Un vrai bonheur

Le film est effectivement un vrai bonheur. Bien sûr, le fait de filmer, de photographier, d’éclairer, de cadrer est un vrai bonheur, je n’en doute pas, mais parfois, ça peut arriver, hélas, ça grince, c’est un peu plus tendu (un peu trop), les sourires ont disparu, le rire est absolument exclu, les mots plus secs, des chapeaux mêmes se mettent à voler. Et quand la comédienne, dans son jeu, se met à pleurer, personne ne songerait à l’accompagner, l’émotion disparaît. Heureusement, c’est très rare...

Ce film est effectivement un vrai bonheur. C’est une comédie, une comédie à qualifier dans le bon sens du terme de populaire. Je me garderai de vous en faire une critique, Dieu ne m’ayant pas tripoté, je n’en serai pas capable. Enfin, j’ai ri. J’ai ri parce que c’est drôle, que le jeu de mot m’a plu, que j’ai trouvé des situations comiques, que les comédiens m’ont obligé. J’ai eu des rires de tout genre, franc, parfois troupier, ému, troublé, jaune quand le reflet du miroir est trop dirigé, de bon cœur, et aussi avec une larme.

Et là, la larme est du même genre que celle qui vient à la fin d’un tournage qui a été un vrai bonheur.

Un projet, c’est toujours enthousiasmant, un, c’est " du boulot ", deux, un film en devenir frise toujours le parfait... Ensuite les informations s’amoncellent... Le scénario est une pièce de théâtre à succès sur un sujet à la mode : le mariage. (Les recettes de " mariages " sorties peu avant, sont bonnes et j’ai peur qu’on applique une " recette "...). On tourne dans une gare désaffectée (un décor presque unique) d’une petite ville perdue entre Troyes et Saint-Dizier... Le format sera du Super 16, même pas assez de finances pour de la HD...

Et puis je lis le scénario (j’oublie le théâtre à succès et m’aperçois que le thème du mariage est loin d’être épuisé) je rencontre le réalisateur Didier Caron dont c’est le premier film mais qui a une telle passion, une telle envie, un tel émerveillement sur la création cinématographique que son enthousiasme est immédiatement contagieux. Et puis le Super 16..., on sera plus léger, c’est une nouvelle expérience pour moi en long métrage et avec un étalonnage numérique... Ah non ! on n’a pas l’argent, bon... Et puis un tournage en province apporte toujours une plus forte cohésion au sein d’une équipe. Alors vient le tournage.

Ça a été véritablement... Un vrai bonheur. On sait tous que pour ce faire il faut que le metteur en scène soit le maître d’œuvre ; il l’a été, mais il avait en plus une botte secrète : ses comédiens. Du théâtre, oui. Là où les personnages sont en chair. Et les nôtres en avaient tellement, que ça débordait de leurs personnages. Dans le bonheur, ils ne faisaient plus qu’un avec l’équipe, et petit à petit la joie s’est répandue tout autour. La petite gare de Wassy a brillé plusieurs fois des feux du tournage et des fêtes improvisées, avec la collaboration et l’œil bienveillant des voisins du bourg. La Champagne devenait pétillante.

Laurent Robert a dirigé tous les projecteurs que Didier nous a fourni chez Transpalux, assisté de Renato Vincini et Stéphane Cry.
Jean-Pierre Deschamps a même eu l’occasion une fois de sortir une grue de Loumasystem avec son complice Mario d’Orio.
Patrick Delamotte a étalonné chez Eclair les scènes tournées en 7218 fabriquée par Kodak.
Baptiste Nicolaï a aidé Guillaume Dreujou à faire fonctionner la SR III que Panavision-Alga nous a louée. Anna Lequoy s’est débrouillée du retour vidéo.
Sans oublier pour l’image, les photos de Séverine Brigeot adressées dès la fin du tournage, dans une très mignonne reliure, à toute l’équipe par Telema... la production qui a produit Immortelle.

Je vous laisse découvrir les comédiens sur le générique, espérant qu’ils vous donneront autant de plaisir que nous avons eu de bonheur à partager avec eux ce moment.