Le Temps des aveux
Paru le La Lettre AFC n°248
Francois Bizot fut libéré après quatre mois de détention grâce à son geôlier Douch. Le film s’interroge sur le rapport ambigu de ces deux hommes, le bourreau et sa victime.
Compliqué à monter financièrement, décalé d’un an, le tournage du film a pu commencer en janvier 2014 pendant 38 jours au Cambodge avec un budget serré.
Pour Régis Wargnier, il s’agissait de sa première expérience en numérique et j’avais envie de lui proposer une image digitale avec une texture plus organique.
J’ai testé la caméra Sony F55 et l’Arri Alexa. Au-delà de son ergonomie délicate, j’ai trouvé la Sony trop piquée, trop brillante. Je n’ai pas réussi à lisser son rendu. La LUT 35 mm de chez Eclair un peu modifiée, appliquée sur l’Alexa, m’a convaincu.
Pour être au plus près des acteurs Régis avait le désir d’un film tourné à l’épaule. Ce choix nous a permis d’épouser le point de vue de François Bizot pendant son calvaire.
La violence du régime khmer est dans ce film latente, souvent hors champ.
Nous avons tourné les séquences dans la continuité du scénario par simplicité pour Raphaël Personnaz et Kompheak Phoeung afin qu’ils restent entièrement plongés dans l’histoire. Mais pour moi, ce fut un vrai casse-tête pour tourner, dans les bonnes heures, les nombreuses séquences à effets soir ou aube.
Le film s’est tourné à deux caméras. L’une à l’épaule, l’autre sur un Steadicam opéré par Reenat Lambeets. Ceci permettait de maintenir une souplesse pour le jeu des comédiens dont la plupart n’étaient pas professionnels.
Les décors naturels étaient magnifiques et nous avions envie d’une image brute, sans effet de stylisation. Une image qui ne détourne pas le spectateur de ce huit clos. Nous nous sommes imposé certaines règles : pas de travelling, éviter les plans trop larges et éclairer seulement les extérieurs avec la lumière naturelle.
La série d’optiques Master Prime m’a bien aidé à sortir les séquences de nuit dans le camp.
Les quelques guirlandes accrochées dans les arbres et les projecteurs à " effet feu " confectionnés par le chef électricien Stéphane Bourgoin (à base d’ampoules scintillantes recouvertes de peinture orange) m’ont permis d’obtenir des nuits qui me semblent justes, avec peu de matériel. Un gros travail de point d’ailleurs sur ces scènes difficiles de la part de Guillaume Dreujou et de Zoé Vink.
L’une de mes sources d’inspiration fut le livre du photographe Lucas Foglia, A Natural Order. On revisionne évidemment les films de Terrence Malick pour ce genre de tournage. Je me suis aussi intéressé au travail de Javier Aguirresarobe effectué sur le film La Route, à celui de Roger Deakins sur Jarhead et à celui de Morten Søborg sur Valhalla Rising.
Au final, j’ai éprouvé un grand plaisir à tourner avec Régis pour cette première collaboration. Ce fut aussi une très belle rencontre avec l’équipe cambodgienne.
Production : Les Films du Cap (Jean Cottin) – Bophana Production (Rithy Panh)
Directeur de production : Pascal Bonnet
Créatrice de costumes : Elisabeth Rousseau
Chef décorateur : Paul Rouschop
(Dans le portfolio ci-dessous, quelques images du Temps des aveux)
Équipe
Caméra B et opérateur Steadicam : Renaat Lambeets1ers assistants caméra : Guillaume Dreujou et Zoé Vink
Second assistant caméra : Bun Chanvisal
Assistant vidéo : Kacada Sam, Sethany Kung
Chef électricien : Stéphane Bourgoin, assisté de Mathieu Dequirot, Pilot Huon et Chamnan Chhourn
Chef machiniste : Sochivireak Em, assisté de Rattanak Sun et Ratha Saom
DIT : Guillaume Poirson
Technique
Matériel caméra : TSF Caméra (Arri Alexa Plus ProRes 2K, série Master Prime, zoom Angénieux Optimo 28-76 mm)Matériel électrique : TSF Lumière et Cambogear
Matériel machinerie : TSF Grip et Cambogear
Laboratoire : Eclair Group
Etalonnage : Fabrice Blin
Effets spéciaux : Alain Carsoux