L’éditorial de mai 2025, par Nathalie Durand, vice-présidente de l’AFC


L’actualité m’agresse, la marche du monde me terrifie. La photo lauréate du World Press 2025 l’exprime mieux que mes mots. Bravo à Samar Abou Elouf, photojournaliste. Il se trouve que le même jour, je suis allée au Jeu de Paume pour l’expo "Le monde selon l’IA" et puis je suis aussi allée au cinéma voir Deux sœurs, de Mike Leigh. Le privilège de celles et ceux qui n’ont pas trop de boulot en ce moment…
Quelques heures d’écart et pourtant tout un monde.
Une froideur abyssale au Jeu de Paume, malgré les tentatives louables des artistes de s’emparer de l’outil. On reste parfois fasciné par les écrans mais c’est difficile d’y trouver de l’émotion. Et qu’est-ce que l’art si ce n’est partager des émotions.
Et Mike Leigh avec Deux sœurs me bouscule de l’exaspération à l’empathie avec un personnage féminin acariâtre, en colère contre le monde entier, mal aimable (formidable Marianne Jean-Baptiste). Je suis ressortie de là pleine de questions mais tellement revigorée par le pouvoir de la fiction au cinéma.
Le festival de Cannes sera, cette année encore, la vitrine d’un cinéma mondial. Les cinéastes sauront nous faire vibrer et malgré la futilité de la Croisette nous partagerons des émotions pour tenter d’adoucir le désastre du monde.