Im Alter von Ellen

At Ellen’s Age
Un contact avec Pia qui un jour, m’appelle pour son 2e long métrage. Elle ne parle pas français. Elle souhaite travailler avec moi, suite au film Salamandra de Pablo Agüero. La lumière lui avait plu.
Pia est une réalisatrice " atypique ", suédoise, ayant passé son enfance en Afrique du Sud, et vivant à Berlin. Elle me fait parvenir son premier film Die Unerzogenen, qui est l’histoire d’une petite fille révoltée, avec des parents mi-dealer/mi " has been ". Un film très étonnant, sans aucune contrainte, avec des " purs moments de cinéma ".

Pour notre 1re rencontre à Paris, elle avait fait l’aller-retour en avion dans la journée, alors qu’elle est plutôt assez mal à l’aise dans ce genre de transport. (Je lui ai donc " donné " un petit cachet tranquillisant pour son retour).
Elle m’avait expliqué très clairement qu’elle ne souhaitait ni une lumière " à l’allemande " où toutes les sources se voient d’après elle, et surtout pas une lumière " à la française ", où les actrices sont bien trop bien éclairées, à son goût. Elle avait choisi Jeanne Balibar comme personnage principal, mais il m’était interdit de la " rendre plus belle ", elle voulait qu’émane de Jeanne quelque chose de naturel et de fort en même temps, qu’il fallait bien " la filmer ", mais ne pas l’embellir bêtement, par des artifices de cinéma. Elle attendait de moi de faire une lumière qu’elle qualifiait de " juste " par rapport à son histoire, sans avoir peur d’oser des atmosphères particulières, mais en aucun cas faire une lumière artificielle.
Cette discussion est revenue plusieurs fois également avec ses deux producteurs Claudia Steffen et Christoph Friedel de Pandora Films.

Le choix de Pia avait été de travailler avec moi, mais je ne pouvais prendre de collaborateurs français, il n’ y avait pas de coproduction avec la France.
J’ai donc travaillé avec une équipe totalement allemande, de Köln, et il s’est révélé que c’était des gens super.
Douze heures de plateau par jour, et lorsque nous dépassions, la convocation du jour suivant était repoussée d’autant, afin de préserver les 12 heures de repos, donc malheureusement, beaucoup de scènes de jour tournées en nuit, car le plan de travail glissait facilement. D’une manière générale, les nuits étaient toujours également placées en fin de semaine. Donc pas de " remontées délicates d’horaire " en cours de semaine… Mais des jours off plus courts, forcément…
Une partie du tournage en Afrique du Sud, avec à nouveau une nouvelle équipe, très " british " comme c’est la tendance là-bas dans le cinéma.

Nous avons tourné en Super 16, qui allait en fait être mon avant-dernier projet sur ce support..., a priori jusqu’à aujourd’hui. Je le regrette un peu. Je me dis que c’était bien quand on tournait en Super 16…

J’ai fait la lumière que je souhaitais, et qui plaisait à Pia. Entre ces moments de chambres d’hôtel totalement aseptisées qui se transforment en " plan sexe " entre hôtesses de l’air et stewards " à l’allemande ", les moments avec les activistes dans les squats à Frankfort, ainsi que dans leurs manifestations anti viande… et la nuit avec toutes ces poules qui comme Jeanne gravissent une montagne de gravier avec un effet lune, et puis sur les routes d’Afrique du Sud…
Nous parlions avec Jeanne toujours en anglais, pour éviter l’aspect " complicité à la française ". Et je la trouve vraiment très juste dans ce rôle. Je pense sincèrement que Pia avait tout à fait raison lorsqu’elle demandait de ne pas " envelopper les choses dans du papier de soie ".
La photo ci-jointe est une pâle copie de l’affiche...

Équipe

1er assistant opérateur : Christian Kitscha
2e assistant opérateur : Michael Kremtz
Gaffer : Sven Meyer

Technique

Pellicules : Kodak 7219 et 7205
Caméra, électricité, machinerie : Cinegate (Arri Super 16 mm)
Laboratoires : Geyer Köln et Hambourg (étalonnage numérique)