Décès du directeur de la photographie Romain Winding, AFC (1951-2023)

Contre-Champ AFC n°346

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Avec la disparition du directeur de la photographie Romain Winding, jeudi 20 juillet 2023, l’AFC perd une de ses figures les plus attachantes. Âgé de 71 ans, il s’est éteint dans la maison qu’il occupait à Chambonas (Ardèche). Pendant presque 30 ans, Romain aura photographié avec élégance, sensibilité et simplicité, une soixantaine de longs métrages et téléfilms. Nous retraçons ici son parcours.

Né le 25 décembre 1951 à Boulogne-Billancourt, d’un père lui-même directeur de la photographie, Andreas Winding* (1928-1977), et d’une mère cheffe monteuse, Geneviève Winding (1927-2008), Romain Winding débute en 1971 en tant que stagiaire au côté de son père Andreas, sur Le Temps d’aimer, de Christopher Miles, et Paulina 1880, de Jean-Louis Bertuccelli, puis devient son deuxième assistant sur Le Trio infernal, de Francis Girod (1974), Sept morts sur ordonnance, de Jacques Rouffio (1975) et L’Imprécateur, de Jean-Louis Bertuccelli (1977).

Tournage de "Paulina 1880" - De g à d : Romain Winding, Andréas Winding (directeur de la photographie), Jean Harnois (cadreur) et le réalisateur Jean-Louis Bertucelli, de profil, discutant avec un acteur en costume
Tournage de "Paulina 1880"
De g à d : Romain Winding, Andréas Winding (directeur de la photographie), Jean Harnois (cadreur) et le réalisateur Jean-Louis Bertucelli, de profil, discutant avec un acteur en costume


Il passe au poste de premier assistant opérateur, toujours au côté de son père, sur Néa, de Nelly Kaplan (1976). Assistant de Bruno Nuytten sur Les Sœurs Brontë, d’André Téchiné (1979), et French Postcards, de Willard Huyck (1979), il est encore l’assistant de Bernard Lutic sur Laisse-moi rêver, de Robert Menegoz (1979), puis passe au cadre avec lui sur La Femme de l’aviateur (1981) et Le Beau mariage (1982) d’Éric Rohmer, pour l’assister de nouveau sur Coup de foudre, de Diane Kurys (1983), et Dandin, de Roger Planchon (1988). Il opère également au cadre au côté de Robert Alazraki, AFC, sur Liberty belle, de Pascal Kané (1983).

Après avoir signé, en 1987, les images d’une coproduction franco-turque (Les Rescapés de la pluie, de Yavuz Özkan), Romain Winding aborde la fiction et sa carrière de directeur de la photographie en 1988 auprès de Jean-Claude Brisseau sur De bruit et de fureur, le premier des cinq films qu’ils tourneront ensemble. Il travaillera par la suite aux côtés de réalisateurs tels que, pour ne citer que certains d’entre eux, Pascal Kané, Christian Vincent, Christine Lipinska, Romain Goupil, Bernard Stora, Bernard Rapp, Antoine Santana, Safy Nebbou, Wadji Mouawad, Niels Arestrup, Malik Chibane, Pascal Bonitzer, Patrick Rotman, Agnès Obadia ou encore Dany Boon.
En 1997, après avoir fait la rencontre de Benoît Jacquot, il tourne avec lui Le Septième ciel, entamant une collaboration de sept films qui prendra fin avec Journal d’une femme de chambre, en 2015, dernier film d’une carrière longue d’une soixantaine de longs métrages et téléfilms qu’il aura photographiés pendant plus d’un quart de siècle.

Le travail de Romain Winding est récompensé, en 2009, d’un double Prix de la Meilleure photographie au Festival international de la Création Télévisuelle de Luchon pour Le Choix de Myriam, de Malik Chibane, et Revivre, d’Haïm Bouzaglo, et, en 2013, d’un César de la Meilleure photographie pour Les Adieux à la reine, de Benoît Jacquot.

 Romain Winding, réglant un plan au viseur de champ avec Benoît Jacquot et Diane Kruger sur "Les Adieux à la reine" - Photo Carole Béthuel, PFA
Romain Winding, réglant un plan au viseur de champ avec Benoît Jacquot et Diane Kruger sur "Les Adieux à la reine"
Photo Carole Béthuel, PFA


Voir un entretien filmé avec Romain Winding publié sur la chaîne Vimeo de L’Académie des César à l’occasion de sa nomination pour Les Adieux à la reine.

Passionné par son métier, Romain Winding prenait un soin particulier à travailler la lumière, en premier lieu celle qui éclaire les visages – des actrices comme des acteurs. Il ne pouvait travailler qu’en établissant une confiance avec les comédiens qu’il mettait en lumière. Fervent pratiquant de la lumière dite "anglaise", il aimait doser, avec savoir et sensibilité, grosses sources en contre-jour et réflexions douces. Film après film, Romain a toujours montré une inclination pour une forme de naturalisme stylisé, appuyant plus ou moins ses effets dans la limite autorisée par le sujet, et nuançant sa palette en allant du chatoyant mordoré au gris froid et métallique. Un vrai talent à trouver un juste équilibre dans cette part d’esthétique qu’autorise toute fiction.
Pour évoquer ses nombreuses qualités, humaines comme artistiques, on pourra citer : l’élégance, la délicatesse, la douceur, la finesse, la discrétion, le calme, la concentration, l’exigence, la rigueur, la bienveillance, l’attention aux autres.

Romain était membre de l’AFC depuis mars 1992. Au nom de l’association, il avait fait partie du jury de la Caméra d’or au Festival de Cannes en 2005.