Budget 2003

Le CNC donne un coup de pouce à l’avance sur recettes.
Avec une hausse de 10,1 % des fonds alloués, le CNC donne un coup de pouce à l’avance sur recettes, qui subit en ce moment une pression particulière du fait de la saturation des autres mécanismes d’aide.

Ce compte de soutien est alimenté pour un quart par la TSA (taxe sur les billets de cinéma), par des taxes sur les chaînes de télévision pour 72 %, et par une taxe sur la vidéo, pour quelque 4 %. Il est affecté à 53 % à l’aide au cinéma et à 47 % à l’audiovisuel.
Pour 2003, le CNC table sur une recette globale du compte de soutien de 449,29 millions d’euros (+ 3,75 %). Cette hausse s’explique par la légère augmentation prévue de la fréquentation des salles en 2002, qui devrait atteindre 188 millions d’entrées (186 millions en 2001), pendant que la stagnation des recettes publicitaires des chaînes de télévision, donc de leur contribution au fonds, devrait être compensée par l’explosion des revenus de la vidéo (+ 42,3 %).

La partie "cinéma" du compte de soutien devrait représenter 229,11 millions d’euros, soit une hausse de 4,8 %. 146 millions d’euros seront affectés aux aides automatiques, dont 53 millions à l’exploitation, 3 millions à la vidéo, et 90 millions à la production et à la distribution.
Le 23 octobre, un distributeur a regretté que ces deux secteurs soient mélangés, la production s’adjugeant la part du lion et bénéficiant de la baisse attendue de la part de marché des films français (la taxe est prélevée sur les entrées de tous les films et reversée aux seuls producteurs français).

Le geste le plus significatif au sein de ce budget est, comme l’a souligné David Kessler, la hausse de 10,1 % des fonds alloués à l’avance sur recette, qui subit en ce moment une pression particulière du fait de la saturation des autres mécanismes d’aide (cf. l’article paru dans "Le Monde" du 8 octobre, dans la revue de presse. NDLR).
Le directeur général en a profité pour rappeler l’importance de ce mécanisme, qui a aidé à la production de quelque 600 films depuis dix ans. Il a également souligné l’effort significatif du ministère qui, malgré des contraintes budgétaires fortes, a augmenté sa contribution de 1,9 %, la portant à 28,98 millions d’euros.

M. Kessler est revenu sur des "chantiers" en cours. Il a évoqué la mission confiée par le ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, à Serge Toubiana concernant la politique patrimoniale - annonçant la mutation du Service des archives du film et du dépôt légal en Archives françaises du film (AFF) - et la mission confiée à Jean-Pierre Leclerc sur le financement du cinéma.

Dans un environnement très affecté par les mésaventures de Canal+, les propositions de modifications du système attendues pour janvier 2003 constituent la prochaine échéance. Le patron du CNC a enfin évoqué les futurs débats internationaux, en particulier dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, en se déclarant « confiant » dans la construction d’une « idée désormais partagée » par les autres pays européens en matière de soutien au cinéma, et dans la défense de ces principes dans une arène internationale : « Ce n’est pas un problème de droit de la concurrence mais de survie. Sans soutien public, il n’existerait tout simplement pas de cinémas européens », a martelé M. Kessler.

Jean-Michel Frodon
"Le Monde", 25 octobre 2002