Bye Bye Willy, nous ne t’oublierons pas, impossible !

Par Jean-Louis Nieuwbourg, directeur de production

Contre-Champ AFC n°360


Et le temps où tu disais : « Gaz ! », un bandana vissé sur ton front, retenant tes cheveux longs tel un chef indien prêt à défendre tes équipes, ton territoire, et la qualité du film en cours, maîtrisant ton destrier, ton cheval de fer, pour aller rejoindre un plateau de tournage, les équipes de tournage, ceux qui font le cinéma, des centaines, et toute ta bande, pour n’en citer que quelques-uns, souvent Michel Galtier, la caméra à bout de bras, des heures durant, tout restera gravé à tout jamais dans nos mémoires.
Comme d’autres au sein de l’AFC, pour obtenir la meilleure image, la bonne lumière, les meilleurs mouvements de caméra, les meilleures focales, à l’époque les dernières émulsions de pellicule Fiaji, tu n’hésitais pas à mettre la production, toutes et tous à l’épreuve pour servir le film aux côtés de l’équipe image. Combien de fois, avons-nous dû appeler Gérald Fievet dans la nuit pour plus de pellicule, aussi le jour où Didier Diaz, un dimanche sur le toit de la Grande Arche de la Défense, venu en urgence, sortit ses tournevis pour réparer lui-même des projecteurs défectueux à améliorer, aussi le jour ou sur un film de Vadim, à 20h30, tu demandais d’obtenir l’autorisation de mettre des 12 kW Fresnel pour le lendemain à 7 heures du matin dans quatre ou cinq jardins voisins jouxtant la maison dans laquelle nous tournions. Curieusement, il y avait toujours un challenge, et finalement c’est bien ce que nous avons toujours aimé.
La joie, le partage, la fierté d’y être arrivé, un peu comme un combat gagné ensemble pour le cinéma.
A cette époque, tu avais les meilleures équipes, celles qui rivalisaient avec l’excellence, la barre était très haute. Et le résultat à la hauteur de tes attentes, et de celles des réalisateurs avec lesquels tu travaillais.
Parfois, tu poursuivais des chimères, et nous étions toujours là. Rarement, nous résistions à tes ardeurs mais tu le prenais bien, surpris, un rictus au coin des lèvres.
Grâce à toi, nous avons pu conquérir quelques lettres de noblesse, et acquérir une légitimité avec les départements de l’image, de l’électricité, de la machinerie, aussi les arcanes de la postproduction image.
Sur cette photo, tu étais plus jeune, mais tu n’as jamais vraiment changé, tel "un combattant du crépuscule", au grand cœur, la larme à l’œil parfois, un rire inextinguible, ta marque de fabrique, avec la rigueur et l’excellence. Tout avait un sens Politique, Artistique, Émotionnel sans être un étendard pour autant. Tu savais susciter l’émotion, la joie, le partage, transmettre ta passion (AFC-FEMIS-CST) et le plaisir de « faire du cinéma » !
Il n’y avait jamais d’entre-deux avec toi, ou l’on t’aimait ou l’on te détestait, tu aimais, tu combattais avec tes armes, la plume et la caméra ...
Mais, avant tout, tu savais aussi composer avec les autres "chefs de bande", tel Didier Diaz, et apporter le plus inattendu aux œuvres cinématographiques …
Salut l’Ami de cœur, de cinéma, l’Ami fidèle, parfois mentor, toujours amical et guerrier !