Le patrimoine cinématographique en question dans un supplément spécial du "Film français"

La Lettre AFC n°247

A l’occasion de la 6e édition du Festival Lumière, qui se tient à Lyon du 13 au 19 octobre 2014, l’hebdomadaire Le film français du 10 octobre publie un supplément spécial qui fait le point sur la valeur économique, éducative et sociétale du patrimoine cinématographique.

« Le patrimoine cinématographique n’est pas seulement un enjeu mémoriel mais bien un enjeu de civilisation, car restaurer, préserver et diffuser les richesse de l’histoire du cinéma, c’est féconder l’avenir. » Ainsi s’exprime Frédérique Bredin, présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), en préambule d’une intervention dans les premières pages de ce supplément spécial.

Dans un entretien accordé à Jean-Philippe Guerand, Laurent Cormier, directeur du Patrimoine cinématographique au CNC, revient sur les attributions et les activités du service des Archives du film, créé en 1969 à la demande d’André Malraux, ministre d’Etat chargé des Affaires culturelles. Sur l’étendue de la partie " film " du patrimoine, les budgets dégagés et les coûts induits par sa conservation, sa restauration et sa numérisation – coûts allant en augmentant du fait des améliorations de la technologie.
A la question " La généralisation du numérique est-elle de nature à modifier l’état du patrimoine ? ", Laurent Cormier répond :
« Il y a un sujet qui nous préoccupe beaucoup, c’est la conservation à long terme du cinéma d’aujourd’hui. Nous sommes tous capables de restaurer numériquement du patrimoine photochimique, parce que l’on sait conserver la pellicule sur le long terme. Les restaurations que nous accompagnons dans le cadre du dispositif de numérisation sont assorties d’un retour sur pellicule, car la conservation d’un master 2K ou 4K est hasardeuse. Cela nous permet d’avoir un négatif de grande qualité en vue d’exploitations ultérieures. Dans le cadre du dépôt légal, nous appliquons le même principe, mais très peu d’ayants-droit le respectent, pour des raisons économiques.
Nous travaillons avec la CST et la Ficam à mettre en place des recommandations techniques destinées aux producteurs sur la sauvegarde des éléments numériques, du premier jour du tournage jusqu’à la fin de la postproduction, puis la conservation du " master numérique ", l’équivalent du négatif, ce que n’est pas un DCP, pour les années d’exploitation de toutes natures qui suivent. Sur le long terme, seul un retour à des éléments photochimiques permet de s’affranchir des mutations technologiques trop rapides. Il est fondamental d’organiser la conservation, malgré l’absence de visibilité sur l’avenir. C’est une véritable question de société. »

Au sommaire également de ce supplément :
- " La salle : écrin du film classique " ;
- " Le cinéma de patrimoine à la croisée des médias " ;
- " 1993-2013 : deux décennies de reprise à la loupe " ;
- des rencontres avec Jérôme Seydoux, coprésident de Pathé, et Sidonie Dumas, directrice générale de Gaumont ;
- " Comment le numérique redonne vie à la pellicule... ", un article dans lequel Marc Bourhis dresse un état des lieux des principales étapes juridiques, historiques, techniques et artistiques de la restauration d’une œuvre.