Hélène Louvart, AFC, à l’honneur dans le quotidien cannois du "Film français"

Le Quotidien gratuit du Film français publie, dans son n° 27 - 24 mai 2022, une pleine page consacrée, dans un entretien-rencontre, à la directrice de la photographie Hélène Louvart, AFC, à son parcours, sa façon de travailler, son style, sa rencontre avec Léonor Serraile pour Un petit frère et sa façon d’aborder l’image du film. En voici quelques extraits.

Ayant signé les images du deuxième long métrage de Léonor Seraille Un petit frère, présenté en Compétition officielle, elle a toujours alterné les films d’auteurs et ceux de cinéastes confirmés, effectuant une grand partie de sa carrière à l’international.

On remarque dans votre filmographie des collaborations sur beaucoup de premiers films mais pas uniquement. Comment résumer la tendance générale de votre parcours ?
J’ai toujours un peu alterné entre le fait de travailler sur des premiers films pour enchaîner ensuite sur ceux de réalisateurs plus confirmés. Avec ces derniers on a des échanges quasiment d’égal à égal. Sur les premiers films on donne parfois plus, car cela représente une nouveauté, donc cela amène de la curiosité. Mais on reçoit également différemment.

Et vous avez fait aussi beaucoup de documentaires. Cela influe-t-il sur votre façon de travailler la fiction ?
Oui absolument. Et quand je le peux je continue d’ailleurs à travailler sur des documentaires. J’aime beaucoup car cela apprend à être malléable, à filmer d’une manière fluide. Et cela oblige aussi à une certaine autonomie. Lorsqu’une équipe est beaucoup plus conséquente autour de moi cette pratique du documentaire me permet de garder une vraie souplesse dans ma manière de travailler. Par ailleurs j’ai travaillé à une époque sur beaucoup de documentaires de danse. Prendre en compte la synergie des déplacements a influencé ma manière de cadrer. D’autant que tout déplacement sur un plateau s’apparente à une sorte de chorégraphie. Cela m’a appris à pouvoir anticiper les déplacements ou au contraire prendre un peu de retard afin que ce soit le personnage qui guide le cadre. Cela m’a extrêmement marqué et je le garde toujours en moi. [...]

Vous avez signé l’image du deuxième long métrage de Léonor Seraille, Un petit frère. Comment s’est faite votre rencontre ?
Notre rencontre s’est faite par Skype, après la lecture de son scénario. Ma première question avait été de savoir pourquoi elle ne travaillait pas avec Émilie Noblet, la cheffe opératrice de son film précédent car j’avais trouvé l’image de Jeune femme très belle. Je ne voulais absolument pas prendre la place de quiconque, surtout pas pour des raisons de production, sous prétexte que le film est mieux financé, alors on se permet de changer d’équipe, car les challenges sont plus importants. Elle m’a tout de suite dit que son opératrice n’était tout simplement pas disponible et qu’elles avaient ensemble pensé à moi. Donc cela a été très clair dès le début.

Qu’est-ce qui vous a convaincu de la rejoindre sur le film ?
J’ai lu le scénario, que j’ai trouvé très profond. Et en parlant avec Léonor, j’ai compris qu’elle a en elle une sincérité qui me plaît beaucoup. Elle n’essayait pas de vendre sa position de réalisatrice, seule- ment de lancer une collaboration pour pou- voir aller loin dans le projet. Elle le portait en elle et cherchait quelqu’un pour l’aider à le faire aboutir. Même si elle avait encore des questionnements, elle était prête à le partager avec moi.

Quelles étaient ses demandes sur le film ?
Plutôt que de travailler sur l’image ou le découpage, notre collaboration est passée essentiellement par le biais du scénario. Elle me l’a beaucoup expliqué, nous avons énormément parlé autour des scènes. Puis l’image est arrivée d’elle-même. Nous avons compris qu’il fallait qu’elle soit lumineuse, ce qui ne veut pas dire claire et surexposée. L’image devait être le contre-pied de moments un peu drama- tiques, que cela soit même un peu onirique par moments. Léonor a une personnalité très intuitive et n’a pas peur. Moi non plus. C’était très plaisant.

Propos recueillis par Patrice Carré, publiés avec l’aimable autorisation du Film français.