Documentaire "L’Œil, le pinceau et le Cinématographe", sur Arte-tv

Naissance d’un art

Contre-Champ AFC n°325

En parallèle à l’exposition "Enfin le cinéma ! Arts, images et spectacles en France (1833-1907)" au Musée d’Orsay, ce documentaire de Stefan Cornic retrace « l’histoire du regard moderne dans un XXe siècle devenu celui de la spectacularisation du monde. Entre les nouveaux paysages urbains, les perspectives haussmanniennes ou les travellings panoramiques offertes par le train, l’œil, constamment stimulé, est sans cesse en mouvement. L’homme moderne devient un flâneur, un observateur. »

Reprenant le constat de Charles Péguy selon lequel ce monde a plus changé entre 1880 et 1914 que depuis les Romains, l’auteur revient sur les bouleversements dans les domaines technologiques (la train), artistiques (la peinture, la photographie) et architecturaux (chantiers haussmanniens) qui, tout au long du XIXe siècle, vont progressivement et durablement modifier notre regard sur le monde.
Le défilement du paysage perçu au travers du cadre de la fenêtre d’un train, comme la représentation de ce nouveau moyen de transport dans la peinture (Turner, Monet), l’ouverture des perspectives dans le Paris du baron Haussmann ainsi que les nombreux balcons sur les immeubles qui deviennent ainsi de nouveaux postes d’observation, la prolifération des affiches et autres annonces de spectacles sur les façades aveugles et les colonnes Morris, puis les Expositions universelles successives qui achèvent de faire de Paris une des villes les plus visitées et les plus regardées, tout concourt à cette mutation du regard, à cette fascination pour le mouvement qui trouveront un prolongement concret chez les artisans du pré-cinéma (E. Muybridge, E. J. Marey, E. Reynaud...) jusqu’à l’avènement du Cinématographe des frères Lumière.