Cahier Louis-Lumière n° 5 "Coupe découpe découpage"

La Lettre AFC n°180

Le 5e numéro des Cahiers Louis-Lumière vient de paraître.
Coupe découpe découpage est paradoxalement un thème que nous avons souhaité fédérateur, rassembleur, unifiant. Nos pratiques de l’image et du son nous semblaient posséder en commun ce geste, cet usage syntaxique, cette pratique. Nous voulions en partager les définitions et les emplois.
Dans ce numéro 5 des Cahiers Louis-Lumière se confrontent et s’affrontent un éventail aussi grand que possible de points de vue sur " coupe découpe découpage ".

A partir de l’idée que le découpage serait une tendance spécifiquement masculine toute orientée vers le fantasme de la rationalisation du monde, jusqu’à celle que le cannibalisme (et le tronçonnage qu’il implique) est une expression du fétichisme technologique, on traverse les dislocations sonores et visuelles dans les films de Jacques Tati, les jonctions poétiques chez Jean-Daniel Pollet, les cicatrices invisibles de l’image composite dans les effets spéciaux autant que celles rendues visibles par le " spleet-screen ".
On côtoie ensuite quelques trous, vides et béances informatives, des lucarnes sous les combles, ouvertes sur les étoiles, et les interrogations inquiètes d’un réalisateur sur sa pratique. Et si, par moment, la tentative est polémique c’est que le découpage de l’image, du son, du discours, relève fondamentalement d’une fonction d’organisation, de mise ordre, de mise en sens, et donc, consciemment ou non, d’une finalité idéologique.

Quid alors, a posteriori, de l’analyse esthétique d’un film, d’une séquence, sans l’analyse génétique et structurelle de ce qui l’a fondé et produit ? La forme est-elle si libre et si indépendante qu’on puisse l’interpréter ex nihilo ?
Parce que, la coupe, la découpe, le découpage, confinent au morcellement du temps, à l’éparpillement des espaces et à l’éclatement du cadre, ils demeurent des paramètres d’analyse pertinents vis-à-vis des images et des sons du XXIe siècle, particulièrement de ceux qui ne sont pas captés mais synthétiquement et numériquement produits.
(Francine Lévy, directrice de l’ENS Louis-Lumière)

  • Ecole nationale supérieure Louis-Lumière
    7, allée du Promontoire
    93161 Noisy-le-Grand Cedex
    Tél. : 01 48 15 02 09