Claude Faraldo, personnage atypique
par Armand Marco
C’est avec tristesse que j’ai appris, début février, sa disparition.
Personnage atypique, autodidacte, il occupe une place à part parmi les cinéastes français. Claude aimait rappeler qu’il avait dû, très jeune, travailler dur pour gagner sa vie.
En 1971, j’avais été frappé par l’étonnante liberté de ton de son film Bof… Anatomie d’un livreur, nourri de son expérience personnelle, dans lequel il fait un éloge du droit à la paresse.
Puis vint Themroc, OVNI anarchiste, dans lequel Michel Piccoli incarne un personnage révolté, ne s’exprimant que par cris et onomatopées qui finit par entraîner tout son voisinage dans une furie destructrice.
« Avec Themroc, j’ai voulu faire un film qui soit seul et n’amène aucune analogie, c’est pourquoi il n’y a pas dedans de langage », confie-t-il à Jean Roy dans un entretien pour L’Humanité.
Claude Faraldo a su s’emparer avec énergie des outils du cinéma, pour s’exprimer. Il était conscient de la chance qu’il avait eu de pouvoir réaliser un premier film et toute sa vie, avec une volonté féroce, il s’est battu pour continuer.
J’ai rencontré Claude en 1974. Il me proposa de travailler avec lui sur un film documentaire Tabarnac, nous devions suivre un groupe de rock québécois " Offenbach " durant sa tournée en France. Cette aventure tumultueuse commune dura cinq mois.
Claude préparait ses films avec méthode, tout comme il choisissait l’équipe pour l’accompagner, acteurs et techniciens. Il avait besoin d’être en toute confiance pour travailler avec quelqu’un, il marchait au coup de cœur.
Je l’ai retrouvé après plusieurs années pour collaborer sur deux autres films La Chaîne (TV) et Les Jupons de la Révolution : La Baïonnette de Mirabeau (TV).
Je me demande s’il serait encore possible aujourd’hui de produire un film comme Themroc ?
Quel effet produirait-il ?
Je pense avec émotion à son fils Jules, à Évelyne, Latifa et ses jeunes enfants.