"Evgenia Alexandrova, lumière plastique", à lire dans les pages des "Cahiers du Cinéma"
Lauréate 2024 du Prix de la Jeune technicienne de la Commission supérieure technique de l’image et du son (CST), Evgenia Alexandrova partage son parcours de cheffe opératrice aux longs métrages particulièrement éclectiques, des Femmes au balcon (en salles ce mois-ci) au très beau documentaire Machtat, de Sonia Ben Slama, ou au prochain film de Kleber Mendonça, Filho, prévu pour 2025.
Quel a été votre parcours avant d’arriver au long métrage ?
Je suis née et j’ai grandi à Saint-Pétersbourg. J’avais fait des études de commerce et suis venue à Paris pour faire mon master à l’ESSEC, puis travailler pour un grand groupe ; mais j’ai très vite compris que je ne voulais pas faire ça. J’avais encore 22 ans, je pouvais tenter autre chose. J’ai toujours eu une passion pour le cinéma, mais le métier semblait totalement inaccessible. En France, ça semblait tout à coup possible. J’ai réussi à rentrer à La Fémis après deux tentatives. Ensuite, j’ai fait un peu d’assistanat, mais j’ai privilégié la chefoperie sur des courts métrages.
Pourquoi choisir ?
Le tournage d’un court peut être bref, mais ça implique trois semaines de préparation, très vite on se retrouve à devoir refuser l’appel des équipes de longs métrages avec qui on travaille en assistanat. Aussi, vous êtes très vite classée sur l’un des deux parcours. Et ce n’est pas le même métier. À la limite, je trouve plus logique de devenir chef opérateur après avoir été électro qu’après l’assistanat.

Le premier film de Noémie Merlant, Mi iubita, mon amour, marque aussi vos débuts sur long métrage. Comment vous avait-elle repérée ?
Pour son court métrage Shakira, elle avait travaillé avec Raphaël Vandenbussche, chef opérateur de La Fémis. Mais là elle allait filmer dans une famille de Roms qui ne voulaient pas d’hommes à la maison, et Raphaël lui a donné mon contact. Puis j’ai travaillé sur Sans cœur, de Nara Normande et Tião. Le budget était réduit, on tournait avec des adolescents et des acteurs non professionnels, tout était filmé à l’épaule, ce côté très artisanal m’a beaucoup plu. Mon expérience dans les courts métrages, où l’on traverse beaucoup de galères, m’a énormément aidée. On a utilisé une Alexa Mini, puis on a beaucoup travaillé le grain avec mon étalonneur habituel, Vincent Amor, ce qui donne au film une texture presque argentique. C’est quelqu’un qui n’a pas peur de bousculer mes images, de me montrer des choses que je n’avais pas vues.
On imagine souvent le contraire : le chef op qui n’aime pas qu’on vienne manipuler son travail.
J’ai l’horreur de la maîtrise absolue. Ce n’est pas organique, ce complexe de dieu, et réduit la place réservée au hasard, à la possibilité du monde de s’exprimer à travers votre travail. [...]
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(Avec l’aimable autorisation des Cahiers du Cinéma)