi l’incertitude pour quelques gros projets de construction ou d’aménagement, pourtant annoncés. C’est le cas du Centre de création dévolu à l’art contemporain, qui doit voit le jour sur l’île Seguin, à Boulogne-Bilancourt, et de l’aménagement des espaces en friche au Palais de Tokyo, à Paris, qui devrait accueillir des « artistes français confirmés ».
« On ne pourra probablement pas faire les deux [en 2008]. On a mis un minimum de crédit pour maintenir les équipes », explique-t-on au ministère de la culture. Service minimal aussi au Musem, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, à Marseille (2 millions d’euros de crédits de paiement).
Deux projets semblent en revanche assurés d’un soutien politique : le Centre national des archives de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), qui va « bénéficier de la création de 60 postes », et le futur auditorium de La Villette que Nicolas Sarkozy « souhaite voir aboutir », a précisé la ministre. « En dehors des deux grands projets de Pierrefitte-sur-Seine et de La Villette, j’ai veillé à ce que le budget laisse ouverts tous les choix et permette de prendre le temps de la réflexion », a confirmé Mme Albanel, en ajoutant que les « décisions définitives » seraient prises fin janvier 2008. [...]
Le spectacle vivant inquiet
L’enveloppe allouée au spectacle vivant était fort attendue, à la suite des « obligations de résultat », demandées au secteur par M. Sarkozy. Elle reste stable à 640 millions d’euros. « Le secteur n’est pas exonéré d’effort, mais il n’est pas sacrifié », traduit-on Rue de Valois. Les scènes subventionnées en région bénéficieront d’un petit coup de pouce : une augmentation de 1 % de leurs crédits, « ciblés prioritairement sur les investissements ». Car ces institutions « n’ont pas forcément aussi aisément accès que les opérateurs nationaux à de nouvelles ressources propres », a justifié Mme Albanel.
La ministre a par ailleurs confirmé le lancement d’une « réflexion sur la création » (Le Monde du 25 septembre) afin que les aides « soient mieux structurées, moins fragmentées ». Elle a aussi rappelé sa volonté d’« optimiser l’allocation des moyens ».
Les professionnels du théâtre, de la danse, de la musique, sont sur leurs gardes. Estimant que « les premiers actes et les récentes déclarations de la ministre ne témoignent pas de la volonté de donner un nouveau souffle à la politique artistique et culturelle », le Syndeac, plus important syndicat du spectacle vivant subventionné, demande à la ministre, dans un communiqué, de « recevoir dans les meilleurs délais une délégation du syndicat afin d’examiner ensemble la situation ».
(Clarisse Fabre, Le Monde, 28 septembre 2007)