Maurice Fellous, cité par René Barjavel dans son "Journal d’un homme simple"

La Lettre AFC n°254

Extrait du Journal d’un homme simple, écrit en 1951 par René Barjavel, journaliste, scénariste et dialoguiste et bien sûr romancier, un des rares romanciers français de science-fiction. En 1950, il espère devenir cinéaste et réaliser un long métrage. Il a réuni le budget du film auprès de financiers coréens. Mais au dernier moment, les Coréens disparaissent. Voici donc ce qu’écrit René Barjavel. Nous sommes en août 1950, Roger Fellous a 31 ans et Maurice 25 ans.

« J’avais comme chef opérateur et associé un merveilleux garçon, dévoué, fraternel, Roger Fellous, assisté de son frère Maurice. Après le départ des Coréens, Roger vient me proposer ceci : partir en petite équipe à Collioure et tourner quand même tout ce que nous pourrons tourner pendant la fête du 15 août. J’élève des objections : la pellicule ? Il l’empruntera. L’argent ? Personne ne sera payé, chacun couvrira ses propres dépenses. Son frère, Maurice, qui est son assistant, est d’accord. Moi aussi, bien sûr… Il n’ y a plus qu’à foncer.
Le 12 août, les Fellous Brothers sont arrivés avec une camionnette pleine de matériel. Nous avons commencé à tourner ce matin… Roger Fellous, Caméflex à l’épaule ou dissimulé entre deux cageots de figues, enregistre les réactions de la foule. »

Et plus loin Barjavel ajoute : « Maurice Fellous est le plus tranquille et le plus efficace travailleur que je connaisse. De cinq heures ou six heures du matin où nous nous levons, jusqu’à minuit où nous nous couchons, il ne se repose pas une minute. Entre les prises de vues, il charge ses magasins, développe et tire ses bouts d’essai, prépare son rapport labo, puis repart tranquillement avec nous, la caméra et son pied sur l’épaule pour grimper jusqu’en haut du château. Entre temps, il a trouvé un moment pour laver la vaisselle…
Un jour où, par miracle, aucune tâche urgente ne se présentait à ses doigts, nous l’avons entendu murmurer : Je vais bien trouver quelque chose à faire. »

Voilà, c’était Maurice à 25 ans, et à plus de 80, il était toujours un travailleur acharné. Je trouve que ce Journal d’un homme simple est un bien joli titre qui correspond vraiment à ce qu’était Maurice.
Maurice et Barjavel vont rester en contact jusqu’à la mort de ce dernier en 1985. Il y avait comme un rapport filial qui s’était installé entre eux et je crois que pour Maurice, il représentait un peu le père idéal, pour lui qui n’avait pas connu le sien et avait perdu sa Maman à treize ans.