Venise par Renato Berta

par Renato Berta La Lettre AFC n°136

Malgré les problèmes d’organisation, malgré le nombre de projections par jour, malgré les changements de programme, grâce à Venise, on est beaucoup plus indulgent, on pardonne tout, on devient des êtres humains : le contraire de Cannes.
La première rencontre avec Naum Kleiman m’a permis de découvrir les conditions de travail du directeur du musée du cinéma de Moscou, qui conserve une grande partie du patrimoine du cinéma russe, installé dans un bâtiment de quatre étages dont deux ont été confisqués par la mafia pour y installer une salle de jeux et un restaurant italien. J’ai été assez surpris de constater qu’on a aimé les mêmes films, et donc on n’a pas eu de grande discussion pour décerner les prix ; par contre j’ai beaucoup appris sur le cinéma soviétique. L’autre membre de jury, Antoniette de Lill, a été plutôt absente, occupée par son dernier film qui passait en même temps en sélection officielle.
Sur 27 courts métrages, il fallait en primer trois : travail pas simple celui de comparer des films de 3 minutes avec une bonne idée avec des films de 30 minutes avec trois bonnes idées...
Voici notre palmarès :
- Lion d’argent Citroën pour le meilleur court métrage : Signe d’appartenance de Kamel Chérif, l’histoire d’un enfant confronté à des relations de famille et d’école d’abord en Tunisie et ensuite en France. Un film fabriqué avec très peu de moyens mais avec beaucoup de cœur.
- Prix UIP pour le meilleur court métrage européen : Goodbye de Steve Hudson, tourné à Berlin sur un événement absurde de notre société de droit : une mère se fait coffrer et son petit enfant l’attend à la maison. On ne voit jamais l’enfant, mais on l’entend derrière la porte du palier. La mère cherche par téléphone quelqu’un qui pourrait s’occuper du fils, assistée par des policiers courtois mais accrochés à la loi. Le film, bien tourné sans sentimentalisme ni mélodrame, est interprété par une très bonne comédienne, Anna Talbach.
- Mention spéciale : The Carpenter and His Clusmy Wife de Peter Foot. Un menuisier refait petit à petit sa femme en bois. Ce n’est pas mon style de films, mais il faut reconnaître qu’il a été intelligemment tourné, et, en tant que président du jury, je n’ai pas voulu faire valoir mon vote double.
Et pour finir une constatation : dans le travail de tout jury il y a toujours un ou deux films qui restent exclus avec regret. Il faudrait peut-être pouvoir signaler les films qui sont restés dans la discussion, d’autant plus qu’une bonne quantité a été éliminée très vite.