Les entretiens au Festival de Cannes

Les entretiens au Festival de Cannes 2022

Depuis l’ouverture du 75e Festival de Cannes, mardi 17 mai 2022, nous avons publié 30 entretiens et textes dans lesquels des directeurs de la photographie parlent de leur travail sur un film sélectionné dans l’une ou l’autre des sélections et sections. Voici réunis les liens permettant de lire ou relire chacun d’eux.

Darius Khondji, AFC, ASC, évoque son travail sur "Armaggedon Time", de James Gray
Automne à New York

Film automnal et sombre, baigné d’une lumière solaire dorée vacillante, Armageddon Time, de James Gray, est un long métrage rempli de souvenirs pour son réalisateur. Une histoire constituée d’une galerie de personnages ayant tous existé, tirés de son enfance dans le quartier du Queens. Avec au centre de l’intrigue un adolescent à la recherche de lui-même – interprété à l’écran par le jeune Banks Repeta – entouré de Anne Hathaway (la mère), Jeremy Strong (le père) et Anthony Hopkins (le grand-père). Darius Khondji, AFC, ASC en est le maître d’œuvre à l’image, proposant une image sobre et douce dans ce New York du milieu des années 1980, où la musique hip hop naît tandis que le mouvement punk s’éteint peu à peu. (FR)

Benjamin Loeb, FNF, nous parle du tournage de "Sick of Myself", de Kristoffer Borgli
Grain de beauté

Le directeur de la photo norvégien Benjamin Loeb, FNF, a cette année à Cannes deux films en sélection : When You Finish Saving the World, le premier long métrage du comédien Jesse Eisenberg (le Mark Zuckerberg de The Social Network), et Sick of Myself, de son compatriote Kristoffer Borgli. Deux films indépendants tournés sur pellicule (16 et 35 mm 2p), qui témoignent du retour en force sur la Croisette des projets choisissant l’argentique pour traduire leur vision sur l’écran. (FR)

Hélène Louvart, AFC, évoque son travail de collaboration avec Léonor Séraille sur "Un petit frère"

Alors qu’elle remporte la Caméra d’or en 2017 pour son premier film Jeune femme, Léonor Séraille revient sur la Croisette en Compétition officielle avec Un petit frère. L’histoire se déroule sur vingt ans, on accompagne d’abord la mère, Rose, une jeune femme ivoirienne qui débarque avec ses deux enfants à Paris en 1989. Grâce à des ellipses, la réalisatrice nous guide ensuite vers l’un des fils, Jean, puis vers le plus jeune, Ernest. Trois époques, trois points de vue. La directrice de la photographie Hélène Louvart, AFC, évoque son travail de collaboration avec Léonor. (BB)

Le chef opérateur David Gallego, ADFC, parle de son travail sur "War Pony", de Gina Gammel et Riley Keough
Little Big Men

C’est au cœur de la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, que la productrice Gina Gammel et la comédienne Riley Keough ont décidé de s’installer pour leur premier long métrage en tant que co-réalisatrices. War Pony est un film interprété par des non professionnels, qui décrit la vie quotidienne de plusieurs jeunes de la tribu des Lakotas. C’est aussi une plongée dans l’Amérique des exclus, vivant dans des mobiles homes, transpercés par l’économie de la drogue. David Gallego, ADFC, directeur de la photographie d’origine colombienne (I Am Not a Witch, de Rungano Nyoni, remarqué à Cannes en 2017) s’empare de ce film à la fois politique et touchant. (FR)

Antoine Héberlé, AFC, revient sur ses choix techniques pour "Mediterranean Fever", de Maha Haj

Après son premier film, Personal Affairs, sélectionné à Un Certain Regard en 2016, Maha Haj revient sur la Croisette avec son deuxième long métrage, Mediterranean Fever (Fièvre méditerranéenne). Dans cette tragédie glaçante, la réalisatrice, Palestinienne et citoyenne israélienne, aborde très librement la perte d’identité des Palestiniens vivant en Israël. C’est à Antoine Héberlé, AFC, chef opérateur de nombreux films étrangers, qu’elle confie l’image de Mediterranean Fever. Au cours de sa carrière, Antoine a acquis une grande expérience de tournage au Moyen-Orient et adapte sans cesse ses compétences sur ces films parfois périlleux et au budget souvent modeste. (BB)

Le chef opérateur Hooman Behmaanesh revient sur le tournage de "Leila’s Brothers", de Saeed Roustaee
24 carats d’or

Après le très remarqué La Loi de Téhéran, le cinéaste Saeed Roustaee présente, en cette 75e édition, une histoire de famille, Leila’s Brothers, dont les thèmes sont intimement liés à ceux de la société iranienne actuelle. Filmé en grande partie dans un modeste appartement de la capitale iranienne, le film rivalise d’ingéniosité pour gérer les scènes avec les six personnages qui constituent la famille. Hooman Behmaanesh nous parle de son expérience de directeur de la photographie sur ce film. (FR)

Sébastien Buchmann, AFC, revient sur les défis relevés pour filmer "Le Parfum vert", de Nicolas Pariser

C’est dans l’univers du théâtre que Nicolas Pariser plante l’intrigue de son nouveau film Le Parfum vert, en sélection à la Quinzaine des réalisateurs. Entre le film d’espionnage et l’univers de la BD, les ombres d’Hitchcock et de Tintin planent tout au long des péripéties un peu rocambolesques vécues par l’étrange tandem Vincent Lacoste et Sandrine Kiberlain. Sébastien Buchmann, AFC, fidèle collaborateur de Nicolas Pariser que la Quinzaine des réalisateurs avait déjà accueilli à Cannes en 2019 pour Alice et le maire signe une image colorée et contrastée, avec des effluves de vert… (BB)

Fredrik Wenzel, FSF, raconte le tournage de "Triangle of Sadness", de Ruben Östlund
Carl et Yaya sont dans un bateau...

Après The Square (Palme d’or 2017) et Snow Therapy (Un Certain Regard 2014), le Suédois Ruben Östlund revient en force sur la Croisette avec une bombe hilarante où certaines scènes se hissent à la hauteur de l’Himalaya des Monty Python. Triangle of Sadness a enthousiasmé le public lors du premier week-end du Festival, déclenchant des fous rires dans la salle tandis que des seaux de vomi se déversent à l’écran. Le directeur de la photo Fredrik Wenzel, FSF, refait équipe avec le réalisateur de Göteborg sur ce tournage marathon de près de quatre-vingt cinq jours (interrompu au tout début de la pandémie en mars 2020, puis repris à l’automne). Il nous fait part de sa joie d’avoir pu filmer ce nouveau sérieux candidat au palmarès. (FR)

Hazem Berrabah, AFC, TSC, parle d’"Ashkal", de Youssef Chebbi
Le béton, les flics et le feu

Ashkal, de Youssef Chebbi, est un film qui prend comme décor un quartier particulier de la capitale tunisienne : "Les Jardins de Carthage", lotissement immobilier symbole de l’ancien régime, resté en plein chantier depuis la révolution de 2011. Cette enquête policière est aussi un film politique et social sur la Tunisie d’aujourd’hui, tout en y intégrant une dimension métaphysique et religieuse. C’est Hazem Berrabah, AFC, TSC, qui est derrière la caméra et il nous parle de ce film où les images donnent à ce quartier en chantier, un vrai premier rôle au cinéma. (FR).

Judith Kaufmann, BVK, revient sur les choix techniques et esthétiques de "Corsage", de Marie Kreutzer
As Tears Go By

Désirant remettre au goût du jour la figure un peu poussiéreuse de l’impératrice d’Autriche, la cinéaste allemande Marie Kreutzer a décidé de proposer sa version, résolument féministe. Enserrée par ce corset qu’on lui lace fermement autour de sa taille de guêpe, la comédienne luxembourgeoise Vicky Krieps prête désormais ses traits à Sissi. Pour mettre en images cette princesse en fuite émotionnelle perpétuelle, la directrice de la photo Judith Kaufmann, BVK, a effectué un travail très subtil, en 35 mm argentique 3P et format 2,39 sphérique. Un film remarqué en cette 75e édition du Festival, section officielle Un Certain Regard. (FR)

Julien Poupard, AFC, évoque son travail sur "L’Innocent", de Louis Garrel

J’avais déjà tourné le film La Croisade avec Louis. Lorsqu’il m’a parlé de L’innocent, Louis m’a tout de suite dit qu’il voulait explorer d’autres chemins visuels, voire presque construire le film à l’opposé du précédent. Très vite, on a parlé du mélange des genres. Le film navigue entre la comédie, le film policier, la comédie romantique, le film d’action. Il fallait jouer avec les codes du genre, jouer avec le cinéma tout court. Nos références allaient de Uncut Gems, des frères Safdie, Vertigo, de Hitchcock, Conversation secrète, de Coppola, La Règle du jeu, de Renoir. Il fallait chercher une photographie romanesque qui pourrait envelopper tous ces genres.

Le directeur de la photographie Luis Arteaga, parle de son travail avec Mathieu Vadepied sur "Tirailleurs"
La guerre en VO

Pour son deuxième long métrage en tant que réalisateur (et après avoir réalisé une partie de la série "En thérapie"), l’ex-directeur de la photographie Mathieu Vadepied a choisi de raconter l’aventure de Sénégalais catapultés sous les drapeaux en 1914. Interprété à l’écran par Omar Sy (qu’il a notamment photographié sur Intouchables) et Alassane Diong, qui incarne son fils, le film se veut comme l’étude de personnages soudain plongés dans un contexte inconnu, plutôt qu’une re-création minutieuse de l’affrontement dans les tranchées de Verdun. Luis Arteaga s’occupe de mettre en image ce film qui se veut tout sauf épique... (FR)

Irina Lubtchansky, AFC, parle de ses choix sur "Frère et sœur", d’Arnaud Desplechin

Les films d’Arnaud Desplechin nous ont souvent plongés au cœur de déchirements familiaux ; avec Frère et sœur le réalisateur réinvente son thème fétiche et propose d’explorer les sentiments qui opposent Alice, Marion Cotillard, à Louis, Melvil Poupaud. Fidèle collaboratrice du cinéaste depuis Trois souvenirs de ma jeunesse, la directrice de la photographie Irina Lubtchansky, AFC, élabore pour ce drame une image à la fois douce et réaliste, contrastée et romanesque… Frère et sœur est en Compétition officielle sur la Croisette pour son 75e Festival. (BB)

La cheffe opératrice Julia Mingo parle de sa collaboration artistique sur "Raie Manta", d’Anton Bialas

Raie Manta, sélectionné à la Semaine de la Critique du 75e Festival de Cannes, est un court métrage qui propose une traversée de Paris à travers le portrait de trois personnages marginaux. Le triptyque est une forme privilégiée du réalisateur, Anton Bialas, qui lui a déjà valu plusieurs sélections en festival, comme la Berlinale avec A l’entrée de la nuit ou encore le FID Marseille avec Derrière nos yeux. Julia Mingo, la cheffe opératrice, nous parle de sa collaboration artistique autour de cet objet filmique sensible, à la croisée de la fiction et du cinéma expérimental. Au Festival de Cannes, Julia Mingo présente également son premier long métrage en tant que cheffe opératrice, Libre Garance !, de Lisa Diaz, dans la sélection Cannes Écrans Juniors, qui s’adresse aux jeunes publics. (MC)

Le chef opérateur Balthazar Lab parle de ses choix visuels sur "La Jauría", d’Andrés Ramírez Pulido

Dans La Jauría, premier long métrage du réalisateur colombien Andrés Ramírez Pulido, on suit le quotidien de jeunes délinquants, captifs dans une jungle luxuriante. Bien que très ancré dans un réalisme presque documentaire, le film se bâtit une identité visuelle unique et significative. A l’occasion de la présentation du film à la Semaine de la Critique, Balthazar Lab, le chef opérateur, nous parle de ses choix visuels, de la préparation à la postproduction du film. (MC)

Guillaume Deffontaines, AFC, revient sur le tournage de "Nos frangins", de Rachid Bouchareb

Rachid Bouchareb a décidé pour son dixième long métrage en tant que réalisateur de plonger le spectateur dans les manifestations étudiantes de décembre 1986. Avec, au centre de Nos frangins, la reconstitutions libre de deux tragédies : les morts des jeunes Malik et Abdel devenus les symboles des bavures policières des années Pasqua - Pandraud. Alternant vraies images d’archives, archives reconstituées et fiction plus classique, le film a été un vrai défi pour retrouver notamment la texture de la vidéo utilisée par les reportages TV de l’époque. Guillaume Deffontaines, AFC, s’explique. (FR)

Paul Guilhaume, AFC, évoque son travail sur "Les Cinq diables", de Léa Mysius
Vicky, Joanne, Julia et les autres

Film fantastique, film choral, et chronique d’un secret familial, Les Cinq diables s’enracine dans les paysages du massif de l’Oisans, dont les montagnes et l’eau glacée hantent régulièrement le film. Paul Guilhaume, AFC, fait de nouveau équipe avec la réalisatrice Léa Mysius pour mettre en image ce film dont la pandémie a chamboulé le tournage. Adèle Exarchopoulos y trouve un très beau rôle de mère aux passions endormies, tandis que la jeune et lumineuse Sally Dramé y interprète sa fille. Le film est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. (FR)