Madame Claude
Paru le Contre-Champ AFC n°318
Léo Hinstin, AFC, revient sur son expérience de tournage, en Sony Venice, optiques Leitz Thalia et nouvel Angénieux 36-435 x12 Plein Format, sur Madame Claude.
Laurent Kleindienst : Lors de ta rencontre avec Sylvie Verheyde, quelle était son intention artistique ?
Léo Hinstin : Quand je suis arrivé sur le projet, je ne connaissais pas Sylvie ; elle avait vu certains des films que j’avais éclairés, Nocturama, de Bertrand Bonello notamment, elle avait aussi observé le travail que je fais en pub, sur des projets mode et beauté, où l’on cherche à faire une image "léchée", façon papier glacé. Sylvie voulait une image comme ça sur le film, c’est-à-dire vraiment une image esthétique, comme dans les magazines, une esthétique qui se rapproche de la photo de mode, mettant en valeur les très beaux décors et costumes qu’elle prévoyait pour le tournage.
Parallèlement à ça, elle m’avait beaucoup parlé de prise de vues à l’épaule. De mes premières discussions avec ses proches collaborateurs parmi les membres de l’équipe, notamment son assistante, Valérie Roucher, il ressortait effectivement qu’elle apprécie de filmer en caméra portée, qu’elle n’effectue pas ou peu de répétitions et tourne très rapidement. Et puis Sylvie m’avait dit qu’elle aimait souvent faire des gros plans en focale assez courte, sans faire des plans déformés, mais de manière à ce que la caméra soit physiquement très proche des acteurs/actrices. Par exemple en plans-séquences à l’épaule qui partaient de vues très larges du décor et terminant au plus près sur un visage, face à une fenêtre.

LK : Comment t’es-tu décidé sur le choix du matériel ?
LH : Cette dynamique étant énoncée par Sylvie, j’avais essayé la Sony Venice sur un précédent projet, elle m’avait beaucoup intéressé. Caroline Champetier m’en avait également beaucoup parlé et j’ai compris pourquoi elle trouvait que c’était une caméra innovante, qui apportait une vraie liberté de tournage pour un directeur/trice de la photographie, à la fois en termes technique et esthétique. Esthétiquement, la très grande qualité du capteur m’a marqué, notamment son rendu sur les carnations. J’ai été vraiment ébloui la première fois que je m’en suis servi.
Sur le plan purement technique la double exposition, le "dual ISO", la double sensibilité, c’est quelque chose que j’avais déjà expérimenté en me servant de la Varicam de Panasonic. C’est idéal parce que ça permet d’éclairer "à l’œil" et de gagner du temps de tournage en fin de journée. Nous avons effectué quelques tests, je savais que les modes 500 ISO et 2 500 ISO étaient parfaitement compatibles, c’est-à-dire qu’ils se montent l’un et l’autre parfaitement à l’intérieur d’une même séquence, sans aucun problème d’étalonnage.

En long métrage, quand tu sais que tu vas partir sur des grands plans à l’épaule, traverser 15 fois le décor dans la même séquence, faire des 360°, etc., avoir une caméra super sensible te permet de ne pas devoir installer des tonnes d’éclairage. De plus, pour filmer des gros plans en courte focale à l’épaule, je me suis dit qu’un grand capteur allait être parfait pour limiter les déformations.
Madame Claude étant un film d’époque, on s’attendait à devoir faire un peu d’ "effaçage numérique", mais le budget limité ne permettait pas d’en faire beaucoup. Un autre avantage du grand capteur, en jouant sur la profondeur de champ, a été d’obtenir des flous bien marqués sur les arrières-plans, ce qui nous a dispensé d’effacer certaines voitures, panneaux, etc.
- Lire l’entretien dans son entier sur le site Internet de TSF.
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