Hommage de Zabou Breitman

par Dominique Chapuis La Lettre AFC n°105

Il est arrivé, avec sa moustache, à Londres. Je ne connaissais pas Dominique. A peine vu quinze ans plus tôt. On a pris un thé anglais, avec du lait anglais et du sucre. J’aime bien certains verts. J’en cherchais un en particulier. Et Dominique s’est intéressé. Comme il peut s’intéresser à tout ce qui intéresse l’autre, tout ce qui permet un lien, un discours. Là c’était le vert. Vert pâle, vert d’eau, vert bouteille ? Non... pas si... vert anis, vert printemps, vert pomme, vert gris ? Non. Bleu-vert, vert tendre... Non pas exactement. Je ne trouvais pas la teinte. Plus... moins... « Vert comme ça ? » Dominique me montrait le sachet de sucre de notre thé anglais, d’un vert indéfinissable.
« Vert comme ça. » J’ai dit. Et j’ai pensé que cet homme-là était, à n’en pas douter, le compagnon de lumière idéal. A cause de ce petit geste délicat, simple, de cette volonté de combler le manque de l’autre à un moment précis. Le premier jour du tournage, Dominique s’est approché de moi « tu vois », il avait ouvert son portefeuille où se cachait, archivé, le petit sachet de sucre vert, « il est toujours là ».

Zabou Breitman