L’Eidophore, un système de téléprojection

Une conférence de Kira Kitsopanidou
Dans le cadre de ses conférences mensuelles, le Conservatoires des techniques cinématographiques se penche cette fois-ci, grâce à l’intervention de Kira Kitsopanidou, sur le procédé de projection par " télétransmission " Eidophore, présenté pour la première fois en 1943 par le professeur Fritz Fischer.

En 1951, Raymond Spottiswoode écrivait : « Si tous les programmes des salles de cinéma étaient composés d’actualités et de films télétransmis, les frais de copies seraient éliminés, les équipes des projectionnistes seraient considérablement réduites, de nombreuses agences locales de distribution disparaîtraient et, plus important encore, les coûts de production des films pourraient être amortis en quelques semaines, au lieu de quelques mois, par la télétransmission simultanée dans plusieurs milliers de salles ». Cette même année, la 20th Century-Fox fait l’acquisition d’une technologie suisse de téléprojection à haut niveau de lumière, l’Eidophore du professeur Fritz Fischer.

Proposer au public des salles de cinéma « des places pour les meilleurs divertissements que le théâtre, l’opéra, le ballet et la scène musicale puissent offrir », telle est l’ambition du président du studio américain, Spyros Skouras. Alors que cette première tentative de mise en place d’une distribution électronique de contenus dans les salles de cinéma aux Etats-Unis s’éteint progressivement au milieu des années 1950, l’engagement de la Fox dans l’Eidophore se poursuivra jusqu’aux années 1960.

Pensé par Fischer à partir de la technologie de projection déjà existante dans la cabine, l’Eidophor présente une série d’analogies intéressantes avec le projecteur de cinéma que les ingénieurs de la Fox essaieront de pousser encore plus loin (sans succès). En effet, outre l’adaptation à la couleur, le studio envisage dès 1952 à ajouter aussi l’Hypergonar au projecteur. En se penchant sur un chapitre moins connu de l’histoire des innovations techniques dans les salles de cinéma des années 1950, cette intervention fera aussi la lumière sur les usages de la télévision projetée en Europe et aux États-Unis.

Kira Kitsopanidou est maître de conférences à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 (UFR Arts et médias, département Cinéma et audiovisuel). Elle y enseigne notamment l’histoire des techniques et des métiers du cinéma.
Elle a publié de nombreux articles sur l’histoire de l’innovation technologique dans l’industrie cinématographique américaine et notamment sur l’introduction de la télévision projetée dans les salles de cinéma aux Etats-Unis. Elle prépare actuellement un ouvrage sur l’histoire du cinéma en 3D en collaboration avec Martin Barnier (à paraître aux éditions Armand Colin en 2013).
Ses travaux plus récents portent sur l’histoire des contenus alternatifs dans les salles de cinéma, l’histoire de la télévision projetée en France et l’impact du numérique sur les laboratoires photochimiques et les métiers de l’exploitation cinématographique.

Conservatoire des techniques cinématographiques
Cinémathèque française
51 rue de Bercy Paris 12e
Vendredi 11 mai 14h30

  • Prochaine conférence  : Évolution des systèmes sonores des années 1940 aux systèmes Dolby-Stéréo et leurs corrélations avec les systèmes d’image, conférence-projection de Jean-Pierre Verscheure
    Vendredi 1er juin 2012, 14h30