Le Grand retournement
Paru le La Lettre AFC n°227
C’est la quinzième fois que nous travaillons ensemble. Une collaboration amicale et même fraternelle, qui m’a toujours passionnée parce que Gérard Mordillat aime s’aventurer sur tous les terrains de la création ce dont témoigne aussi son travail d’écrivain. Le réel et la fiction, un stylo ou une caméra, un engagement politique ou poétique, une description du monde pleine de fantaisie ou de violence : il m’a toujours surpris par la radicalité et l’audace de sa démarche. Le Grand retournement en est une nouvelle illustration. Pour le présenter, j’ai joint l’extrait d’un blog de Danièle Jeammet après une projection organisée par le Cercle des Déconomistes.
« Gérard Mordillat aime bien faire référence à Jean Cocteau, qui qualifiait son œuvre d’objet " difficile à ramasser ". Le Grand retournement, film de Gérard Mordillat, est aussi un " objet difficile à ramasser " : du cinéma, c’est sûr mais aussi de l’économie, de la poésie (le texte est en alexandrins) et une bonne dose d’humour. C’est tragique comme du Racine, drôle comme du Molière, et filmé dans ce qu’il reste d’une usine aux locaux ravagés par la crise comme par un tsunami...
Le film est une adaptation de la pièce de Frédéric Lordon, un économiste iconoclaste et donc rarissime sur les plateaux de télévision. Mordillat est écrivain et cinéaste, il aime interroger le monde ouvrier, ses combats, ses souffrances et leurs effets sur les individus. La rencontre des deux ne pouvait être qu’explosive.
Le Grand retournement est un raccourci de la crise : quatre banquiers, un président de la République et ses conseillers, une " grande journaliste ". La journaliste est du côté de la banque car « la presse est libre et incorruptible », le président de la République aussi, ses conseillers sont partagés mais quand ils ne filent pas droit, ils sont virés. L’histoire, vous la connaissez : les turpitudes des banquiers les ont mis à genoux. Ils en appellent à l’Etat, qu’ils accusent d’ordinaire de tous les maux. Pour les sauver, le président plonge le pays dans l’endettement, le met à la merci des " marchés " donc des banquiers… jusqu’à ce que le peuple s’en mêle.
Le cadre – une usine en ruine – évoque les conséquences réelles du complot des banquiers.
Les acteurs, qui portent le film, sont rompus à la déclamation des alexandrins, ils en facilitent la compréhension et en révèlent l’esprit.
Un film à voir et à faire voir. Le Grand retournement sort le 23 janvier 2013 sur les écrans. Pour trouver son public, compte tenu des conditions de distribution des films de cette nature, il aura besoin d’un bon coup de main des citoyens qui aiment le cinéma d’auteur et les projections dont on sort plus intelligent qu’on est entré. A l’exemple des " Nouveaux chiens de garde ", il devra bénéficier de l’organisation de projections/débats, qui compensent l’absence de publicité dans les médias classiques. »
(Ce texte est extrait du blog de Danièle Jeammet après une projection organisée par le Cercle des Déconomistes.)
Équipe
Produit par Véra Belmont2 caméras tenues par François Catonné et Alexandre Léglise
Technique
Matériel : 2 Sony F32 zooms Angénieux Optimo 28-76 mm
400 mm Canon T2.8 (+ un doubleur, très utile)
Série Zeiss GO T1.3 du 18 au 85 mm
Zeiss Ultra Prime 100 mm, 135 mm, 180 mm
Pas de dolly ni de travelling