Alain Derobe ou l’invention au service de la création

Par Natasza Chroscicki (Image Works)

La Lettre AFC n°219

Alain Derobe, superviseur stéréographe, nous a quittés dimanche 11 mars 2012.
Expert de la 3D de renommée internationale, il venait de superviser la 3D du tournage d’Astérix et Obélix : Au service de sa majesté de Laurent Tirard. En 2010, il avait supervisé et étalonné le relief de Pina, de Wim Wenders ; film nommé aux Oscars du meilleur documentaire de fiction cette année et qui vient de recevoir le Prix Spécial du Jury remis par l’International 3D Society de Los Angeles.

Après des études de chimie et ensuite d’architecture, sa passion pour les phénomènes visuels le redirige vers l’Ecole Louis-Lumière (ex Vaugirard, promo 1958) ainsi que l’IDHEC (actuellement La fémis) où il retournera par la suite comme professeur. Membre co‐fondateur de l’AFC (Association Française des directeurs de la photographie Cinématographique) et membre de la CST (Commission supérieure technique de l’image et du son), il a été également cofondateur et premier président de UP3D (Union des professionnels de l’image en 3D).

Alain s’était spécialisé dans l’image en relief à partir de 1992 après une carrière comme dDirecteur de la photographie de longs métrages et de films publicitaires de 1966 à 1990. Suite à un accident aérien, ironie du sort, il se spécialise dans la prise vues aérienne ! Longtemps conseiller technique aux grands formats pour le Futuroscope, il participe dès 1990 à la fabrication de différents systèmes multi caméras dont le Circorama 360°.
Le premier tournage en relief qu’on lui confie déclenche une passion exclusive qui ne le quittera plus. Il est l’inventeur d’une technique et d’une philosophie du relief qu’il appelle Natural Depth Method, une méthode qu’il a enrichi au fur et à mesure des films avec son équipe dont sa fille Joséphine, qui aujourd’hui marche dans les traces de son père. Cette technique est en opposition à la " méthode convergente traditionnelle " qui trouve son origine aux Etats-Unis et se défend de toute sorte de réglages stéréoscopiques automatiques ou semi‐automatiques. Dans son approche l’expertise en amont du tournage, dés l’écriture était fondamentale : « Pour aboutir à un relief convaincant, il faut avant tout une volonté d’utiliser ce nouveau langage, ainsi qu’une cohérence du propos avec cette profondeur nouvellement conquise ; le relief n’est pas subi mais construit. »

Le cinéma du monde entier regrette la grande perte de cet homme unique habité par une vraie vision de la recherche et de l’invention au service de la création.