Premier tournage pour La Grue

proposée par le groupe Transpalux

par Transpalux La Lettre AFC n°113

Flash Back
Quel chef opérateur n’a pas souhaité, en repérage pour une séquence de nuit, utiliser ces grandes grues d’éclairage aperçues dans les plans détaillés des " gros " films américains, présentés dans l’American Cinematographer sous l’appellation de Musco Light.
En 1998, Didier Diaz, sollicité par les chefs opérateurs et conscient des problèmes évoqués ci-dessus, confie à la société Lumex (groupe TPX) le projet d’étude d’une grue d’éclairage.

Ces engins, détournés de leur utilisation première, éclairage de stades et d’autodromes, n’ont jamais eu de parallèle en Europe continentale. Leur mise en œuvre exige l’adjonction d’un groupe électrogène. Leur conception de " mat d’éclairage " limite la souplesse d’utilisation.
La solution retenue pour combler ce manque fut l’usage de nacelles. Leur mise en œuvre et la nécessité de garder une capacité de réglage ont souvent généré de sérieux problèmes.

Ce projet reçoit le soutien du CNC et de la CST très rapidement. L’étude est lancée, le concept américain est mis à mal. Grue d’éclairage, certes ! Mais lumière de cinéma. Nécessité d’avoir un engin " passe-partout " adapté aux normes européennes en préservant la capacité de hauteur, l’intégration des besoins d’énergie fournis par un groupe électrogène insonorisé pouvant assurer des sources d’appoint autres que celle de la grue. Mise en œuvre simple et rapide. Capacité de réglage de la lumière à distance.
Ce cahier des charges étant énoncé, des essais de toutes sortes de projecteurs valident le 12 kW Prolight LTM. Ce projecteur HMI à Fresnel et lampes MSR, par son rendement et sa capacité, correspond à la demande. L’adjonction d’une lyre motorisée et d’un shutter passe-couleurs télécommandable répond aux soucis de réglage. Le choix d’un ballast électronique va dans le même sens. En final, un panneau regroupant six projecteurs de 12 kW fut retenu.

Le choix du bras supportant ce panneau fut confié à la société Palfinger, après quelques fausses pistes. La solution retenue est celle d’un bras télescopique de manutention, stabilisé par un contrepoids.
La conception est radicalement opposée au bras de levage des grues américaines car elle permet, du fait de son articulation en deux tronçons, la possibilité de déport important toujours appréciée dans le métier du cinéma.
Le contrepoids de stabilisation fut " transformé " en groupe électrogène intégrant les ballasts des projecteurs ainsi que le système de commande. Du fait de sa liaison à l’ensemble tournant, l’intégration complète était réalisée.
L’ensemble - bras pivotant, groupe, panneau de projecteurs - est posé sur un camion Renault à quatre essieux. En version route, le panneau de projecteurs est replié sous le bras, sur un plateau posé sur des amortisseurs pneumatiques pour assurer le minimum de vibrations lors des trajets.

La mise en œuvre de cet ensemble combine différentes technologies : hydraulique pour le bras et le déploiement du panneau lumière, mécanique pour l’intégration des câbles le long du bras, électrique pour l’alimentation des projecteurs, informatique pour la télécommande DMX.
Gilles Rousseau, directeur de l’exploitation de la société Lumex, a mis au service de ce projet toute sa compétence et son savoir acquis par la construction de groupes électrogènes comme le Twin Pack ou d’autres engins spécialisés. L’intégration du groupe 185 kVA dans un volume aussi réduit, la cinématique du panneau lumière assurant un champ supérieur à 200 degrés, le déploiement et le repli des projecteurs ont nécessité une maîtrise complexe et aussi beaucoup de réflexion liée à l’usage futur de cette machine.

Cette maîtrise de l’ingénierie reste un gage de qualité sur l’ensemble du projet, l’insonorisation du groupe (inférieur à 60 dB) en est un des résultats les plus flagrants. La volonté novatrice de Gilles Rousseau a généré quelques options totalement inédites. La possibilité de travailler en studio a été prévue par l’adjonction d’un inverseur, l’énergie étant assurée soit par un groupe extérieur, soit par un branchement secteur.
L’ensemble de la télécommande DMX peut être connecté à une console regroupant un plus large système d’éclairage mémorisé. Les " lighting designer " de " show biz " n’ont pas été oubliés.
La capacité " tout-temps " de l’ensemble a amené de nombreuses adaptations sur les projecteurs et la connectique tout en préservant la sécurité et la fiabilité des équipements. L’articulation et la mobilité du panneau supportant les projecteurs permettent un choix infini de positions tout en simplifiant la mise en place du camion support.

Bref, trois ans d’études, d’inventivité, de passion ont créé un engin unique très performant qui devrait révolutionner l’usage des grues d’éclairage.
Les données techniques (photométrie, surface couverte, etc....) seront définitivement fixées après une série de tests supervisés par la CST courant septembre, mais la garantie de performances très élevées est assurée par le soin et la qualité de l’ensemble du projet.

NB La grue est servie par un personnel accrédité et spécialisé.
Ce technicien, grâce à la capacité de la télécommande peut être proche de l’équipe d’électriciens de tournage.
La préparation des jeux de passe-couleur( gélatines de correction ou de couleur) se fait en atelier avant le tournage.

La grue est disponible à la location chez Lumex et Transpalux.
Les données techniques complètes feront l’objet d’une communication ultérieure.