Entretiens avec des directeurs de la photographie

Independencia
de Raya A. Martin, photographié par Jeanne Lapoirie, AFC

Raya A. Martin est un jeune réalisateur philippin très remarqué dans les festivals. Un hommage lui était consacré au dernier Festival du Réel. Ses films évoquent l’histoire de son pays sous des formes très expérimentales.
Jeanne Lapoirie l’a rencontré au Festival du documentaire de Marseille (FID) et a été séduite par son film Indio Nacional, un film en noir et blanc, muet, accompagné au piano. Après la lecture du scénario d’Independencia, elle accepte l’aventure d’un film entièrement tourné aux Philippines.

Neuilly, sa mère
de Djamel Bensalah et Gabriel-Julien Laferrière, photographié par Pascal Gennesseaux, AFC

Neuilly, sa mère, de Gabriel-Julien Laferrière, coréalisé et produit par Djamel Bensalah, est une comédie interprétée principalement par des " préados " entourés de comédiens reconnus, voire célèbres.
Pascal Gennesseaux, collaborateur de Djamel Bensallah pour la quatrième fois, résume le film ainsi : « On peut rire des aventures de ce jeune garçon avec toute la candeur et presque la naïveté que Djamel donne à ses personnages. Plaisir et réflexion au passage sur des univers aussi contraires que ceux d’une cité de province et d’une école " libre " de Neuilly. C’est le beur et l’argent du beur… (rires…). Cette histoire est finalement proche de la vie de Djamel. »

Tzar (Le Tsar)
de Pavel Lounguine, photographié par Tom Stern, ASC, AFC

De nouveau cette année, Tom Stern, ASC, AFC a enchaîné les tournages à travers la planète. Se consacrant la plupart du temps aux projets de son ami Clint Eastwood (Gran Torino et depuis Le Facteur humain), il s’est également autorisé un petit détour en Russie au coté de Pavel Lounguine pour les besoins de Tzar… Une chronique de la vie d’Ivan le Terrible présente cette année à Un Certain Regard…
Entre deux avions, il nous accorde cet entretien téléphonique.

L’Armée du crime
de Robert Guédiguian, photographié par Pierre Milon, AFC

Directeur de la photo sur le film de Laurent Cantet Entre les murs, Palme d’or 2008, Pierre Milon revient à Cannes pour le film hors compétition de Robert Guédiguian L’Armée du crime. C’est sa troisième collaboration avec le réalisateur-producteur et une nouvelle expérience pour chacun d’eux, avec ce film d’époque et sa foisonnante distribution.
Le film se situe dans le Paris occupé par les Allemands, autour de résistants devenus des héros, partisans étrangers qui vont harceler les nazis pour défendre le pays qu’ils aiment et qui symbolise pour eux la liberté.

Jaffa
de Keren Yedaya, photographié par Pierre Aïm, AFC

C’est en collaborant avec Mathieu Kassovitz (Métisse, La Haine, Assassin) que Pierre Aïm a démarré une carrière de directeur de la photographie de long métrage. Il a ensuite photographié plusieurs films d’Antoine de Caunes, de Samuel Benchetrit puis, dernièrement, il a travaillé sur Bienvenue chez les Ch’tis et Le Bal des actrices.
Avec Jaffa de l’Israélienne Keren Yedaya, il expérimente une image stylisée pour un film engagé, politique et populaire.

Un prophète
de Jacques Audiard, photographié par Stéphane Fontaine, AFC

Stéphane Fontaine a longtemps été le premier assistant d’Eric Gautier. Issu des cours de l’Ecole nationale supérieure Louis-Lumière (promotion 1985), il se met parallèlement à son travail de pointeur à faire la lumière sur des documentaires ou des films d’art.
Après un passage dans le milieu de la publicité, son premier long métrage en tant que chef opérateur est Bronx Barbès d’Eliane Delatour en 2000. Il a depuis collaboré avec Philippe Grandrieux, Arnaud Despleschin ou Barry Levinson.
Un prophète est son deuxième film avec Jacques Audiard, après De battre mon cœur s’est arrêté.

Bright Star
de Jane Campion, photographié par Greig Fraser

Greig Fraser est un chef opérateur d’origine australienne qui a commencé sa carrière dans le documentaire. C’est en voyant un court métrage dont il avait signé l’image (Crackerbag, Palme d’or du CM à Cannes 2003) que la réalisatrice Jane Campion l’a repéré et lui a proposer de travailler avec elle sur le projet 8 (huit cinéastes filment les huit objectifs du Millénaire pour le développement). Il signe maintenant les images de Bright Star, une histoire d’amour biographique basée sur la vie et l’œuvre du poète John Keats (1795-1821).
Un film très attendu qui marque le retour en compétition cannoise de la cinéaste récompensée par la Palme d’or en 1993.

Entre les murs
de Laurent Cantet, photographié par Pierre Milon, AFC

Pierre Milon, AFC, est issu de l’avant-dernière promotion de l’IDHEC (au côté de Dominik Moll entre autres, dont il signera l’image de son premier film Intimité).
Très vite, il se met à travailler en tant qu’opérateur autant sur documentaires que sur court métrage. Le passage à la fiction se fait par l’intermédiaire de Philippe Faucon qui lui confie la lumière de trois téléfilms. Depuis, il a collaboré avec Eric Zonca (Le Petit voleur), Lucas Belvaux (La Trilogie et La Raison du plus faible) ou Robert Guédiguian (Lady Jane).
Il est à Cannes 2008 en compétition officielle avec Entre les murs, son troisième long métrage avec Laurent Cantet.

La Frontière de l’aube
de Philippe Garrel, photographié par William Lubtchansky, AFC

En forme de clin d’œil au genre fantastique, La Frontière de l’aube réunit un jeune photographe qui tombe amoureux d’une star, qui se suicide, et qui réapparaît dans la vie du jeune garçon.
Ce deuxième film avec Philippe Garrel affirme une collaboration efficace et sereine. La manière de travailler de Garrel et l’immense expérience de William Lubtchansky (une centaine de longs métrages en une quarantaine d’années…) s’associent pour une mise en scène libre et efficace. Cette association permet d’atteindre une expression artistique sans effets ni démonstration.

Changeling (L’Echange)
de Clint Eastwood, photographié par Tom Stern, ASC, AFC

Tom Stern, ASC, AFC, est un homme qui ne chôme pas.
Enchaînant les tournages à travers la planète, il est certainement l’un des directeurs de la photographie les plus courtisés du moment. Finissant fin octobre à Prague les prises de vues de Faubourg 36 (de Christophe Barratier), il a sauté dans un avion pour attaquer deux jours plus tard celles du nouvel opus de Clint Eastwood, tourné en Californie. Depuis, il commencé le nouveau Pavel Lounguine, à 200 km de Moscou, avant de repartir avec Clint Eastwood dès la rentrée !
Entre deux avions, il a quand même pris le temps de se poser dans son café parisien préféré (Le Select, boulevard Montparnasse) pour parler de Changeling et se réjouir en même temps de sa récente entrée à l’AFC.

Les Bureaux de Dieu
de Claire Simon, photographié par Philippe Van Leeuw, AFC

C’est La Vie de Jésus de Bruno Dumont qui a vraiment lancé, en tant qu’opérateur, la carrière de Philippe Van Leeuw, AFC. Issu des rangs de l’INSAS, à Bruxelles, il a d’abord travaillé en pub et en film institutionnel avant de percer le milieu du long métrage de fiction. Il a tourné entre autres avec Laurent Achard (Le Dernier des fous) ou Richard Bean (Franck Spadone). Pour cette première collaboration avec la cinéaste Claire Simon, il se retrouve cette année à la Quinzaine des réalisateurs avec Les Bureaux de Dieu.
Un film à la lisière entre documentaire et fiction.

Salamandra
de Pablo Agüero, photographié par Hélène Louvart, AFC

Après sa sortie de Louis-Lumière en 1985, Hélène Louvart, AFC, a fait ses classes dans le documentaire et le court métrage. Elle a signé depuis la photographie d’une quarantaine de films de fiction. Parmi ceux-ci, on note une collaboration fidèle avec Sandrine Veysset, Dominique Cabrera, ainsi que des tournages avec Christian Vincent et Jacques Doillon. Après Pau et son frère en 2002, puis Dans les champs de bataille et La Blessure en 2004, elle revient en sélection cannoise avec Salamandra, un film argentin à la Quinzaine des réalisateurs.

Johnny Mad Dog
de Jean-Stéphane Sauvaire, photographié par Marc Koninkcx, AFC

Avec Johnny Mad Dog, adapté du livre Johnny chien méchant écrit par Emmanuel Dongala, Jean-Stéphane Sauvaire signe une fiction dans laquelle nous suivons les histoires croisées d’un adolescent à la tête d’un " Small Boys Unit " (unité de jeunes garçons) d’une armée rebelle, dans un pays africain en pleine guerre civile, et de Laokolé, jeune fille rangée qui tente de sauver sa famille devant l’attaque de ces mêmes rebelles...

Les Grandes personnes
d’Anna Novion, photographié par Pierre Novion, AFC

La carrière de Pierre Novion, AFC, a souvent été associée à celle du réalisateur Eric Rochant. Depuis l’immense succès d’Un monde sans pitié en 1989, il a depuis signé l’image d’Aux yeux du monde, des Patriotes, et de L’Ecole pour tous. Parmi ses autres films de fiction, on trouve aussi L’Année Juliette de Philippe le Guay ou deux films avec le réalisateur turc Yavuz Ozkan.
Cette année, à la semaine de la critique, il accompagne sa fille Anna dans la mise en image des Grandes personnes. Pour ce premier film en tant que réalisatrice, cette dernière a écrit et tourné entièrement cette histoire dans la patrie de sa maman, la Suède. Un pays que connaît naturellement bien Pierre, puisqu’il en parle aussi couramment la langue.

Home
d’Ursula Meier, photographié par Agnès Godard, AFC

Production : Archipel 35, Denis Freyd, France, Box Production, Suisse, Need Production, Belgique.
Tournage en Bulgarie, été 2007, développement négatif, laboratoires Kodak, Sofia, développement positif, et scann pour les séquences à effet spéciaux, Schwarzfilm, Berne, shoot et étalonnage numérique pour les séquences à effets spéciaux, Eclair, Paris, effets spéciaux, Digital Graphics, Marc Umé, Liège, étalonnage argentique, Gérard Savary, Eclair...
Comme vous pouvez le constater, cette production a étendu sa toile de travail dans beaucoup de pays. Cela s’est traduit par une grande difficulté de coordination, surtout en ce qui concerne les séquences à effets spéciaux.

De la guerre
de Bertrand Bonello, photographié par Josée Deshaies

Josée Deshaies est québécoise. Après des études d’histoire de l’art en Italie, elle attaque une formation classique à Montréal en tant que deuxième assistante opératrice, puis passe à la direction de la photo sur documentaires, et court métrages.
C’est sa rencontre avec Bertrand Bonello qui lui permet de passer au long métrage sur Quelque chose d’organique en 1998.
Depuis elle a signé l’image de films comme Les Invisibles de Thierry Jousse ou La Question humaine de Nicolas Klotz.
Après Tiresia et Le Pornographe, elle retrouve cette année avec De la guerre le réalisateur Bertrand Bonello, un habitué de la Croisette.

Entretien avec François Ede à propos de la version restaurée de "Lola Montès"

François Ede, directeur de la photographie, s’intéresse depuis longtemps aux différentes techniques du cinéma et à celle qu’il connaît plus particulièrement sur le bout du doigt, la prise de vues et tout ce qui touche aux images de film, à leur traitement et à leur pérennité.
Il a participé, entre autres restaurations, à celle de Jour de fête de Jacques Tati, film tourné en noir et blanc mais aussi, en parallèle, sur pellicule couleur avec le procédé Thomson Color, et, en 2002, à celle de Playtime qui avait été tourné en 70 mm.
François Ede est membre du Conservatoire des techniques cinématographiques de la Cinémathèque française.

Milh Hadha Al-bahr (Le Sel de la mer)
d’Annemarie Jacir, photographié par Benoît Chamaillard, AFC

Benoît Chamaillard a longtemps été associé à Patrick Blossier au poste de pointeur. Il a débuté sa carrière de directeur de la photographie sur Little Senegal de Rachid Bouchareb.
Depuis, il a signé l’image de plusieurs longs métrages, en travaillant aux côtés de réalisateurs dont c’est souvent le premier film (comme Barrage de Raphaël Jacoulot ou One Dollar Curry de Vinjay Singh…). Le Sel de la mer, présent à Un certain regard, est un autre premier film, celui d’une ancienne monteuse, Annemarie Jacir.