Cinéma français

éditorial

La Lettre AFC n°140

Cette juridiction a annulé, le 25 novembre, l’agrément accordé par le CNC au film de Jean-Pierre Jeunet Un long dimanche de fiançailles, produit par une filiale française de la Warner.
Ainsi, ce film à très gros budget (45 millions d’euros), tourné en France et en français, n’aurait pas accès au compte de soutien à la production, aide publique a posteriori, calculée en fonction des résultats du film en salles et permettant au producteur de financer un nouveau long métrage. Le CNC a décidé de faire appel de ce jugement.
Les professionnels sont très divisés. Les grandes sociétés (UGC, Gaumont, Pathé et MK2), qui sont à l’origine de la procédure, redoutent que les Américains ne financent les gros films français, qu’elles sont, aujourd’hui, seules à pouvoir produire. A l’inverse, les réalisateurs, les auteurs et, surtout, les représentants des industries techniques militent en faveur d’une ouverture " encadrée " du système, afin de favoriser les tournages en France. [...] Du point de vue des industries techniques françaises, Un long dimanche de fiançailles a déjà le mérite d’avoir apporté un très gros contrat au laboratoire Eclair et d’avoir permis à la société d’effets spéciaux Duboi de ne pas déposer son bilan. [...]
La bataille juridique déclenchée autour du film de Jeunet met en lumière la nécessité d’adapter le dispositif français d’aide au cinéma. [...]
En outre, le moment où la France négocie difficilement à l’Unesco, avec les Etats-Unis, un projet de convention sur la diversité culturelle n’est pas le mieux choisi pour faire preuve de protectionnisme.
Le CNC a raison de ne pas abandonner la partie qu’il a engagée. Le gouvernement doit entreprendre de clarifier et de simplifier les normes de la production à la française.