Disparition de Marc Engels, cinéastes, amis et connaissances témoignent

Contre-Champ AFC n°308

Peu de temps après l’annonce du décès de Marc Engels, de nombreuses personnalités du cinéma l’ayant côtoyé ont fait part de leur émotion. Dans la suite de cet article, nous proposons d’autres témoignages évoquant le souvenir de ce professionnel du son reconnu et apprécié.

• Tous les soirs des chiffres tombent… Des spécialistes analysent des courbes… D’autres comparent des statistiques… Des journalistes se contredisent sur un point de détail… Des fake news circulent au milieu du marasme...
C’est devenu comme une petite musique… Des applaudissements à 20h répondent à des voisins qui trouvent que la petite voiture de l’infirmière qui partage la copropriété est garée trop près de chez eux… Ou alors est-ce l’inverse ?
Et puis une nouvelle tombe par un texto, un mail, un message WA ou simplement une voix qui nous appelle de son lieu de confinement… Un visage qu’on reconnait… Un sourire qui disparait… des épaules qui s’engloutissent… Une bonnette qui s’envole...
En partageant une nouvelle tragique avec d’autres repères dans notre profession, je note le message de Laurent Bozzi, chef coiffeur, et celui de Bouli Lanners, réalisateur et comédien. Quelque mots, une musique et une image qu’il me semblent bon de partager sur le site de l’AFC tant ce qui nous réunit est l’inverse de ce que nous traversons actuellement : l’isolement…
Courage !
Gilles Porte, AFC

• Marc avait cette élégance un peu britannique, mixée d’humour belge, qui apportait sérénité et bonne humeur sur le plateau. On savait qu’avec lui, tout allait bien se passer !
J’ai partagé avec Marc plusieurs films assez exigeants : ceux de Joachim Lafosse, L’Économie du couple, confiné dans un appart bruxellois, et Continuer, au milieu de l’Atlas marocain sous la neige, mais aussi Tueurs, que j’ai réalisé avec François Troukens. Il était de ceux avec qui un échange de regard suffisait pour reprendre courage quand la fatigue gagnait. Le souvenir de son sourire bienveillant restera longtemps avec moi.
Jean-François Hensgens, AFC, SBC

Marc Engels lors du tournage de {Tueurs}, en 2017
Marc Engels lors du tournage de Tueurs, en 2017

• Marc Engels, le très grand ingénieur du son et mon ami, est parti, emporté par le coronavirus. Il m’a fallu du temps pour pouvoir dépasser le choc de cette terrible nouvelle. Du coup, la réalité de la dangerosité de ce virus a pris place dans ma conscience. Il n’avait que 54 ans !
Nous avons baroudé partout dans le monde pour la série "Le Bureau des légendes". Du Maroc à l’Ukraine et de la Russie au Cambodge. Les moments passés avec lui sur le plateau étaient sécurisants, dus à son professionnalisme, et plein d’humanité.
Il travaillait toujours pas très loin de moi, quelque part dans mon dos, et j’étais en confiance totale car nous échangions souvent sur les difficultés que nous pouvions rencontrer. Lui, pour placer les micros avec Thomas, son perchman (nous tournions souvent à deux caméras), et moi, quand je ne pouvais pas placer une lumière autrement que de face…
Nous étions souvent ensemble après le tournage pour partager des moments de plaisir gastronomique et il nous parlait des excellents vins français dont il était amateur. Fin gourmet, bon vivant, cultivé, intelligent, drôle… J’étais le seul à l’appeler Marx Engels, c’était ma manière de me l’approprier et le lier à mon passé bulgare, il souriait en bon ami…
Adieu Marc, je garde le plaisir de ton souvenir…
Lubomir Bakchev, AFC

Marc Engels, au Cambodge en 2019 - Photo Lubomir Bakchev
Marc Engels, au Cambodge en 2019
Photo Lubomir Bakchev

• Je me souviens avoir pris cette photo de Marc Engels (ci-dessous) sur le tournage de Rémi sans famille, le 17 juin 2017.
J’avais mis une balle de tennis sur mon nez pour amuser mes camarades et Marc m’avait répondu avec sa bonnette.
En retrouvant cette photo, je me suis rappelé ces moments de joie et de complicité que nous pouvons vivre sur les tournages, cette "famille" que nous sommes… un temps…
Et puis, quand quelqu’un s’en va, on se souvient du lien intense et vivant qui nous a unis le temps de cette aventure.
C’est à cela que je pense aujourd’hui. Je pense à Marc et à tous les autres.
Laurent Bozzi, chef coiffeur

Marc Engels sur le tournage de {Rémi sans famille}, en 2017 - Photo Laurent Bozzi
Marc Engels sur le tournage de Rémi sans famille, en 2017
Photo Laurent Bozzi

Message de Bouli Lanners et Olaf*...
Bonjour les amis, ce petit mot d’Olaf pour vous tous…
En cette belle première journée sans notre ami Marc, j’avais envie de vous proposer - confinement oblige - de nous retrouver tous, en pensée, chacun chez soi, ce soir vers 20 h avec une bonne bouteille de vin et en écoutant un bon morceau de musique, choses que Marc appréciait tout particulièrement et que nous avons tous sûrement partagées avec lui à un moment ou l’autre… A cette heure où beaucoup de monde applaudit, nos pensées et tous les applauses du quartier, nous les dédierons à Marc emporté par ce putain de "grand n’importe quoi" (selon sa propre expression !) de Corona.

Je me permets de joindre un lien vers cette chanson de Arbouretum que j’ai eu l’occasion de partager un jour avec Marc en lui disant : « Je jour où je meurs, j’aimerais que vous mettiez ce morceau en pensant à moi »... Tu es parti avant moi, je te le dédie aujourd’hui mon ami...


https://youtu.be/4dD0OQ7jVwU

* "Olaf" n’est autre qu’Olivier Struye, assistant son de Marc Engels et lui aussi chef opérateur du son.

En vignette de cet article, Marc Engels pendant le tournage du Mystère Henri Pick, en 2017 - Photo Sophie Berger

Messages

  • Le 9 avril, en début d’après-midi j’ai appris une mauvaise nouvelle. Me suis senti tomber : effondré. Marc Engels a été emporté par le virus. Il a été parmi mes étudiants à l’IAD. Je l’ai vu évoluer comme perchman, notamment aux côtés de Pierre Mertens. Et ensuite il est devenu un brillant « chef opérateur du son », à ma connaissance le seul belge à avoir obtenu un César du meilleur son. Nous avions des contacts réguliers, fréquents, et ça me faisait plaisir de partager avec lui des réflexions sur le métier, des « petits trucs » que nous discutions dans un échange de points de vue parfois contradictoires mais toujours respectueux. Il venait de commander un second Cantar-X3... Ce soir je sens qu’il va y avoir un vide. J’entends encore sa voix, je vois son visage, mais ce seront maintenant des empreintes, comme ces images et ces sons que nous passons notre vie de cinéastes à tenter de “saisir”. Il rejoint les membres de la petite famille belge du « cinéma » avec qui on a vécu des moments si précieux, de partage, qu’ils sont devenus inoubliables. J’espère que les belles âmes de Marc Engels, Frank Struys, Gilles Laurent, Stella Bertiglia, David Lamberta, Thierry Van Laere, Alain Peeters, Serge Larivière... continueront à souffler de l’énergie. La compagne de Marc, Sabine, a besoin de chaleur. Je ne doute pas que nous saurons l’entourer.