IDIFF 2006 ou l’avenir de la lumière en HD

" compris " par Marc Galerne (K5600), néophyte du numérique

La Lettre AFC n°152

Tous les fabricants de caméras mettent en avant les capacités de leurs caméras à supporter les conditions extrêmes d’éclairage, généralement dans des conditions de lumières naturelles sans projecteurs. De la caméra à la postproduction (étalonnage et effets spéciaux) chacun tente de démontrer à quel point l’essentiel est d’avoir un maximum d’informations enregistrées par le capteur afin de disposer d’un maximum d’information en postproduction. A noter la prestation gênée du représentant anglais d’Arri qui semble lui même partagé entre " vendre " la HD avec la D20 sans trop " écraser " les performances du 35 mm qui reste leur cheval de bataille.

Certes les chefs op’ maintiennent que la lumière est toujours importante mais, il faut avouer que les tests que j’ai vus font craindre une mauvaise compréhension des producteurs et directeurs de prod’ : il faut avouer que l’on peut voir à la " captation " et plus encore à l’étalonnage des images incroyables avec peu de lux.

Outre l’étalonnage qui vous fait passer d’une image plein midi à une ambiance crépusculaire, les effets spéciaux peuvent recréer image par image le faisceau d’un 18 kW à travers une fenêtre. Le danger est que cela paraît très simple et un producteur (mal informé) pourrait influencer un réalisateur (mal informé) en lui promettant un rattrapage en postprod’ (qu’il honorera ou pas) des petits ratés d’un tournage rapide. Ne risque-t-on pas un bâclage du tournage avec une promesse de sauvetage réelle ou non ?

Ce qui est flagrant, c’est la nouveauté de la technologie qui n’est pas encore bien assimilée par un grand nombre (pas seulement moi). Une grande période d’information et de formation s’impose auprès des chefs op’, des réalisateurs et des producteurs exécutifs en particulier et de... tout le monde en général.

L’éclairage pour la HD :

Pas de grandes règles en vue, à part celle qui consiste à dire qu’il n’y en a pas besoin (ou peu) pour les fabricants à part Arri qui se doit aussi de défendre l’éclairage étant également impliqué dans ce domaine et celle qui consiste à dire que ça ne change pas grand-chose à la liste qu’ils font en 35 mm pour les chefs op’. J’ai pas mal discuté avec Daniel Vincelette, un chef op’ canadien de Montréal, qui fait pas mal de tournages en HD et il m’a dit ne pas avoir changé sa liste de manière significative mais qu’il perd moins de temps sur certains plans quand il sait qu’il pourra modifier en postprod’.
Les effets recréés en postprod’ sont impressionnants et semblent longs à réaliser même si l’on a l’impression que c’est à la portée de toutes les productions. Lors d’une conférence, on a pu voir les effets réalisés sur un film sri lankais. La société responsable des effets (pour le moins somptueux) nous expliqua que pour une scène, le technicien s’était " amusé " à faire une vingtaine d’effets sur un même plan. Je sais bien que ce que voulait dire l’intervenant était sous la forme humoristique dans le sens où effectivement le technicien s’était éclaté à outrance sur ce plan. Et c’est vrai que l’on imagine bien ces virtuoses de l’informatique, engagés à fond dans leur passion et ne comptant pas leurs heures pour la joie et la gloire d’avoir participé au dernier film de Spielberg ou de Tim Burton. J’exagère, mais ne risque-t-on pas qu’un producteur puisse en conclure : « Si pour ce film à budget raisonnable, on peut se payer des effets aussi complexes, je peux faire tout chez moi avec le caméscope de la p’tite ! ».

Les questions que m’a inspirées cette manifestation :

  • Comment mettre en évidence à l’intention de la chaîne numéraire (prod’ exécutive) et artistique (réalisateurs) la nécessité de prendre quand même un peu de temps sur le plateau pour l’éclairage et le " grip " ?
  • Comment peut-on collaborer avec vous chefs op’, vous étalonneurs et nous fabricants de matériel de production afin d’éviter la grande incompréhension de la HD ?
  • Comment éviter que la production (matériel et techniciens) ne devienne le fournisseur obligatoire et tout juste toléré d’une image plate et sans âme qui revivra sous la baguette magique de la postprod’ ? La période bleue de Picasso deviendra-t-elle un jour la période rouge ou verte par la volonté d’un imprimeur ?

PS : Le monde change et le vocabulaire aussi : ce que nous appelions des images sont maintenant des fichiers et la prise de vues s’appelle l’acquisition ou encore la captation. Directeur de la photo deviendra directeur de l’imagerie numérique en mode DATA et les assistants caméra, des assistants de captation en 4:4:4 ou 4:2:2 ? Sans parler du " workflow " en 4K, du capteur 16/9 CMOS 1/3 de pouce commutable en DVCAM 4/3... ? Il va falloir s’y mettre !

En attendant, nous allons nous creuser les méninges chez K5600 (on a déjà un nom numérique) pour faire des projos HD. On est même en avance, on est déjà au (Alpha) 4K et bientôt 18K ! Alors...