L’éditorial de novembre 2024, par Nathalie Durand, vice-présidente de l’AFC
"Quel pouvoir donne-t-on aux images ?"J’ai récemment vu Les Graines du figuier sauvage, tourné avec d’immenses difficultés en Iran où la liberté d’expression est sévèrement restreinte, où les femmes subissent au quotidien le joug des ulémas. J’ai été happée par le film, par le combat que mènent les femmes de cette famille. Les actrices et les acteurs sont formidables, le scénario digne du meilleur thriller. L’histoire prenant place au moment des évènements liés à la mort de Mahsa Amini, le réalisateur Mohammad Rasoulof a intégré habilement des images d’archive au récit. Le pouvoir émotionnel des images de toutes ces jeunes femmes qui manifestent, leur voile brandit comme un étendard est bouleversant. Est-ce parce que je suis femme que ces images m’ont si fort touchée ? Où est-ce parce qu’elles expriment cette volonté farouche de reconquérir une liberté perdue ? Et pourquoi ces vidéos reprises d’Instagram ou d’ailleurs ont plus d’impact que toutes celles de fictions, aussi puissantes soient-elles ?
Nous sommes inondés d’images, et bientôt nous ne pourrons plus distinguer celles produites par l’IA. Je suis retombée sur des images Super 8. Au-delà de la nostalgie, les couleurs ou le grain, ce qu’elles révèlent c’est la présence de la personne qui filme. C’est l’essence même du point de vue, d’un regard qui cherche, se pose, insiste. J’ai racheté sur Le Bon Coin une caméra Super 8...

Plus professionnels, les prix AFC deuxième édition sont une fenêtre sur la cinématographie. On pourra y découvrir, y retrouver des plans vecteurs d’émotion. Et on pourra voter pour une "belle image" mais surtout pour une cinématographie qui résonne avec son sujet.
Et si ce n’est déjà fait, allez voir Les Graines du figuier sauvage.