Steeven Petitteville AFC revient sur son tournage en Optimo Prime à l’occasion du workshop Angénieux à Camerimage
Par Margot Cavret, pour l’AFC
L’IOP (Integrated Optical Palette) a bien évolué depuis la présentation de l’année dernière, s’enrichissant de nouveaux modèles, notamment en collaboration avec Tiffen, qui viennent s’ajouter aux premiers développés par Angénieux, ainsi qu’à la possibilité de personnaliser soi-même ses lentilles IOP (avec du plastique, du verre gratté, des paillettes, les possibilités n’ont de limite que l’imagination !). Cette technologie est basée sur l’idée de pouvoir customiser les optiques, avec trois points possibles proposant chacun des spécificités différentes :
• Au centre de l’optique, on peut ajouter un filtre au niveau du plan afocal. Tous les rayons de l’image se croisent à cet endroit, ce qui permet à la personnalisation apportée par l’IOP de porter de manière uniforme sur toute l’image, et de manière égale quelle que soit la focale.
• Il est également possible d’intervenir sur l’iris, afin de modifier la forme du bokeh. On se souvient des bokehs triangulaires présentés dans le spot promotionnel diffusé avant chaque film à Camerimage, mais le procédé sert aussi en conditions réelles, comme pour une émission de télé-réalité Netflix, qui a voulu obtenir des bokehs en forme de cœur !

• Sur la lentille arrière, il est également possible d’intervenir, par une manipulation moins complexe que pour les deux autres zones. L’effet est deux fois moins fort que pour le plan afocal, mais il permet également cette fois d’intervenir localement. C’est donc la partie de l’IOP qui est utilisée pour avoir des traitements particuliers sur les bords de l’image par exemple.

Pourquoi as-tu choisi les Optimo Prime pour ce tournage ?
Steeven Petitteville : Un mois ou deux avant qu’on me propose cette publicité, j’avais testé les Optimo Prime pour un autre projet. Il n’y avait pas encore l’IOP, mais j’avais déjà beaucoup apprécié l’ergonomie et le close-focus. Mais le look moderne que donnaient les optiques sans l’IOP n’aurait pas convenu à ce projet. On tournait en Belgique, et le loueur, Lites, a été l’un des premiers en Europe à recevoir les IOP, donc j’ai sauté sur l’occasion ! A ce moment-là, il y avait beaucoup moins de choses de disponibles que maintenant, et c’était assez compliqué de savoir ce qu’on pouvait faire. J’aime bien mettre des bas sur la lentille arrière, et c’est ce que j’avais prévu de faire, mais on s’est rendu compte aux essais que l’effet était trop fort, surtout sur les flares, qu’on voulait mettre en valeur sur ce tournage, ils donnaient un effet en étoile un peu trop fort. On a changé pour le "Vintage Rear" que le loueur venait de recevoir, et qui avait un aspect plus doux, une texture sur les bokehs et un effet sur les bords, comme s’ils étaient un peu moins nets que le centre, qui donnait une impression de rondeur. C’était le genre de look qu’on recherchait, et on a pu l’obtenir sans avoir à s’orienter vers des optiques vintage qui aurait pu poser problème, car comme on tournait en gimbal, on avait besoin d’optiques qui soient légères, et on travaillait aussi beaucoup avec le minimum de point.
Au début il fallait faire beaucoup de tests car on ne pouvait pas savoir le look qu’allait donner les différents IOP. Mais depuis la palette s’est élargie, et ils sont en train de faire un catalogue vidéo des effets. D’ici quelques mois on pourra trouver une librairie en ligne et voir le rendu des différents filtres IOP, ce qui rendra les essais plus fluides.

Et comment ça s’est passé sur le tournage ?
SP : Sur le tournage c’est transparent, vu que c’est intégré a l’optique il n’y a aucune contrainte. Je n’ai pas eu besoin de remettre de filtres à l’avant, et comme on cherchait à jouer les flares, on a même tourné très souvent sans matte box.
L’intérêt c’est aussi qu’on peut s’habituer à l’optique, son poids, son minimum de point, toutes ces choses sont inhérentes et indépendantes de la customisation IOP ; et trouver des configurations qui fonctionnent avec, en rig, en gimbal ; tout en sachant que le look de l’optique pourra être changé sur un prochain tournage. Ça évite de refaire toute une partie des essais, surtout quand on cherche un look vintage, et que les séries sont vieilles, ou recarossées différemment. Et en plus, comme elles sont très modernes, elles sont super fiables, on peut les emmener partout, dans le sable, sous la pluie, elles ne vont pas souffrir.
J’avais arrêté de tourner en zoom pendant un bon moment, mais récemment je les retrouve avec plaisir. Ça peut être encombrant, mais le fait que ceux de la série Optimo soient compatibles avec les Prime, ça permet, par exemple pour un tournage à deux caméras, de pouvoir avoir une configuration zoom et une plus légère. Je tournerai peut-être mon prochain film dans cette configuration !

D’autres chefs opérateurs sont intervenus pendant le workshop Angénieux pour témoigner de leurs expériences de tournage en Optimo. Alliant un faible contraste, une grande définition et des couleurs chaudes, leurs optiques sont en effet réputées pour donner de très bons résultats sur les peaux, et attirent de nombreux chefs opérateurs. The Whale, présenté à Camerimage dans la sélection "Contemporary World", et photographié par Matthew Libatique, ASC, a notamment été tourné en Prime.

Daisy Jones and the Six, mini-série Amazon photographiée par Checco Varese, ASC, est également photographiée en Prime, après des essais optiques très poussés, lors desquels le chef opérateur a testé 16 séries optiques différentes, et plusieurs looks IOP. La série a finalement été tournée avec le Glimmer Glass, qui donne aux scènes de concert rock des flares intéressants, et apporte un coté chaleureux au style seventies de la série. « J’aime la façon dont ça enveloppe les personnages », explique-t-il dans son témoignage vidéo, « Les optiques c’est la vie, si elles ne sont pas contentes, on ne pourra rien en faire en étalonnage ! Les Optimo équipées du Glimmer Glass me donnent la sensation d’un champagne pétillant : elles sont douces, tiennent bien l’exposition, et ont des flares légers et intéressants ».
Avant d’ouvrir les ateliers, Jean-Yves le Poulain conclut : « Nous sommes continuellement en développement, et de nouvelles optiques de la gamme Optimo vont continuer d’être conçues, probablement pour étoffer la gamme des Ultra Compact. Nous mettons en moyenne un an à concevoir une optique, ce qui est très rapide, et nous permet de rester réactif par rapport aux demandes des chefs opérateurs ».

(Compte rendu rédigé par Margot Cavret, pour l’AFC)