Gérard Simon, AFC parle de son travail avec les Optimo 24-290 et 17-80 mm d’Angénieux sur "Loup" de Nicolas Vanier

par Angénieux La Lettre AFC n°193

Comment s’est décidée votre collaboration avec Nicolas Vanier ?

Je venais de tourner le film de Luc Jacquet, Le Renard et l’enfant, qui relève du genre qu’on pourrait appeler une " fiction à forte participation animalière ", et Nicolas, qui venait du documentaire, (son précédent film, Le Dernier trappeur est plutôt une docu-fiction) avait besoin, je pense, pour un projet un peu semblable à celui du Renard d’un opérateur plutôt rompu à la fiction (Loup est une fiction dialoguée avec comédiens) pour compléter son équipe.

Nicolas Vanier, à gauche, et Stéphane Paillard, 1<sup class="typo_exposants">er</sup> assistant opérateur - Sur le tournage de <i>Loup</i> (Crédit Stéphane Paillard)
Nicolas Vanier, à gauche, et Stéphane Paillard, 1er assistant opérateur
Sur le tournage de Loup (Crédit Stéphane Paillard)


Quelles ont été vos motivations à travailler sur Loup  ?

La rencontre avec Nicolas Vanier a été déterminante, son enthousiasme, sa détermination, et sa très grande expérience du grand Nord. Le scénario proposait une suite de gageures très excitantes : un tournage dans un milieu très singulier (Sibérie en hiver, parmi les Évènes, nomades éleveurs de rennes ) mais aussi de faire un vrai film de fiction avec des moyens techniques habituels sous nos latitudes (grue, Hot Head, trucages nombreux) avec des comédiens. Il y avait aussi les conditions de l’" aventure ", des conditions de vie sur place assez précaires dans un environnement relativement hostile et très inhabituel pour moi.

Quels défis avez-vous eu à relever ? Quelles contraintes avez-vous eues à gérer ?

Le vrai défi était bien sûr, un tournage avec les moyens et les exigences de la fiction réalisé sous très basses températures (nous avons tourné jusqu’à – 49 °C) dans un endroit très reculé (nous étions à 9 heures d’avion de Moscou, 6 heures de piste de la prochaine ville, Iakustk, sans aucune assistance technique possible.

Stéphane Paillard et le zoom 24-290 mm Angénieux Optimo - Crédit Stéphane Paillard
Stéphane Paillard et le zoom 24-290 mm Angénieux Optimo
Crédit Stéphane Paillard


En quoi les zooms Angénieux ont-ils répondu à vos attentes ?

Nous savions qu’un film tourné presque uniquement en extérieur, avec des animaux (loups, rennes, etc.) nécessitait absolument d’avoir des zooms afin d’être souples sur les possibilités de cadrage. Nous avons donc choisi les deux zooms Optimo Angénieux 17-80 et 24-290 mm, tout en sachant qu’un zoom dans les grands froids, par rapport à une focale fixe, avait beaucoup plus de chances de " geler " à cause de ses plus nombreux mécanismes de transport des lentilles. Une préparation spécifique avec des graisses fines menée par Fred Lombardo chez Cinécam nous a permis de pallier ces inconvénients et je me souviens que, sur 9 semaines de tournage d’hiver, le 24-290 s’est grippé à une seule reprise, ce fameux jour à – 49 °C , où le vent s’étant mis de la partie, la température ressentie devait avoisiner les – 60 °C ! Pour l’anecdote, il y avait, à 150 km du lieu de notre tournage, la bourgade qui détient le record mondial de froid pour une zone habitée : on y a relevé – 71,2 °C... Une petite couverture chauffante a vite remédié au problème.

Depuis quand travaillez-vous avec des optiques Angénieux ?

J’ai l’impression de travailler depuis toujours avec des zooms Angénieux. Après mes études à l’Ecole Louis-Lumière, les circonstances m’ont fait travailler pendant une dizaine d’années sur des grands reportages pour la télévision (Magazine 52, Panorama). A l’époque, nous tournions en 16 mm inversible avec des Eclair et plus tard des Aäton et les zooms 12-120 et 9,5-57 mm Angénieux étaient quasiment " collés " aux caméras (ainsi d’ailleurs qu’un petit 10 mm très compact qui ouvrait à T 0,75 et qui était de marque... Angénieux !). Après, quand j’ai travaillé en 35 mm pour la publicité ou le long métrage, le 25-250 mm HR ou HP Angénieux était LE zoom que nous choisissions.

Avez-vous d’autres projets de tournages avec des zooms Angénieux ?

Je tourne en ce moment le prochain film de Jean-Pierre Améris Les Emotifs anonymes avec Isabelle Carré et Benoît Poolvoerde où nous utilisons conjointement une série Cooke S4 et un 24-290 mm Optimo qui " matchent " parfaitement.

Stéphane Paillard, 1er assistant opérateur du film Loup (et précédemment du dernier film de Nicolas Le Dernier trappeur), a été amené à préparer les caméras et optiques pour les conditions de grand froid.

« Les zooms 17-80 et 24-290 mm ont d’abord été testés dans des enceintes grand froid, à – 25 °C et – 50 °C. La bague de point a été dégraissée sur le zoom x12. Ces optiques se comportent très bien à ces températures jusqu’à – 30 °C. Cette température est une " barrière " pour les métaux et engrenages.
Il a fallu, par différents procédés (housses chauffantes spécialement conçues, chaufferettes électriques, groupe électrogène), réchauffer le matériel pour ne pas descendre en dessous, et garder la fluidité " acceptable " pour la majorité des plans. Les bagues de diaph et de zoom durcissent plus rapidement que celle du point ».