Disco Boy

Ce premier long métrage de Giacomo Abbruzzese a été un véritable parcours, il y a eu quelques années entre notre première rencontre et le film terminé. Alors si je devais trouver un mot pour qualifier tout ce (long) chemin, je pourrais dire "persévérance".

Giacomo avait des envies esthétiques très précises. Le défi visuel du film était ambitieux. Nous avions placé la barre haute. Le temps et l’argent nous ont obligé à affiner nos concepts, il nous a fallu réduire et rebondir, être sûrement plus inventifs, à aller "droit au but" dans le temps imparti. Avec toute un équipe autour de moi qui m’a extrêmement aidée à concrétiser, nous devions trouver des idées nouvelles, être plus radicaux, aller loin dans le concept visuel, et faire le mieux possible.

Le tournage se déroulait en trois parties : l’île de France (22 jours), la Pologne (4 jours) et l’île de la Réunion (9 jours). Une partie du scénario se passe dans le delta du Niger, mais nous étions dans l’impossibilité de tourner là bas, pour des raisons financières et politiques. Nous avons reconstitué ce pays avec des bribes d’autres lieux : la base nautique de Cergy Pontoise et l’île de la Réunion. Quelques plans d’hélicoptère ont quand même été véritablement tournés là bas, pour donner une autre dimension aux espaces, les ancrer plus réellement. Les usines en feu ont été rajoutées en effets spéciaux.

Les couleurs étaient très précises, rien n’a été laissé au hasard. Pour la boîte de nuit (recréée dans une église), le code couleur a été choisi en accord avec Vitalic, pour la jungle nigérienne nous sommes partis dans une direction de verts assez fluorescents, pour les nuits/crépuscules dans Paris il fallait une ville sans lampadaire, et pour la Pologne des couleurs en demi teinte .

Photo Hélène Degrandcourt


Photo Hélène Degrandcourt


Le choix de la caméra a été imposé par la disponibilité du parc de matériel de l’île de la Réunion. Donc ça a été mon premier film avec la Sony Venice. Je l’ai trouvé formidable, avec un rendu incroyable dans les nuits et les basses lumières. Ce qui était parfait pour Disco Boy, un film avec beaucoup de scènes de nuit ou de soir. C’était un défi de trouver comment filmer des peaux sombres dans les ambiances nocturnes. La caméra a été parfaite pour faire ces moments entre aubes et crépuscules, des temporalités un peu indéterminées. La caméra thermique participait à un concept poétique, un parti pris visuel pour alléger la bagarre nocturne et… la mort d’un des personnages.

Photo Hélène Degrandcourt


Le film est une sorte de voyage, il faut "prendre son ticket" et se laisser entraîner. L’image du film et la musique de Vitalic sont deux univers qui se rencontrent, ils ne sont pas l’un au service de l’autre mais se complètent. C’est un film de sensations, qui peut nous permettre de "partir".

Il était important pour moi de partager le Prix à Berlin avec Giacomo (l’Ours d’argent de la meilleure contribution artistique), car tout ce travail sur la lumière et sur les cadres ont été totalement conçus ensemble, rien n’a été fait sans son consentement, tout a été partagé.

Ce film a été possible grâce à l’investissement artistique et technique de l’équipe. Chacun a apporté sa touche dans chaque pays. Encore plus que sur les autres films, je peux dire que sans une équipe qui nous entoure, on ne serait pas grand chose.

Portfolio

Équipe

Equipe Paris :
Première assistante opératrice : Hélène Degrandcourt
Renfort Cadreur : Romain Le Bonniec
Opérateurs Steadicam : Thibault Marsan-Bacheré, Benjamin Groussain, Jake Russell
Opérateur Ronin : Aurélien Dubois
Cheffe électricienne : Marianne Lamour
Chef machiniste : Sébastien Demarigny

Equipe Pologne :
Première assistante opératrice : Marek Puzia
Cheffe électricienne : Iga Pop
Chef machinniste : Mikolaj Dziwosz

Equipe Ile de la Réunion :
Opérateur Steadicam : Emmanuel Dinh
Chef électricien : Jean-Baptiste Sanson
Chef machiniste : Arnaud Tranchant
Droniste : Adrien Diss

Etalonneur : Thomas Bouffioulx

Technique

Matériel caméra : Panavision à Paris et studio Acoustik à l’Ile de la Réunion (Sony Venice et série Cooke S4)
Matériel électrique : Transpalux
Lumières boîte de nuit/église : Art Tech Design
Matériel machinerie : TSF Grip (tournage Paris)

synopsis

Après un douloureux périple à travers l’Europe, Aleksei arrive à Paris pour intégrer la Légion étrangère. En quête d’une vie nouvelle, il est prêt à tout pour le passeport français qu’on lui a promis. Dans le Delta du Niger, Jomo lutte contre les compagnies pétrolières menaçant son village et la vie des siens. A la tête d’un groupe armé, il enlève un jour des ressortissants français. Un commando de la Légion étrangère intervient, mené par Aleksei. La rencontre entre les deux ne sera pas celle qu’on attend. Les destins d’Aleksei et de Jomo vont se confondre et se poursuivre par-delà les frontières, les corps, la vie et la mort.