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FrTwo Pictures a Day in Thailand (7)
Semaine du 24 février au 2 mars 2025, par Gilles Porte, AFC
Mes quatre objets sur une île : iPad, verre de contraste, cellule et carnet lumineux...
Gilles Porte, AFC, est actuellement en tournage en Thaïlande sur Fils de personne (Nobody’s Son), un film réalisé par Safy Nebbou. Comme il l’avait déjà fait en 2014 avec 3000 Nuits, de Mai Nasri, en 2015 avec Dans les forêts de Sibérie, de Safy Nebbou, en 2024 avec Lady Nasca, de Damien Dorsaz, Gilles nous propose de nouveau deux images par jour, dont il est l’auteur, sauf mention contraire, commentées par lui. Une sorte de journal de choses vues ou ressenties, instants saisis avec l’appareil photo ou le smartphone.
Voici le journal de la septième semaine.
Voici le journal de la septième semaine.
Lundi 24 février | Calamars dans leur encre | Photo Gilles Porte (iPhone) + Photo NASA
« La nature morte encore plus triste qu’une pomme de terre loin de sa terre. » (Giuseppe Arcimboldo)
Nous tournons deux jours à Phuket, le plus grand port de pêche du pays. A mes pieds, des calamars attendent, dans leur encre, qu’on les déverse dans des cagettes en plastique.
A la tombée de la nuit, une importante lumière verte envahit le golfe de Thaïlande. Visibles depuis le continent ou dans les airs, ces lumières vertes ont été signalées pour la première fois vers la fin des années 1970, lorsque des scientifiques cartographiaient la terre de nuit.
En reproduisant la lumière des planctons, des ampoules LED, placées sur des bateaux, attirent les calamars à la surface de l’eau où ils finissent capturés dans des filets de pêche. Pendant des années, la pêche intensive a eu pour conséquence de décimer de nombreuses espèces de poissons. Une nouvelle loi exige depuis quelques temps que tous les bateaux de pêche thaïlandais soient suivis 24 heures sur 24 par satellite afin que les navires suspects puissent être interceptés en mer ou à leur arrivée au port.
Nous tournons deux jours à Phuket, le plus grand port de pêche du pays. A mes pieds, des calamars attendent, dans leur encre, qu’on les déverse dans des cagettes en plastique.
A la tombée de la nuit, une importante lumière verte envahit le golfe de Thaïlande. Visibles depuis le continent ou dans les airs, ces lumières vertes ont été signalées pour la première fois vers la fin des années 1970, lorsque des scientifiques cartographiaient la terre de nuit.
En reproduisant la lumière des planctons, des ampoules LED, placées sur des bateaux, attirent les calamars à la surface de l’eau où ils finissent capturés dans des filets de pêche. Pendant des années, la pêche intensive a eu pour conséquence de décimer de nombreuses espèces de poissons. Une nouvelle loi exige depuis quelques temps que tous les bateaux de pêche thaïlandais soient suivis 24 heures sur 24 par satellite afin que les navires suspects puissent être interceptés en mer ou à leur arrivée au port.
Lundi 24 février | "Le jeu des 7 erreurs"... | Photo Lucas (iPhone)
Faire des photos pour le journal de bord de Nobody’s Son, n’est pas sans comporter certains risques.
Alors que Lucas et moi soignons notre mise en scène devant des bateaux de pêche sortis d’un film de Miyasaki, Safy nous rappelle d’urgence. Ces ouvrières du port se rendent compte que la quiétude affichée sur ces images n’est pas toujours en adéquation avec celle qui se trouve derrière une caméra, où l’ambiance ressemble parfois plus à un "passage du Cap Horn" !
Alors que Lucas et moi soignons notre mise en scène devant des bateaux de pêche sortis d’un film de Miyasaki, Safy nous rappelle d’urgence. Ces ouvrières du port se rendent compte que la quiétude affichée sur ces images n’est pas toujours en adéquation avec celle qui se trouve derrière une caméra, où l’ambiance ressemble parfois plus à un "passage du Cap Horn" !
Mardi 25 février | (De g à d : May (location manager), Koï (Naat’s assistant, make-uo team), Jade (traductrice) et Safy (réalisateur) | Photo Gilles Porte (iPhone)
A chacune son style quand il s’agit de se protéger du sol où des poissons sont déversés à chaque instant...
Mardi 25 février | Martin, pêcheur et ingénieur du son | Photo Michel (iPhone)
Mercredi 26 février | Photo Golf, Video Assist (iPhone)
Equipe caméra
De g à d : Golf (Vidéo Assist), Jaguar (1er assistant caméra), Puen (1er assistant caméra), Kim (Vidéo assist 2), Tan (2e assistant caméra et Ronin Man)... Merci à eux cinq de m’avoir parfaitement secondé, notamment dans des moments où le vent soufflait fort dans les voiles...
En Thaïlande il y a 3 % de femmes "directrices de la photographie" et 5 % "assistantes caméra"....
De g à d : Golf (Vidéo Assist), Jaguar (1er assistant caméra), Puen (1er assistant caméra), Kim (Vidéo assist 2), Tan (2e assistant caméra et Ronin Man)... Merci à eux cinq de m’avoir parfaitement secondé, notamment dans des moments où le vent soufflait fort dans les voiles...
En Thaïlande il y a 3 % de femmes "directrices de la photographie" et 5 % "assistantes caméra"....
Mercredi 26 février | Photogrammes | Arri Alexa Mini LF + splashbag + zoom Angénieux Optimo 45-135 mm
Jour OFF... En classant, dans l’ordre du scénario, les stills sous forme de planches contact... J’ai l’impression que le tournage est allé très très vite. La multiplicité des décors me donne l’impression d’un tourbillon...
Jeudi 27 février | Police Station
« Ceci n’est pas un éléphant... »
37° dans le décor qui nous sert de commissariat pour deux jours... L’air conditionné est livré à domicile...
37° dans le décor qui nous sert de commissariat pour deux jours... L’air conditionné est livré à domicile...
Jeudi 27 février
En filmant Romain devant une photo collée par l’équipe déco thaïlandaise, plusieurs membres de l’équipe française sont parcourus par une vague de nostalgie. Certaines d’entre nous sont ici depuis quatre mois...
Vendredi 28 février
Sous les portraits de la famille royale, de gà d : Nouma (coach pour enfant), Sonia (compositrice), Jade (traductrice), Elodie (scripte) et Safy (réalisateur)
Vendredi 28 février | Photo Jade (iPhone)
Comme le veut la tradition, quand un acteur a terminé un film, les équipes techniques et artistiques se réunissent autour de lui et applaudissent.
C’est le cas de Nafil (à droite sur la photo), la doublure de Mapring (à gauche). Chacun y va de sa photo. Celle de Jade est la meilleure !
C’est le cas de Nafil (à droite sur la photo), la doublure de Mapring (à gauche). Chacun y va de sa photo. Celle de Jade est la meilleure !
Samedi 1er mars | Merci Gilles Perret
Au réveil je regarde un résumé sur les César 2025... J’apprécie les deux César de Vingt Dieux qui m’avait bouleversé lorsque je l’avais découvert au festival de Cannes, en avant-première. J’écoute très attentivement les mots de Gilles Perret :
«(...) Ce César m’incite à continuer dans la voie que j’essaie de tracer : c’est essayer de rendre visible les invisibles, dans un pays où on tend plus facilement le micro à des milliardaires qui se plaignent plutôt qu’au dix millions de pauvres. Dans un pays où les dirigeants, pour rester en place et pour ne pas contrarier les puissants, préfèrent s’allier à l’extrême droite fasciste plutôt que poser la question du partage des richesses et de la protection de la planète. Attention, méfions-nous, cette histoire, on la connaît déjà, cette petite musique mortifère, on l’a déjà entendue : c’était celle des années trente où déjà à l’époque on disait plutôt Hitler que le Front Populaire. Ça va vite, méfions-nous et nous, gens du cinéma, je crois que ce serait bien d’y mettre un peu les pieds, parce que j’ai trop souvent l’impression que dans le monde du cinéma, on regarde parfois trop souvent ailleurs et que la maison brûle et on filme ailleurs...»
Vingt ans plus tôt, Gad Elmaleh - il était le maître de cérémonie de la 30e cérémonie des César - avait reçu des consignes dans l’oreillette pour essayer de m’interrompre alors que j’avais décidé d’asséner quelques vérités.
Derrière des films, il y a des vies, parfois des drames (mon producteur Humbert Balsan s’était suicidé 15 jours avant), des ruptures, des naissances, parfois des décès et une terre qui "ne tourne pas" toujours très rond. Pas mal de le rappeler car, n’en déplaise à François Truffaut, le cinéma ne sera jamais plus important que la vie.
«(...) Ce César m’incite à continuer dans la voie que j’essaie de tracer : c’est essayer de rendre visible les invisibles, dans un pays où on tend plus facilement le micro à des milliardaires qui se plaignent plutôt qu’au dix millions de pauvres. Dans un pays où les dirigeants, pour rester en place et pour ne pas contrarier les puissants, préfèrent s’allier à l’extrême droite fasciste plutôt que poser la question du partage des richesses et de la protection de la planète. Attention, méfions-nous, cette histoire, on la connaît déjà, cette petite musique mortifère, on l’a déjà entendue : c’était celle des années trente où déjà à l’époque on disait plutôt Hitler que le Front Populaire. Ça va vite, méfions-nous et nous, gens du cinéma, je crois que ce serait bien d’y mettre un peu les pieds, parce que j’ai trop souvent l’impression que dans le monde du cinéma, on regarde parfois trop souvent ailleurs et que la maison brûle et on filme ailleurs...»
Vingt ans plus tôt, Gad Elmaleh - il était le maître de cérémonie de la 30e cérémonie des César - avait reçu des consignes dans l’oreillette pour essayer de m’interrompre alors que j’avais décidé d’asséner quelques vérités.
Derrière des films, il y a des vies, parfois des drames (mon producteur Humbert Balsan s’était suicidé 15 jours avant), des ruptures, des naissances, parfois des décès et une terre qui "ne tourne pas" toujours très rond. Pas mal de le rappeler car, n’en déplaise à François Truffaut, le cinéma ne sera jamais plus important que la vie.
Samedi 1er mars | It’s a Wrap ! | Photo Gilles Porte (iPhone)
Fête de fin de tournage... Des T-shirts avec le nom du film sont distribués à chaque membre de l’équipe... Mapring, hissé sur une table, n’a pas encore conscience que dans quelques jours, il sera le seul Thaïlandais à faire le voyage sur Paris.
Certaines larmes coulent à flot... L’alcool aussi... Des langues se délient... Certaines se donnent rendez-vous tandis que d’autres préfèrent ne pas s’attarder... Ce soir, je prolonge avec Safy. Comme lui, je trouve que le tournage est passé très vite...
Certaines larmes coulent à flot... L’alcool aussi... Des langues se délient... Certaines se donnent rendez-vous tandis que d’autres préfèrent ne pas s’attarder... Ce soir, je prolonge avec Safy. Comme lui, je trouve que le tournage est passé très vite...
Dimanche 2 mars | Jour OFF, veille de retour | Photo Gilles Porte (iPhone)
«Tu verras, il y a plein d’appareils argentiques et d’objectifs incroyables ! »...
Si je devais décorer un appartement avec des appareils photo et des optiques vintages, nul doute que cette adresse, en périphérie de Bangkok, serait merveilleuse mais impossible d’acheter le moindre objectif ou un boîtier photo, avec l’idée de l’offrir à une personne chère, sans faire avant une batterie de tests... Je prends juste une photo avec mon iPhone.
Si je devais décorer un appartement avec des appareils photo et des optiques vintages, nul doute que cette adresse, en périphérie de Bangkok, serait merveilleuse mais impossible d’acheter le moindre objectif ou un boîtier photo, avec l’idée de l’offrir à une personne chère, sans faire avant une batterie de tests... Je prends juste une photo avec mon iPhone.
Dimanche 2 mars | Vintage | Photos Gilles Porte (iPhone)
Dernier jour en Thaïlande… Je m’immerge, seul, dans le marché de Chatkuchet que j’adore. Je trouve une petite boutique de T-shirts vintages. J’en choisis cinq. En voici deux...
Je me remémore les mots que m’avaient dits George Bizos, un des cinq avocats de Nelson Mandela, le 17 janvier 2017, lorsqu’il a assisté, avec moi, à la première investiture de Trump, lors du tournage du documentaire The Trial Against Nelson Mandela and the Others :
We did our job young man, now, it’s you to do it. (George Bizos)
A l’heure où un homme en pullover se fait humilier par des chemises sans hommes à l’intérieur n’est-il pas venu le moment de revêtir des T-shirts et de ne pas ranger tout à fait une caméra sur une étagère ?
Je me remémore les mots que m’avaient dits George Bizos, un des cinq avocats de Nelson Mandela, le 17 janvier 2017, lorsqu’il a assisté, avec moi, à la première investiture de Trump, lors du tournage du documentaire The Trial Against Nelson Mandela and the Others :
We did our job young man, now, it’s you to do it. (George Bizos)
A l’heure où un homme en pullover se fait humilier par des chemises sans hommes à l’intérieur n’est-il pas venu le moment de revêtir des T-shirts et de ne pas ranger tout à fait une caméra sur une étagère ?
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- Two Pictures a Day in Thailand (8)
