Le crédit d\’impôts à la production accueilli favorablement

Le nouveau dispositif, visant à lutter contre la délocalisation des tournages, qui bénéficiera aux sociétés de production de films français à partir de janvier 2004 fait le bonheur des représentants des industries techniques. Pour Thierry de Segonzac, coprésident de la Ficam (Fédération des industries du cinéma de l\’audiovisuel et du multimédia), « cette nouvelle mesure est un outil efficace pour relocaliser la production cinématographique. Nous espérons maintenant qu\’elle va s\’étendre à la fiction et aux productions internationales ».
Chez les producteurs, le crédit d\’impôts est également reçu avec enthousiasme. Au Syndicat des producteurs indépendants (SPI), Marc-Olivier Sebbag se réjouit de cette « très bonne mesure qui va profiter à de nombreux films français ». Au moment où les sociétés françaises ont de plus en plus de mal à financer leurs films, la mesure apporte incontestablement une plus grande souplesse.
L\’avantage fiscal est moins conséquent que dans d\’autres pays européens. En Grande-Bretagne, en Irlande, au Luxembourg, dans les länder allemands, il est environ deux fois plus élevé, et la Belgique s\’apprête à offrir un abattement de 50 %, mais selon un mode opératoire très compliqué. La question de la concurrence des taux se posera réellement, selon Thierry de Segonzac, si, comme il le souhaite, le dispositif devient accessible à des productions internationales. Elle se pose déjà toutefois chez les producteurs les plus aguerris aux coproductions internationales. Aux Films du Losange par exemple, Margaret Menegoz explique que malgré son intérêt réel, « ce nouveau système me semble moins attractif que mes coproductions ».

Un doute plane encore concernant l\’application pratique de la mesure. Selon Christophe Mazodier, consultant en coproductions internationales, l\’administration fiscale, qui va débourser de l\’argent pour les producteurs qui ne payent pas l\’impôt sur les sociétés, risque d\’exiger un accès ouvert à leurs comptes. Or, dit-il, « dans le cinéma, les entreprises fonctionnent globalement sur le mode de la survie ; il n\’est pas rare que les producteurs se payent très peu, et que, sans forcément être dans l\’illégalité, ils fassent preuve d\’une certaine souplesse avec leurs comptes. On peut imaginer que tous ne voudront pas se précipiter ». (Isabelle Regnier)