A l’ami Paulo, un poète

Par Michel Sibra, réalisateur

La Lettre AFC n°256

Le directeur de la photographie Paul Bonis est décédé. Ce bonhomme que j’ai fréquenté sur plusieurs téléfilms était un poète.
Sur le tournage de "Si le loup y était", en 1993 - Paul Bonis, à gauche, Michel Sibra, debout au centre, et des membres de l'équipe (assistante caméra, cadreur et scripte) - DR
Sur le tournage de "Si le loup y était", en 1993
Paul Bonis, à gauche, Michel Sibra, debout au centre, et des membres de l’équipe (assistante caméra, cadreur et scripte) - DR

Après avoir été assistant image, puis cadreur, il était devenu "chef" avec la simplicité qui le caractérisait, roulant ses clops de tabac gris, assis sur un cube machino à observer le jeu des acteurs qu’il adorait. Le seul directeur de la photo qui roulait au volant d’une bétaillère comme il se plaisait à le répéter, une Renault bleue camionnette comme celle des pandores dont il se méfiait.

Il a encore été le seul à avoir glissé un objectif 35 mm dans une séquence d’Au hasard Baltazar, de Robert Bresson, qui ne jurait que par le 50 mm. Par malice. Personne ne s’en est jamais rendu compte. Le plan est dans le film. A vous de le trouver. Des années après, l’œil allumé, il en riait encore. Une blague de potache à l’âge adulte.
Il avait éclairé tous les films de Pierre Zucca et quelques-uns de Claude Zidi.
L’ami Paulo était un poète.

Michel Sibra est le réalisateur de La Soule, entre autres films.

(En vignette de cet article, Paul Bonis sur le tournage du Malingot, de Michel Sibra, en 1995 - Photo Marcel Chambon)