10 jours encore sans maman

Le tournage du film a débuté au printemps 2022 dans la station de Courchevel et s’est terminé par deux semaines en région parisienne au début de l’été. Il s’agit de ma deuxième collaboration avec Ludovic Bernard avec qui j’avais déjà fait le premier opus. Tout comme le premier volet, nous avons tourné ce long métrage en Scope anamorphique mais, cette fois-ci, en Alexa LF et Mini LF avec des optiques Cooke anamorphiques 1.8x FF/SF. Nous avons fait le choix de l’anamorphique et du large format afin de profiter au maximum des grands espaces et d’habiter pleinement le 2.39. La volonté étant de sublimer toute la majesté des paysages et d’accentuer le merveilleux des vacances à la montagne dans le regard des enfants.


Ludovic Bernard ayant déjà fait l’expérience d’un long métrage à la montagne sur son premier film L’Ascension, le choix de la station de Courchevel ne s’est pas fait par hasard. En effet, outre le charme évident de cette station, c’est le site grandiose des "3 Vallées" qui s’est naturellement imposé à lui. Contrairement à beaucoup de stations de ski, Courchevel n’est pas enclavée au fond d’une vallée ou enfermée au pied d’une chaîne de montagnes proche et abrupte. Bien au contraire, l’espace reste ouvert et l’horizon lointain.

Tout au long du tournage, nous avons été attentifs à maintenir les lignes de crêtes pour profiter du contraste de couleurs entre le bleu du ciel et le blanc de la neige, sans avoir à aller chercher des contres plongées inesthétiques ou forcées.

Photogramme


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Ludovic Bernard souhaitant absolument un film ouvert sur les paysages, les décors intérieurs ont fait l’objet d’un choix spécifiquement orientés vers l’extérieur. C’est pourquoi, les chalets d’altitude, la salle de restaurant, la Suite "Everest" dans laquelle séjourne la famille Mercier, ont la particularité de posséder de larges baies vitrées.

Pour les prises de vue en extérieur/jour sur les pistes et, dans la mesure où je n’avais pas la possibilité de brancher des projecteurs, je me suis surtout servi de la lumière naturelle. Avec l’aval du réalisateur, je me suis arrangé pour tourner dans les bons axes lumière et ainsi suivre la course du soleil dans le ciel.
C’était, pour ma part, mon premier film à la montagne et je me suis rendu compte que le principal rempart à une image, que je souhaitais contrastée, était la neige qui renvoyait très fort la lumière ambiante. Ainsi, je me suis plus souvent employé à renforcer le "Negativ Fill" » par de grands cadres noirs plutôt qu’à ré-éclairer coûte que coûte les comédiens.
J’avais donc toujours sur le plateau deux toiles en 4 m x 4 m : l’une "Highlight" pour adoucir les ombres, et l’autre "Ultra bounce", dont je me suis beaucoup servie en version "black" afin de retrouver du contraste sur les visages.


Comme sur le premier opus, le principal défi de ce film fut d’organiser le plan de travail et les journées de tournage autour de nos plus jeunes acteurs, dont le temps de présence était limité et très encadré par la loi.
Outre cette contrainte, il leur était totalement interdit de tourner de nuit et ce, malgré les nombreuses scènes en intérieur/nuit auxquelles ils étaient censés participer.
L’objectif de ce film étant de toujours montrer la montagne, y compris à travers les baies vitrées, j’ai fait construire de très grands sas en borniol, tapissés de fond bleu afin de tourner en journée des scènes se déroulant la nuit.
Les différentes plates ont été tournées par des équipes B à l’aube, en journée, au crépuscule et de nuit selon les besoins des différentes séquences et dans des panoramas préalablement sélectionnés avec le réalisateur. Pour ce faire, j’ai utilisé un boîtier Panasonic Lumix S1H avec une sensibilité de 4 000 ISO et équipé d’optiques sphériques Leica M08.
Bien que la plupart de ces installations étaient assez lourdes à mettre en place (hélitreuillage du matériel, durée des prélight, location de nacelles…), j’ai trouvé trois avantages à fonctionner ainsi : d’abord le choix du panorama, ensuite la maîtrise totale de la lumière sans avoir à me soucier de la météo et des fausses teintes et enfin la possibilité de faire durer autant que nécessaire des scènes se déroulant en magic hour.

Salle de restaurant Anapurna
Salle de restaurant Anapurna


Suite "Everest"
Suite "Everest"


Le film s’adressant à un public familial, Ludovic Bernard et moi-même souhaitions proposer une image solaire aux couleurs vives et aux lumières éclatantes, tout en préservant les nuances dans la neige. Pour souligner le côté chaleureux et convivial, j’ai volontairement joué sur le contraste des couleurs, tout particulièrement pour les scènes de nuit, en opposant un « moonlight » bleuté venant des baies vitrées aux lampes praticables dorées et aux flammes du feu de cheminée et des bougies.

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Je souhaitais évoquer l’une des scènes particulièrement excitante à tourner, à savoir une course poursuite en motoneige entre les deux rivaux de cette histoire : Franck Dubosc et Alexis Michalik. Pour réaliser cette séquence, que nous souhaitions dynamique, nous avons utilisé plusieurs outils :
- des motoneiges "beauty" pour les plans larges,
- des motoneiges machinerie pour les accroches caméras,
- une motoneige prise de vue, équipée de la combinaison Ronin 2 et Black Arm,
- un drone Racer que l’équipe de Full Motion avait modifié et qui embarquait une caméra X7,
- une motoneige qui tractait une grande benne montée sur ski sur laquelle j’étais installé avec les comédiens pour faire les plans plus serrés.



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Pour conclure, je voulais insister sur le fait que, comme ce fut le cas lors du premier opus, comédiens et équipe technique ont eu un grand plaisir à se retrouver sur cette nouvelle aventure. Orchestré par l’enthousiasme et la générosité communicative de notre réalisateur, le travail de chacun ne fut orienté que dans un seuil but : proposer une comédie familiale toute aussi divertissante que dépaysante.

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Équipe

Opérateur Steadicam : René-Pierre Rouaux
Première assistante opératrice : Maud Lemaistre
Second assistant opérateur : Fred Bagoë Fauguet
Technicienne retour image : Roxane Jouannin
Data manager : Florent Perrin
Etalonneur : Réginald Gallienne
Chef électricien : Frédéric Thurot
Électriciens : Olivier Caroff et Elliot Fromentin
Groupiste : Eric Thurot
Chef électricien prélight : Loïc Bouladjat
Chef machiniste : Benjamin Vial
Machinistes : Arthur Ehret, Guillaume Mondin et Maxime Perrard
Chef machiniste renfort : Sylvain Bardoux

Technique

Matériel caméra : Next Shot (Arri Alexa LF et Mini LF, optiques Cooke anamorphiques 1.8x FF/SF)
Matériels lumière et machinerie : Next Shot
Laboratoire postproduction : A la plage studio

synopsis

Après son licenciement, Antoine, ancien DRH d’une grande enseigne de bricolage, a choisi de rester à la maison pour s’occuper de ses 4 enfants. Un nouveau travail qu’il effectue la plupart du temps seul, car sa femme Isabelle est très occupée par sa nouvelle activité d’avocate. Dans la famille Mercier, les rôles ont donc clairement été inversés depuis 2 ans, et Antoine commence à de moins en moins tenir le coup face à l’énergie que lui demande sa petite famille. Voilà pourquoi les 10 jours de vacances au ski qui arrivent s’annoncent comme une aubaine pour le père au foyer qu’il est devenu. Hélas, une affaire inespérée pour le cabinet d’Isabelle tombe du ciel et pourrait enfin faire décoller sa carrière d’avocate. Elle n’a pas d’autres solutions que de laisser Antoine partir 10 jours au ski seul avec les 4 enfants, et surtout : sans maman !