Cartoni France équipe en projecteurs les nouveaux studios de France Télévisions

par Groupe Zebra La Lettre AFC n°288

Cartoni France a remporté l’appel d’offre pour équiper les nouveaux studios de France Télévisions à Vendargues en projecteurs LED : FL 400, FL 800 et FL 1 600 de Cineroid et Practilite de Kinotechnik. Interview "côté technique" du directeur de la photographie Bruno Romiguière, qui tourne actuellement la prochaine série événement de France 2, "Grand Soleil".

Bruno Romiguière, vous êtes directeur de la photo sur la nouvelle série France 2 "Grand Soleil" qui sortira à la rentrée, tournée à Vendargues, dans les nouveaux studios de France Télévisions. Quel est le parti pris esthétique de la série ?


J’ai été contacté par Toma de Matteis, producteur de MFP, pour poser l’image de ce feuilleton. Toma et Sophie Gigon, de France Télévisions, souhaitaient moderniser l’image de ce nouveau programme tout en conservant le principe industriel de trois équipes par jour avec de gros minutages journaliers. Ils voulaient malgré ça une image plus proche de la série ou du téléfilm que des feuilletons actuels français.
Mon choix, de par mes goûts personnels et les contraintes de temps imposées par ce style de programme, s’est rapidement dirigé vers un style naturaliste, une image douce et élégante sans sophistication. Techniquement, cela se traduit par une lumière dite "à l’anglaise", tout en indirect. J’ai utilisé beaucoup la lumière en rebond sur ce programme surtout en studio.
L’autre souci esthétique était d’arriver à filmer tous les intérieurs studio sans dénoncer le procédé, ce qui n’est pas facile, surtout avec les découvertes sur fond vert des fenêtres traitées en incrustation.
J’ai opté alors pour une image studio assez solaire, avec des entrants de soleil qui correspondent bien à ce que voulait la chaîne : ce procédé d’entrants de fenêtre est rarement utilisé en feuilleton, ce qui permet aussi d’amener une image différente, et du réalisme.
Ces choix, s’ils nous permettent donc de sortir du standard esthétique du feuilleton, imposent cependant un traitement par axe de la lumière dur à concilier avec l’usage des deux caméras, souvent croisées, et le manque de temps par séquence. C’est là que le choix des projecteurs a été très important pour m’aider à appliquer cette méthode dans les meilleures conditions.

France Télévisions a choisi d’équiper les deux studios de 1 200 m2, décors, fonds verts, ainsi que son équipe de tournage extérieure, avec des panneaux Flex FL 400, FL 800 et FL 1600 de chez Cineroid et des Fresnel Practilite 604 de chez Kinotehnik sur DMX.

Pourquoi ce choix de projecteurs ? Que vous apportent-ils, que ne vous apportaient pas les projecteurs studio classiques ?

D’abord il faut dire que le choix des LEDs pour équiper les nouveaux plateaux est autant économique qu’artistique. C’est aussi un choix de confort de tournage puisqu’ils qu’ils ne génèrent que très peu de chaleur...
J’ai conjugué sur ce projet l’usage de peu de sources HMI et de sources secondaires constituées uniquement de ces panneaux Flex Cineroid.
Ce qui est évidemment génial avec ce système de dalles LEDs souples Cineroid, c’est leur grande douceur lorsqu’ils sont associés à leurs Softbox et Louvers, leur légèreté, la possibilité de dimmer sans changer la température de la source, leur plage de température de couleur de 2 700 à 6 500 K, et le fait de pouvoir les piloter en DMX. C’est aussi leur rendement incroyable et leur très grande plage d’éclairement bien utile pour les fonds verts. C’est enfin le fait de pouvoir les alimenter sur batterie V-lock, très utile en extérieur nuit sur perche ou pour équiper rapidement un décor naturel intérieur.
En fait, avec le temps qui nous est donné sur un tel projet, il ne m’aurait pas été possible de travailler si rapidement en traditionnel, de passer par exemple du jour à la nuit en dix minutes, d’une image froide du matin à une lumière plus chaude de fin d’après-midi.
La consommation électrique aurait été multipliée par dix, la chaleur intenable sans une très grosse climatisation, les équipements électriques décuplés, et le temps d’intervention sur chaque projecteur pour gélatiner, augmenté.

Comment utilisez-vous les Fresnel sur vos décors ?

En studio sur ce projet, j’ai privilégié peu de sources, un éclairage latéral le plus doux possible tout en conservant un beau contraste. J’essaye d’avoir du modelé sans générer d’ombres portées sauf solaires. Je n’ai jamais utilisé ou presque de Fresnel en direct sur ce projet et je me suis interdit d’éclairer "en contre" les personnages avec des Fresnel car c’est un des codes d’éclairage que l’on retrouve de façon redondante dans les feuilletons. J’ai donc utilisé les Practilite pour faire des tâches sur les décors ou en rebond sur floppy crème pour traiter les faces et 3/4 face de nuit.
En extérieur nuit à Montpellier, je m’en suis servi sur batterie avec une perche en direct, en utilisant la Softbox. Ils sont très pratiques, j’aime bien leur grande plage de focalisation, idéale pour faire des tâches et un faisceau propre…

Les FL 1600 ont été crées pour ce projet spécifiquement. En quoi ces projecteurs ont-ils changé votre façon de travailler ?

J’ai travaillé sur le dossier achat des équipements lumière de France TV sur une durée d’un an avec Charles de Cayeux. Je dois dire que ça été un vrai casse-tête pour trouver la source LED appropriée pour éclairer nos 60 mètres linéaires de fond vert sur cyclo. La solution évidente était le SkyPanel de chez Arri mais son poids entraînait un très gros surcoût sur le grill et son prix était hors-budget.
Regis Prosper, de Cartoni France, nous avait présenté, lors des essais à Lyon, les dalles 400 et 800 de Cineroid. Il nous a, par la suite, proposé un nouveau projecteur, le 1 600, composé de deux dalles de 800 montées sur une structure alu avec une Softbox de 80 x 80 cm.
Placé tous les 1,50 m sans Louver à environ 2,50 m du mur, pilotés en DMX, on obtient une surface de vert parfaitement homogène. La taille de la Softbox par rapport à la dalle est bien pensée et la plage de ce projecteur est incroyablement large sans point chaud. Leurs rendements est tel que pour obtenir un diaph de f:5,6 environ à 800 ISO sur mes fonds, les 1 600 ne travaillent qu’à 50 %, voire 40 %, de leur rendement tout en utilisant des gélatines Vert Ultimate !
Sur les équipes extérieures, on s’en sert sur batteries pour traiter des faces douces ou des contres, à la main en suivi de jour ou de nuit.

Les recommanderiez-vous ?

Je les recommande chaudement pour celui qui recherche une boîte à lumière légère et de fort rendement, aussi bien pour le cinéma, la télé ou la photo.