Mais pourquoi ça fait du bruit ?

Commençons par ce qu’il y a de pire : les gradateurs ou jeux d’orgue.
Un filament tungstène et bobiné sur lui-même, un peu comme un ressort. Une sorte de self donc (mais sans entrefer, heureusement) qui par définition s’oppose au variations de tension . Alimenté en courant alternatif à la tension nominale, c’est miracle qu’on n’entende rien. Dès qu’on alimente le filament avec un courant issu d’un gradateur, et pourvu que le curseur soit à une autre valeur que 100 %, ce n’est plus un joli courant sinusoïdal tout en rondeur qui alimente la lampe, mais un courant hachuré, avec de brusques variations instantanées allant de rien à X %. Un peu comme ce qu’on appelle en acoustique un transitoire ou une attaque.

Le principe même d’un gradateur est de supprimer d’une manière abrupte une partie plus ou moins importante de la sinusoïde. Le filament fonctionne alors comme un résonateur, comme une corde de guitare. C’est un phénomène électromécanique imparable, à moins d’utiliser des jeux d’orgue fonctionnant en courant continu. Mais ça, pour les puissances que nous utilisons, ça n’existe pas. Le pire est atteint à 50 %, lorsque le filament encaisse une variation instantanée de zéro à 100 %. L’effort mécanique est tel que certains filaments bobinés tout en longueur cassent rapidement. La seule chose qu’on puisse faire est de sélectionner une marque de lampe dont le filament est très ramassé sur lui-même, ou rêver de gradateurs fonctionnant en haute fréquence. Mais peut-être que les filaments se mettront à chanter autour de cette haute fréquence... (voir plus bas, les ballasts électroniques haute fréquence pour HMI).

Ce n’est pas tout. Il faut aussi compter avec le bruit que fait le projecteur à l’allumage et à l’extinction : tic, tic, tic, tic... Ça, c’est lors des changements de lumières. Cette fois encore, le bruit est plus ou moins prononcé selon le type ou la marque. D’une manière générale, les bons vieux Cremer en ferraille de jadis font moins de bruit que les projos tout légers et en alu que nous utilisons aujourd’hui.
C’est fini ? Non ! Même un projecteur éteint peut faire du bruit. Il suffit pour cela que, le curseur du jeu d’orgue étant à zéro, la tension résiduelle soit insuffisante pour faire briller le filament, mais suffisante pour qu’il entre en résonance. Il y a une solution : éteindre vraiment les projecteurs qui ne serviront pas dans le plan, à l’interrupteur !

Les HMI. Les têtes de premiers HMI faisaient quand même du bruit : le tic-tac de l’horloge. Aujourd’hui, il est vrai que certains HMI, surtout ceux de faible puissance et alimentés en haute fréquence, sifflent (les dits " flicker free "). Ceux justement qui ont le plus de chance d’être proche de la scène, des acteurs et donc des micros. Est-ce vraiment lié à une marque, un type de projeteurs ? Pas sûr, on peut tomber sur des bons, (de ce point de vue), sur des mauvais, selon. Des petits fluos alimentés en continu peuvent se mettre à siffler. J’avoue que ça m’énerve quand le joli petit projo que je m’étais réservé pour la face ce met à chanter sa douce monodie. De même que c’est crispant de ne pas trouver deux lampes HMI qui ont vraiment la même couleur. Oui, il y a des progrès à faire.
Les arcs. Il y a eu des arcs qui poussaient leur chansonnette, soit que les moteurs étaient fatigués (cui-cui, bruit mécanique), soit qu’ils étaient mal réglés, ou encore qu’ils étaient alimentés par un courant pas si continu que ça (le doux chuintement de la flamme qui vacille à peine).