Le procédé Mscope et l’IBC d’Amsterdam
par Yves CapeSuite aux essais que j’avais eu l’occasion de faire pour le film de Patrice Chéreau, nous nous sommes orientés vers la D21. Nous avons alors découvert le procédé Mscope qui permet de faire de l’anamorphique dans une configuration 4:2:2 en enregistrant sur HDCAM SR. Après des essais comparatifs Raw et 4:2:2 avec Hawks anamorphiques et 4:4:4 en format 2,35 sphérique, nous avons choisi le Mscope.

Pour des raisons de coproduction, le matériel caméra était sous-traité par Arri Luxembourg mais venait de Vantage Films à Munich.
Il n a pas été facile d’établir un workflow pour les rushes, l’entrée dans l’Avid et la postproduction. Et pour cause, nous étions le premier long métrage au monde à tourner en Mscope.
Finalement, le travail des rushes pendant la période du tournage et l’entrée dans l’Avid ont été confiés à Frédéric Savoir d’Amazing Digital Studios et l’étalonnage et le retour sur film à Duboi-LTC.
Un peu excédé par la non-coopération d’Arri pendant cette période d’essais et d’établissement du workflow, j’ai bombardé Arri de mails en leur demandant leur aide ! Finalement, nous avons eu l’aide précieuse de techniciens de chez eux, et pour mes essais et pour la postproduction.
A cette occasion, j’ai eu le plaisir de rencontrer Milan Krsijanin de Arri Londres. Milan est à l’origine du procédé Mscope et il a été d’un aide extrêmement précieuse pour nous mettre en contact avec les bons techniciens ou les sociétés qui fabriquent les softs pour la postproduction.
Dans le cadre de l’IBC, Milan a demandé à Frédéric Savoir et moi-même de faire une conférence sur l’utilisation de cette caméra sur le tournage et le workfow établi pour les rushes.
En ce qui concerne le tournage, n’ayant que très peu d’expérience de la vidéo et ne voulant pas que le plateau devienne un labo, j’ai tenu à établir une façon de travailler la plus proche de ce que les tournages en 35 mm me permettent : une concentration exclusive sur les problèmes artistiques et une ergonomie permettant au réalisateur et aux comédiens une totale liberté pour le cadre.

Nous étions trois à la caméra : un 2ème assistant caméra avec moniteur de contrôle et enregistreur HDCAM SR, un 1er assistant caméra en charge du point et de l’oscilloscope sur la D21 et moi au cadre et à la lumière. J’ai travaillé avec ma cellule à 200 ISO (sensibilité établie après mes essais) et en ne regardant que très rarement l’oscilloscope et le moniteur de contrôle. Suite à mes essais, j’ai travaillé exactement comme si je travaillais avec une pellicule avec 9 diaphs de latitude en gardant toujours les hautes lumières un peu basses.
La caméra était câblée (voir plus loin), son ergonomie et son poids approchant celle d’une Arricam Studio, elle ne permettait donc pas vraiment de faire de la caméra épaule. Par contre, nous l’avons mise dans toutes les autres configurations possibles et imaginables.
Pour ce qui est des rushes, Frédéric Savoir nous livrait des DVDs au format Quick Time HD Full résolution avec des rushes étalonnés. Les rushes étaient aussi disponibles sur un site Internet pour qui le voulait de l’équipe. Une clé USB avec tout les rushes du film nous permettait de revoir quand on le désirait nos images.
Ce système a très bien fonctionné et c’est donc ce que nous avons expliqué au public présent à la conférence Arri de l’IBC.
L’étalonnage de Nous 3 vient de se terminer chez Duboi-LTC et j ai eu l’occasion de voir des " daylies " 35 mm que je trouve absolument extraordinaires en terme de qualité. Reste toujours quelques problèmes de carnations dûs à différents facteurs.

J’ai passé pas mal de temps à me promener dans les allées de l’IBC pour tuer le temps et j’ai vu deux ou trois choses intéressantes. D’abord une première constatation s’impose : les halls où la télévision et les softwares exposent regorgent d’argent et le hall où le cinéma est concentré est à l’économie !
Cooke présentait deux nouvelles séries d’objectifs : les Panchro (série légère) et les 5/i (série grande ouverture).
S.two présentait les OB-1, des magasins pour caméra HD permettant d’enregistrer 30 minutes en Raw, 4:4:4 ou 4:2:2. Ceux-ci vont permettre de se passer du fil à la patte.
Arri présentait, entre autres choses et en première mondiale, sa nouvelle caméra numérique basée sur un nouveau capteur l’ALEV III. Cette caméra se décline en trois versions dont les prix varient entre 50 et 130 mille euros. Le dernier modèle est l’évolution de la D21 avec viseur optique, 800 ISO de sensibilité, un poids réduit à 9 kg et d’autres améliorations dans les softs de la caméra.
Vu les résultats obtenus avec la D21, cette nouvelle version promet beaucoup. Ce modèle serra disponible fin 2010. Arri se jette définitivement dans la construction de caméras HD, c’est un tournant important pour eux et pour nous aussi sans aucun doute…