Entretiens avec des directeurs de la photographie

"Baby Reindeer" ("Mon petit renne") a certainement été l’un des chocs de l’année en termes d’écriture, d’interprétation et d’impact sur les spectateurs. Devenue l’une des séries phares de la plateforme Netflix en l’espace de quelques mois, elle repose essentiellement sur son créateur Richard Gadd, également interprète principal, qui ose de manière assez inédite à l’écran transposer un épisode extrêmement grave et privé de sa propre vie. Une série qui fait date dans l’histoire de la production, prouvant que même les projets les plus audacieux ou à première vue loin du courant "mainstream" peuvent déclencher l’engouement du public. Retour sur sa fabrication avec Krzysztof Trojnar, le directeur de la photographie des quatre premiers épisodes, réalisés par Weronika Tofilska. (FR)

Avec Conclave, le cinéaste Edward Berger (All is Quiet on the Western Front, lauréat de multiples Oscars dont celui de la Meilleure photographie en 2023 pour James Friend, BSC), change radicalement d’univers et décide d’adapter un roman qui raconte comment l’élection du nouveau pape s’effectue au Vatican. Servi par un casting éblouissant (Ralph Fiennes, Stanley Tucci, Isabella Rossellini...), le film navigue entre investigation, secrets d’alcôves et campagne politique entre cardinaux. C’est Stéphane Fontaine, AFC (De battre mon cœur s’est arrêté, Un prophète, Jackie...) qui est derrière la caméra cette fois-ci. Il vient nous parler de ce Vatican reconstitué à Cinecittà, de visages et comment les filmer... et de la couleur rouge, qui habite régulièrement l’image. Conclave est présenté en avant-première européenne à Camerimage et concourt pour la Grenouille d’or dans la Compétition principale. (FR)

Propulsée par la formidable performance de ses deux comédiennes principales (dont Zar Amir Ebrahimi, co-réalisatrice et Prix d’interprétation à Cannes, en 2022), Tatami est un film de sport où la politique s’invite. Filmé intégralement en Georgie, à Tbilissi, comme l’histoire est censée s’y dérouler, il met en scène une équipe de judo féminine confrontée à l’absurdité du régime Iranien. Todd Martin signe les images en noir et blanc de ce film poignant sélectionné dans la Compétition pour la Meilleure première image de film long métrage. (FR)

Pour son premier film en tant que réalisateur (et co-opérateur avec Nico Aguilar), le directeur de la photographie Mexicain Rodrigo Prieto, AMC, ASC, adapte pour la troisième fois à l’écran un classique de la littérature mexicaine réputé inadaptable. Une évocation du Mexique de la période révolutionnaire qui se déroule sur plusieurs époques avec la double recréation d’un village et de ses ruines après son abandon. Un film de 2h10 très libre commandé par Netflix qui évoque le surréalisme, les rêves et la nostalgie d’une époque. Venu présenter son œuvre à ses pairs chefs opérateurs du monde entier, le cinéaste nous parle de son film et de son passage à la mise en scène. (FR)

Pour son titre "Page", le chanteur britannique Ed Sheeran a choisi un projet de clip évoquant les rêves, la séparation et la solitude. Une ambiance à la fois froide, tendre et mystérieuse pour illustrer cette ballade folk mise en images par le réalisateur Gordian Schrödter et la directrice de la photographie Maayane Bouhnik. Retour avec elle sur l’un de ses projets dans la course à la Grenouille d’or 2024 de la Meilleure vidéo musicale. (FR)

Le premier film de Lucy Cohen propose un portrait de deux protagonistes rentrant dans l’adolescence, le temps des vacances d’été. Tourné dans un village de la côte des Cornouailles, avec des falaises balayées par le vent, ce film très sensible repose sur les relations et les non-dits entre les adultes et leurs enfants. C’est la directrice de la photographie britannique Rachel Clark qui a mis en images le film, et qui est en compétition pour la Grenouille d’or de la Meilleure image pour un premier film à Camerimage 2024. (FR)

Dans la famille des séries biopics "Becoming Karl Lagerfeld" (diffusée par Disney+) plonge le spectateur dans le Paris des années 1970 en s’intéressant aux débuts du kaiser de la mode. Un projet co-écrit par la journaliste Raphaëlle Bacqué (dont la biographie Kaiser Karl était parue en 2019, quelques mois après la disparition du couturier). C’est le cinéaste Jérôme Salle ( L’Odyssée, autre biopic consacré à Jacques-Yves Cousteau, sorti en 2016) qui est aux commandes (relayé sur la série par Audrey Estrougo), l’image étant signée par la directrice de la photographie Mélodie Preel (relayée par Mahdi Lepart). Elle vient nous parler de ce tournage avec le chef décorateur Jean Rabasse, ADC, alors que cette série TV est en compétition à Camerimage 2024 pour la Grenouille d’or. (FR)

Entièrement filmé sur la petite île de Mandø, située sur la côte sud-ouest du Danemark, le documentaire du cinéaste basque Juan Palacios est à la fois un portrait tendre de ses habitants, et un témoignage de la vie qui continue tant bien que mal face à la montée des eaux et au réchauffement climatique. Tourné en format 2,35 sphérique par le réalisateur lui-même, le film oscille résolument entre le documentaire pour le fond et une certaine stylisation très cinématographique pour la forme. On revient avec lui sur ce tour de force de plusieurs années depuis la période pandémique entre les premiers contacts avec les autochtones, le tournage et la finalisation du film, projeté à Camerimage en Séance spéciale Documentaire. (FR)

Racontant l’histoire d’une sorte d’Amélie Poulain dotée de super pouvoirs de couture, Sew Torn est un peu l’ovni de cette sélection panorama du cinéma contemporain, en provenance de Suisse allemande, là où ce film a été tourné dans une paisible commune perdue dans une vallée idyllique. Le directeur de la photographie Sebastian Klinger vient nous parler de ce tournage où la comédienne est tuée au moins trois fois à l’écran, et où l’influence des frères Coen plane par moment sur les situations et les personnages loufoques. Le film est présenté hors compétition dans la catégorie Contemporary World Cinema. (FR)

Chronique de la condition féminine au XVIII^e siècle, The Devils Bath, du duo de réalisatrices Severin Fiala et Veronika Franz, met en scène la vie d’Agnès, jeune paysanne qui découvre la vie maritale avec son nouveau conjoint. Filmé dans un grand respect historique, cette recréation méticuleuse des us et coutumes de l’Allemagne rurale au siècle des Lumières fait froid dans le dos et pas que... C’est le directeur de la photographie autrichien Martin Gschlacht, AAC, qui a mis en image cette sombre et cruelle histoire basée sur un livre et l’analyse des minutes d’un procès datant de 1701, interprétée assez magistralement par la jeune chanteuse autrichienne Anja Plaschg ("Soap & Skin"). On revient avec lui sur ce film glacial, tourné en décors naturels au cœur de la forêt autrichienne et allemande en plein hiver, et qui est présenté en Compétition principale. (FR)

Plongeant le spectateur dans la vie d’un expatrié français à Tokyo, Une part manquante, de Guillaume Senez, dresse le portrait sombre d’un homme au passé douloureux, dans le contexte particulier de la législation familiale japonaise. Incarné avec beaucoup de sensibilité par Romain Duris (qui joue lui-même en japonais après un entraînement de plusieurs mois) cette histoire de chauffeur de taxi qui tente de retrouver sa fille après dix ans de séparation forcée déjoue beaucoup de stéréotypes rencontrés dans nombre de films européens tournés au pays du soleil levant. C’est avec Elin Kirschfink, AFC, SBC, que le réalisateur franco-belge s’est lancé dans cette aventure. (FR)

À l’occasion de la sortie sur les écrans, le 30 octobre 2024, d’Anora, de Sean Baker, voir ou revoir un entretien filmé où le directeur de la photographie Drew Daniels explique, en anglais, les décisions créatives prises en direct lors de la fabrication du film, Palme d’or au 77^e Festival de Cannes.

À l’occasion de la sortie en salles, le 13 novembre 2024, du Royaume, de Julien Colonna, lire ou relire un entretien dans lequel le directeur de la photographie Antoine Cormier évoque la fabrication du film, sélectionné à Un Certain regard lors du 77^e Festival de Cannes.

À l’occasion de la sortie sur les écrans, le 6 novembre 2024, de The Substance, de Coralie Fargeat, voir ou revoir une vidéo au cours de laquelle le directeur de la photographie Benjamin Kračun, BSC, évoque, en anglais, son travail sur le film, en Compétition officielle au 77^e Festival de Cannes.

Avec Drone le réalisateur Simon Bouisson (la série de France TV "Stalk", ou le film expérimental interactif "République") propose une variation sur le thriller et le giallo où la menace anonyme est incarnée par un... drone. Film nocturne à suspens entre personnages qu’on suspecte à tour de rôle d’être derrière l’étrange machine, c’est Ludovic Zuili qui s’est occupé de ramener les images avec un nombre impressionnant de défis techniques à relever. Dont la mise au point d’un système volant prototype équipé d’une Sony FX3 pouvant être autorisé à filmer en agglomération. Le film est en salles depuis le mercredi 2 octobre. (FR)

Lors de la première édition des Prix AFC, récompensant l’excellence du travail de direction de la photographie et dont la cérémonie de remise a eu lieu le mercredi 7 février 2024, dans le cadre du 24^e Micro Salon AFC, Paul Guilhaume, AFC, a remporté, avec Paradis, d’Alexander Abaturov, le prix de la Meilleure photographie pour un documentaire. Dans un entretien croisé, Nicolas Loir, AFC, interroge Paul Guilhaume sur son travail lors du tournage de ce film.

Agnieszka Szeliga est une cadreuse qui travaille au Royaume-Uni et qui a cofondé l’association "Women Behind The Camera" (WBTC). Elle compte parmi ses films, du travail en caméra B sur Ferrari, de Michael Mann, ou les séries "House of the Dragon" et "Gangs of London". Elle vient nous parler du festival Manaki Brothers, de sa conception du rôle de cadreuse et bien sûr de son association de 400 membres bénévoles qui fait beaucoup pour favoriser la mixité sur les plateaux. (FR)

John Seale, ACS, ASC est une des légendes australienne de la photographie de cinéma (avec Dean Semler et plus récemment Greig Fraser). Accompagnant son compatriote et ami réalisateur Peter Weir sur la plupart de ses plus grands films (Pique-nique à Hanging Rock, en tant que cadreur, puis Witness et Le Cercle des poètes disparus) il est aussi le directeur de la photographie de plusieurs films de George Miller (dont Lorenzo’s Oil ou Mad Max Fury Road). Lauréat de l’Oscar de la Meilleure photographie en 1996 pour Le Patient anglais, d’Anthony Minghella. Cette année, il est le président du jury du 45^e Festival Manaki Brothers et vient nous parler entre autres de couleurs, de contrôle et de tolérance... (FR)