Disparition du directeur de la photographie Jean Rabier

La Lettre AFC n°262


Nous avons appris avec tristesse le décès, lundi 15 février 2016, à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), de Jean Rabier, directeur de la photographie de près de quarante films de Claude Chabrol, à l’âge de 89 ans. A l’image de Ghislain Cloquet, Raoul Coutard, Henri Decaë, Willy Kurant ou Sacha Vierny, il aura été l’un des grands opérateurs de la Nouvelle Vague.
Jean Rabier et Claude Chabrol - Collection Jean-Yves Rabier
Jean Rabier et Claude Chabrol
Collection Jean-Yves Rabier

Né en 1927, Jean Rabier a d’abord commencé sa carrière sur des documentaires, puis la poursuit avec Henri Decaë en tant qu’assistant opérateur sur Ascenseur pour l’échafaud, de Louis Malle, en 1959, ensuite comme cadreur sur Les Quatre-cents coups, de François Truffaut, la même année, Plein soleil, de René Clément, en 1960, Léon Morin, prêtre, de Jean-Pierre Melville, en 1961. Mais aussi déjà pour Claude Chabrol sur Le Beau Serge, en 1958, Les Cousins, en 1959, ou encore Les Bonnes femmes, en 1960. Et c’est avec ce dernier, mort en 2010, que l’homme passera la plus grande partie de sa carrière – riche de plus de soixante-dix documentaires, longs métrages et films pour la télévision – qui s’est arrêtée en 1991 avec Madame Bovary.

De cadreur, Jean Rabier est donc devenu directeur de la photographie en 1961 avec Les Godelureaux, de Claude Chabrol, et a accompagné ce dernier sur quarante autres films. Il a également travaillé avec Agnès Varda pour Cléo de 5 à 7, en 1961, et Le Bonheur, en 1965, Jacques Demy pour La Baie des anges, en 1962, et Les Parapluies de Cherbourg, en 1963, Marcel Ophüls pour Peau de banane, en 1963, ou encore Carlos Vilardebó, Serge Korber, Terence Young, Alain Jessua.

Cité par Caroline Bess, dans Télérama du 22 février 2016, son fils Jean-Yves, assistant décorateur, joint par téléphone, se remémore ses souvenirs d’enfance sur le tournage des films de Chabrol.
« Mon père, Jean Rabier, a probablement rencontré Claude Chabrol au contact de cinéastes de la Nouvelle Vague. Il parlait peu de son travail, mais je me souviens qu’il nous emmenait sur certains tournages. Je me souviens de celui du Boucher, en Dordogne, ou d’autres films tournés en Bretagne. L’ambiance était très familiale. On nous emmenait, nous les enfants, manger des tonnes de crêpes.
Sur le tournage de Que la bête meure, on faisait des balades à vélo. Je me souviens encore de Claude Zidi [cadreur de nombreux films de Chabrol, avant de devenir réalisateur], un grand joueur, et des soirées poker qu’il organisait après les journées de tournage. Il y avait une ambiance incroyable dans ces années-là, les années 1970-80, l’âge d’or. »