Luc Drion, gentillesse, talent et professionnalisme

Luc... La première fois que je t’ai vu, je t’ai demandé… : « A quoi ça sert, un cadreur ? »
Que répondre à cette question ? Je crois, et j’en suis même sûre, que tu as souri... Déjà ta gentillesse.
Oui d’accord, c’était mon premier long métrage... J’aurais pu faire semblant de le savoir mais non, c’est pas mon genre.
Alors oui, quand je réalise une pub, le chef op’ est aussi cadreur, donc je ne comprenais pas pourquoi on avait besoin de toi et puis j’ai compris..., très vite !
J’ai compris que tu n’étais pas utile mais indispensable, et qu’en plus, tu m’enlevais une sacrée épine du pied.
Tu t’éclatais à ne pas sauter l’axe, tu t’éclatais à suivre un comédien plus compliqué à filmer qu’une baleine dans Océans, tu t’éclatais avec la scripte à trouver des logiques impossibles, tu t’éclatais à faire ton métier ! Mais tu n’étais pas parfait...
Pendant tout le film, tu as appelé Lannick, le comédien, " LaRnick " ! On a fini par t’appeler " LuRk " ! Voilà, c’est le seul défaut que je t’ai trouvé, ne pas prononcer correctement un prénom breton sorti de " je ne sais où " !

En fait, tu m’as impressionnée par ta gentillesse, ton talent, ton professionnalisme, j’ai vite compris l’équipe que tu formais avec Eric Guichard...
Rox et Rouky ! J’avais trouvé mon tandem, j’étais votre Mam’ Scarlett. Grâce à toi, je pouvais diriger mes comédiens à mille pour cent...
Quand tu as vu pour la première fois le film monté def, c’était la dernière ligne droite, tu m’as juste dit : « Il manque un plan ! » Ce plan, il parle de la mort..., pas évident dans une comédie de suggérer l’horrible et de faire rire deux minutes plus tard. Pas évident de parler de toi dans ces circonstances, je me suis battue pour remettre ce plan, tu avais raison, il ne fallait pas voir l’héroïne morte, il fallait le suggérer : une chaussure sur le bitume au premier plan, au fond l’agitation autour d’elle et cette tristesse qui nous envahit... C’était un très joli plan, une très belle lumière et un très beau cadre. Je suggère qu’on ne t’oublie pas, tu nous manqueras beaucoup, tu me manques déjà.

Christelle Raynal est la réalisatrice du film Plan de table.