Les optiques anciennes ont la cote auprès des acteurs de cinéma

La Lettre AFC n°266

La revue américaine ICG Magazine, parution de l’International Cinematographers Guild, publie dans son numéro de mai 2016 un article dans lequel Pauline Rogers passe en revue les optiques anciennes disponibles actuellement après avoir expliqué, entre autres, les raisons pour lesquelles elles sont particulièrement prisées non seulement par les opérateurs mais aussi par de nombreux acteurs conscients de l’excès de netteté obtenu par les caméras actuelles.

Les acteurs aiment ces optiques. Demandez au directeur de la photographie Frankie DeMarco, l’heureux possesseur de deux anciennes séries Cooke Speed Panchro d’avant 1969, qui explique que les "optiques vintage" – zoom Angénieux 25-250 T3.9 de 1963 compris – lui ont permis d’obtenir le "look" des années 1950 qu’il recherchait pour le film rock d’Angelo Pizzo sorti l’an dernier, My All American. « Les acteurs sont sensibles à l’hyperdéfinition des caméras d’aujourd’hui – dont les images ne laissent planer plus aucun mystère –, et vous pouvez même voir le duvet de pêche à l’intérieur les oreilles des gens ! », précise-t-il.

De nombreux directeurs de la photo partagent ce point de vue, insistant sur le fait que les "optiques vintage" rendent au cinéma beauté et mystère, en particulier concernant les gros-plans. Mais l’engouement actuel pour "calmer le jeu" des systèmes de captation d’images en 4K et 6K grâce à l’optique ancienne serait-il plus de l’ordre d’un choix personnel que d’un impératif technique ?
Linus Sandgren, FSF, explique que son travail consiste dans un premier temps à « trouver le langage de l’histoire » qu’il va tourner. Et pour ce faire, « les directeurs de la photo disposent d’environ six variables avec lesquelles il peuvent expérimenter », suggère-t-il. « La lumière, l’optique, les filtres, le format, le laboratoire et l’intermédiaire numérique. C’est en combinant chacun de ces choix que vous obtenez un "look". »

La personnalité des optiques peut avoir une incidence sur le "look" d’un film autant, ou sinon plus, que les cinq autres possibilités. Ceci parce que, comme l’explique Linus Sandgren, « la technologie des anciens objectifs était plus expérimentale et le plus grand nombre d’entre eux était fabriqué dans beaucoup d’endroits différents à travers le monde ; le verre pouvait être très différent d’un fabricant à l’autre. D’où la grande variété de caractéristiques qui existe entre les objectifs anciens. »

La plupart reconnaissent que les optiques anciennes donnent des sujets filmés une image plus tridimensionnelle et naturaliste. Elles contrecarrent les capteurs d’aujourd’hui, eux qui fournissent souvent un rendu plat et "au point", des courbes de transfert de modulation symétriques, des couleurs criardes, vives et plus saturées, et, bien sûr, une netteté extrême. Les optiques de fabrication ancienne atténuent ces effets en donnant une réponse plus douce. Elles font en sorte que les pixels carrés ont un meilleur aspect : plus arrondi et plus naturel. L’ancien Hollywood rencontre le nouveau dans un mariage célébré sous la voute céleste du cinéma, à quelque chose près pensez-vous.

Petit abécédaire des optiques au "look vintage"
Voir dans l’article original les caractéristiques de ces optiques exposées gracieusement pour ICG Magazine par Stephen Gelb, de Lensworks Rentals à Los Angeles.
- Canon K35 (1971-années 1980)
- Série Cooke Speed Panchro 2/3 (années 1950-1970)
- Super Baltar (années 1950-1970)
- Kowa Cine Prominar (Japon, années 1960-1970)
- Kowa Anamorphics
- Zeiss Super/Standard Speeds (années 1970-1990)
- Todd AO Anamorphics (années 1970)
- Série Tood AO anamorphic high-speed.

Et aussi de nombreuse optiques qui plaisent aujourd’hui, certaines étant d’authentiques "vintage", d’autres au "look vintage" mais de conception actuelle avec du verre fabriqué aujourd’hui : Angénieux, Panavision PVintage, Leica, Schneider Xenon, P+S Technic et les populaires optiques Hawk.

  • Lire la suite de l’article sur la version imprimée d’ICG Magazine.