Le travail d’Edward Berger et Stéphane Fontaine, AFC, sur "Conclave" au sommaire de l’"American Cinematographer" de janvier 2025
Stéphane Fontaine, AFC, et le réalisateur Edward Berger exploitent les thrillers classiques des années 1970 pour en faire un drame moderneDébut de l’article
Malgré son histoire contemporaine, le drame de la Cité du Vatican Conclave rappelle les thrillers paranoïaques classiques réalisés par Alan J. Pakula dans les années 1970.
« L’époque des années 1970 est de retour, ce sentiment de paranoïa, de méfiance et de surveillance que Pakula a su si bien capturer », déclare le réalisateur Edward Berger. « Je voulais faire un thriller de conspiration politique et j’ai pensé que je pouvais le faire non pas à Washington, DC, mais à Rome. »
Pour l’aider à réaliser cette vision, Edward Berger a fait appel à Stéphane Fontaine, AFC, après avoir été impressionné par son travail sur Un prophète et De rouille et d’os, de Jacques Audiard, ainsi que sur Jackie, de Pablo Larraín, et Ammonite, de Francis Lee. « C’est un maître », déclare Edward Berger. « Il est également très discret et c’est très agréable de collaborer avec lui. C’est un homme humble qui essaie de trouver la vérité dans le film. »
La vérité, dans Conclave, est vraiment sombre. Adapté du roman éponyme de Robert Harris (2016), le film commence au lendemain de la mort du pape. Le cardinal Lawrence (Ralph Fiennes) est chargé d’organiser le conclave où ses collègues cardinaux, convoqués de par le monde entier, éliront le nouveau pape. Parmi les candidats figurent le progressiste Bellini (Stanley Tucci), le réactionnaire Tedesco (Sergio Castellitto) et le populaire Blay (John Lithgow). Au fur et à mesure que le travail de Lawrence progresse, il découvre des secrets qui menacent de corrompre le processus.

De la célèbre série de drames conspirationnistes de Pakula - Klute, À cause d’un assassinat et Les Hommes du président, tous tournés par Gordon Willis, ASC, « À cause d’un assassinat a été une source d’inspiration particulière pour la stratégie visuelle de Conclave », explique Stéphane Fontaine. « Edward aimait ce genre de [précision] dans le cadrage. Lors de nos premières conversations, nous avons même envisagé de tourner chaque scène en un seul plan large et statique. Il y en a pas mal dans À cause d’un assassinat. Les cadres sont rigides ; c’est comme si les personnages sont pris au piège et qu’il n’y a pas d’issue.
« L’Église catholique romaine a des structures et des règles très strictes, et nous devions trouver un moyen de traduire cette force dans les compositions », ajoute-t-il. Ils y sont parvenus en ancrant les cadres dans la géométrie des cours, des colonnes, des portes, des escaliers et des sols carrelés - un réseau qui semble souvent éclipser les cardinaux et les nonnes qui s’y déplacent. [...]
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