Assemblée générale annuelle d’Imago 2012 à Paris

Par Richard Andry, AFC, membre du bureau d’Imago
Comme vous le savez certainement déjà, vous qui suivez fidèlement les chroniques d’Imago dont je m’évertue régulièrement depuis deux ans à enrichir notre Lettre et notre site, la grande migration annuelle des représentants des associations européennes de directeurs de la photo renforcés des membres associés venant du reste du monde avait, à l’invitation de l’AFC, tourné son regard aiguisé, vers Paris, Ville lumière, pour y tenir son " pow-wow " annuel, appelé plus familièrement IAGA (Imago Annual General Assembly).

Le grand froid qui régnait sur notre belle capitale n’a pas refroidi cet élan migrateur, même si Joan Hutton, la présidente de la CSC (Canada), nous confiait qu’il faisait plus froid à Paris, cette semaine-là, qu’à Toronto ! Ils sont venus, ils étaient (presque tous) là, des Philippines, d’Australie, d’Argentine, du Japon et du Brésil (représenté par notre cher Ricardo Aronovich à la triple casquette ABC, ADF, AFC), sans oublier l’Imago historique, celle formée par les associations européennes, 30 présentes ou représentées sur 32.
Un record, et on aurait pu faire mieux si le délégué ukrainien Aleksander Zhygaiev, à qui l’AFC avait permis d’obtenir un visa express, n’avait pas été victime : primo, et de la faillite de la compagnie aérienne hongroise Malev (3 février), et secundo, de la grève d’Air France (9 février). Pas de bol ! Il a même écopé d’un PV en fonçant vers l’aéroport de Kiev. Navré pour lui qui aurait tant aimé être présent.
Mais un autre de nos camarades, Yuri, de la RGC (Russie), a pu être sauvé in extremis, à moins d’une semaine de son départ par l’intervention diligente tout autant qu’efficace de Mme Christine Laumond, attachée culturelle en charge de l’audio-visuel auprès de l’ambassade de France à Moscou. Merci à elle, qui en cette période troublée redore le blason de notre hospitalité jadis proverbiale. Enfin, l’AFC était représentée pour la IAGA par Robert Alazraki, notre expert ès Imago.

Une IAGA, cela se prépare, et ce à plusieurs niveaux
- Pour les membres du bureau, le " Board " d’Imago, pendant les six à sept semaines précédant cette grande réunion, il s’agit de préparer la substance et l’agenda des débats. Devant passer de statuts de droit français rédigés selon la loi de 1901 aux statuts belges d’Association Internationale (AISBL), il fallait tout d’abord veiller au bon respect de la légalité et organiser correctement le protocole de dissolution et de substitution.
En qualité de membre de ce Board, et de l’AFC, (Imago étant précédemment hébergée rue Francœur par l’AFC), j’ai été particulièrement vigilant dans ce domaine. Se greffait sur ce changement de statuts, l’offensive " mondialiste " de certains membres qui proposaient qu’Imago ne soit plus uniquement européenne et que les membres venant des autres continents acquièrent le statut de membre actif, donc le droit de vote. Ensuite, un autre problème récurrent, l’habituel serpent de mer, à savoir : un membre de l’association peut-il être rémunéré pour une tâche effectuée pour l’organisation ?

La jurisprudence de l’AFC ayant été de toujours refuser l’octroi de ce genre d’avantages, nous nous y sommes toujours opposés. Ce problème étant lié à la gestion du site Internet, plusieurs propositions de modernisation se sont retrouvées en lice. Sans résultat évident.
Autre proposition importante : la tenue de la IAGA une année sur deux à Plus Camerimage et ses conséquences budgétaires. Enfin, les diverses communications émanant de sociétés qui se réveillent quelques jours seulement avant l’événement. Et pour couronner le tout : l’établissement du budget, supervisé par Paul René Roestad, FNF, le " Monsieur Sagesse " du Board. Tout cela pourrait paraître simple mais se révèle être, à la longue, une petite guérilla quelque peu épuisante.

Enfin, ce Board se réunit la veille de la IAGA pour en " peaufiner " le contenu.
C’est encore un autre genre de petite guérilla, avec ses luttes d’influence, sur laquelle je ne m’étendrai pas car ce n’est que la continuité du débat précédent.
Ce que je peux dire, c’est que cette journée de Board du jeudi a été formidablement organisée par l’AFC qui avait détaché un jeune régisseur adjoint, Kilian, en tâche de répondre à nos demandes tant bureautiques que substantielles, tout en accueillant les délégués qui arrivaient les uns après les autres et qu’il fallait souvent, comme toujours, prendre par la main. Et là, on a assuré.

- Pour la puissance invitante, l’AFC en l’occurrence, il fallait d’abord trouver où loger ensemble tout ce petit monde (60 personnes), et ce dans les meilleures conditions. C’est Robert qui, dès septembre, négocia, « comme là-bas, dis… ! » avec le Marriott Rive Gauche, un tarif défiant toute concurrence. Et notre Mathilde prit efficacement le relais.
La Commission du Film Ile-de-France, par l’entremise de Safia Lebdi sa présidente et sous l’autorité de son directeur Olivier-René Veillon, mit à notre disposition une salle pour la tenue de l’AG proprement dite. Cette salle se trouvait à la Cité Universitaire, à l’intérieur du périmètre du Salon des tournages (location expo). Ils offraient en plus les repas du midi et du soir. Merci encore à Olivier-René, Stéphane, Yann et toute l’équipe qui nous ont offert une journée formidable, en espérant pouvoir bientôt collaborer de nouveau avec eux. C’est une équipe de parole et de confiance.
Je revois encore tous nos invités arrivant le matin à la Cité internationale universitaire de Paris, surpris de se retrouver au beau milieu d’un tournage ou même encore, le midi, tous ces chefs op, mêlés aux jeunes étudiant(e)s de la Cité universitaire, leur plateau à la main, suivre, souriants, la file du restau U. Ni Robert ni moi ne sommes sur la photo de groupe, prise rapidement à l’extérieur, pendant que nous cherchions comment fermer la salle pour protéger leurs petites affaires pendant leur absence. Ils ne nous ont pas attendus. Les ingrats. C’est peut-être la faute au grand froid… ?

Après un petit discours de bienvenue de Caroline Champetier, notre présidente, la IAGA en elle-même a suivi l’agenda prévu.
Tout d’abord l’approbation des comptes 2011 et des minutes de l’AG de 2011, puis la dissolution de l’ancienne Imago, le vote sur le transfert des avoirs vers la nouvelle et l’approbation de ses statuts. Imago est à Bruxelles, maintenant. Le projet de budget pour 2012 a engendré une proposition de hausse des cotisations de 20 à 22 euros annuels per capita, à accepter par le bureau de chaque pays, membre actif.
Le Bureau actuel a été reconduit, enrichi d’une présence féminine en la personne de Birgit Gudjonsdottir, BVK. Les membres associés se sont vus refuser l’accès à ce Bureau, qui de toute façon, en vertu des statuts, est réservé aux membres actifs.
Les différents comités ont exposé leurs activités dont les résultats du fameux " Questionnaire " sur les conditions de travail, au sujet duquel notre collègue Robert a émis quelque réserve. La décision sur le site Internet a été reportée. Statu quo habituel.
Jarek Szoda, PSC, a proposé de donner un label " Imago " aux salles de projection respectant les normes de qualité pour l’image et le son. Affaire à suivre.
Marek Jicha, ACK, a présenté un protocole très séduisant concernant les travaux de restauration des films, sujet sur lequel on pourra s’étendre une autre fois.

Rassurez-vous, il y eut quant même quelques instants de détente et de convivialité. Et dans ce domaine, nos " voyageurs " ont été plus que gâtés. Et cela grâce aux membres associés de l’AFC qui ont répondu présents pour célébrer cet événement. Tout d’abord K5600 et Transvideo qui ont organisé le jeudi soir un pot dinatoire de bienvenue au Marriott. C’était chaleureux et sympa, et ceux qui ont pu assister à la discussion entre Jacques Delacoux et Jean-Pierre Beauviala, ou échanger des idées de lumière avec Marc Galerne, ont pu se rendre compte du " génie " de notre pays.
En tout cas, nos invités, à part deux ou trois qui se sont perdus (il faut vraiment les tenir par la main !) étaient ravis de cette mise en bouche. Le vendredi soir, cocktail au Salon des tournages puis repas très sympathique offert par la Commission Film Ile-de-France.

Le samedi, après un petit travelling en autobus à travers un Paris frais mais ensoleillé, c’était l’arrivée au Micro Salon pour la Carte blanche à Imago. Je me souviens, en CA, quand on a débattu de cette idée de Carte blanche, Pierre-William m’avait dit : « Tu vas te retrouver tout seul ; si c’est bien, c’est eux, si c’est pas bien, c’est toi ! ». J’ai suivi son conseil et ai prévu le coup en attaquant le tournage d’un film à durée modulable.
Pas mal de boulot mais édifiant quant à son contenu. Nigel Walters m’a soutenu pendant le tournage dans les interviews en anglais et pour la postprod à Londres. Panavision Paris et UK ont été d’un grand secours en mettant à ma disposition des caméras F3 XDCAM-EX par l’entremise de l’équipe AFC (bisous !). Marc Galerne a encore mis la main à la poche pour " les petits frais ". Kommer Kleijn, pour le Comité technique, Tony Costa pour celui des conditions de travail et Jan Weincke pour les master classes ont pu éclairer certains thèmes abordés dans le film pendant une séance de réponses sans questions.
La conseillère juridique en droits d’auteurs d’Imago a boudé, c’était prévisible, et peut-être tant mieux pour nous. J’avais pu, in extremis, battre le rappel d’associations dont j’étais proche, pour qu’elles apportent leur bande démo : Australie, Canada, Danemark (associations sympas et sérieuses qui nous ont offert des images venues d’ailleurs). Je les remercie au passage. Je ne remercierai pas celui qui était en charge au préalable d’informer toutes les associations sur ce sujet. Avec quelques mots préliminaires d’acteurs " historiques " d’Imago : Pierre Lhomme, notre président d’honneur, et Luciano Tovoli, AIC, père spirituel du projet. Nous avons pu faire une Carte blanche qui tenait debout.
Et j’ai vu des copains AFC et bon nombre d’invités étrangers ravis de comprendre enfin ce qu’était " théoriquement " Imago.

Après le buffet offert par notre associé Emit, nos collègues étrangers n’ont eu que trois heures pour visiter le Micro Salon et visionner les essais projetés dans la salle Jean Renoir. Il y avait parmi eux beaucoup d’" Aaton addicts " qui se sont régalés avec les images de la Penelope-Delta tournées, en avant-première, par Caroline (ah la veinarde !) et qui en redemandent encore…
Nous ne nous gênerons pas pour les tenir constamment informés de la progression des essais que j’espère l’AFC pourra effectuer dans les semaines à venir. Philippe Ros, membre du Comité technique d’Imago, s’est aussi taillé son petit succès avec son brillant exposé bilingue pour HD Systems.

Je tiens à saluer au passage, Alan Lowne et Ronnie Prince, du British Cinematographer, qui ont publié une " Letter from France " à l’occasion du Micro Salon.

Notre ami Eric Guichard avait concocté la " surprise " finale. Je tiens à signaler au passage l’énorme travail accompli par Eric. Je ne sais pas où il va trouver cette énergie. Mais piloter Micro Salon et IAGA, c’est un boulot colossal, même s’il est épaulé par une équipe formidable. T’es costaud Eric, et on tient à toi, alors ménage-toi un peu, délègue et fais confiance aux copains.
Ce " plus beau travelling du monde/surprise " en l’honneur du 20e anniversaire d’Imago s’est déroulé, de nuit, sur la Seine. On aurait dit que les quais de Paris avaient été éclairés spécialement en cette occasion. Il est vrai qu’il y avait une belle brochette de " gaffers " à bord du bateau-mouche.
Arri & Codex, Digimage Cinéma, Lee Filters, Maluna Lighting et Thales Angénieux nous ont offert cette super balade sur la Seine. Nos invités en ont pris plein les mirettes. Encore merci à ces fidèles et talentueux membres associés de l’AFC. On ne pourrait décidément rien faire sans eux !

Nos amis " voyageurs " sont aussi les ambassadeurs de leurs pays. Ce qu’ils ont vécu et pu observer de la dynamique de l’AFC, du Micro Salon et de notre industrie est en parfaite symbiose avec la période actuelle, si " faste " pour un cinéma français, récipiendaire de nombreuses récompenses dans la plus plupart des grandes manifestations internationales. Il faudra peut-être penser à pérenniser ces acquis par une " Lettre " internationale en anglais ? Une " niouze-letteure " ?

L’AFC avait invité Alfredo Altamirano à se joindre à la fête. Nous avons montré, depuis, notre solidarité avec ce jeune collègue mexicain menacé d’expulsion de notre territoire. C’est tout à l’honneur de l’AFC et des membres signataires de la pétition.

Encore merci, de la part d’Imago, à Mathilde, Claire, Nicolas, Kilian et à tou(te)s celles et ceux que j’ai oubliés.
Et, on ne le répètera jamais assez, à tous les membres associés " sponsors " de l’AFC pour leur habituel et infaillible soutien.