Charles Bitsch, l’homme à qui l’on doit ses premières

Par Jean-Noël Ferragut, AFC
Cinématographiquement parlant, Charles Bitsch a été l’une des toutes premières personnes qu’il m’a été donné de rencontrer. Il fut l’un de mes professeurs ou plus exactement, chose courante aujourd’hui comme hier, l’un des professionnels intervenant dans une école de cinéma, qui préparait, elle, à "Vaugirard" et l’Idhec – nous sommes en 1967-1968.

Charles enseignait aux côtés, entre autres, du réalisateur, critique et historien du cinéma Noël Burch (auteur d’Une praxis du cinéma), du critique aux Cahiers du cinéma et cinéaste Jean-André Fieschi (Pasolini l’enragé pour la série "Cinéastes de notre temps"), et du directeur de la photographie Georges Lendi (Le Sabotier du Val de Loire, de Jacques Demy ; Cousin cousine, de Jean-Charles Tacchella). Si Luc Béraud, Patrice Leconte et Bruno Nuytten lisent ces lignes, ils se le remémoreront puisque nous y avons découvert ensemble, et qu’ils nous l’ont appris, le b a-ba du cinéma.

Cette période restant vague car relativement lointaine, des souvenirs plus proches et précis reviennent à ma mémoire. Ils remontent à une vingtaine d’années plus tard, en 1985, quand Charles fait appel à moi, je ne sais plus par quel effet du hasard, pour me proposer un téléfilm – une grande première non dénuée d’une certaine appréhension – qu’il s’apprête à réaliser pour la série "Cinéma 16", L’Homme des couloirs.
J’ai le souvenir d’un réalisateur certes assez "classique" mais particulièrement précis, d’un être ouvert et chaleureux envers les membres de son équipe – d’autant plus que le tournage avait lieu dans un "château" planté au beau milieu du Beaujolais –, se délectant à diriger un trio de tout jeunes premiers que formaient à l’époque Pierre Dux, Hubert Deschamps et Paulette Dubost ! Beaucoup de scènes d’intérieur et de nuit, illuminées de ces visages septuagénaires pour le moins burinés mais ô combien photogéniques, prenant la lumière de façon telle que c’en était un régal pour l’opérateur de service…

Merci Charles pour ce plaisir partagé et, puisque de "petit beaujolais" il a été sous-entendu, santé dans l’au-delà !