Mission Apollo 11 : Objectif Lune pour Angénieux !
L’incroyable succès de la mission Apollo 11
Le programme Apollo débute dès 1961. Il prendra fin en 1975. Sa mission : envoyer un équipage de trois hommes en direction de la Lune, en faire alunir deux et les faire tous revenir sains et saufs, et ce grâce à la plus importante fusée jamais construite, Saturn V, capable de lancer deux modules spatiaux : le module de commande et le module lunaire. Ce programme commence mal avec l’incendie au sol d’Apollo 1, le 27 janvier 1967, et la mort de son équipage, les trois astronautes Virgil Grissom, Edward White et Roger Chaffee. Après Apollo 1, Apollo 7 en octobre 1968 est la première nouvelle mission habitée. Six des missions Apollo (11, 12, 14, 15, 16 et 17) atteindront la Lune.
Pour Apollo 11, la fusée s’élance depuis le centre spatial Kennedy en Floride le 16 juillet 1969. Elle emporte un équipage composé de Neil Amstrong, commandant de la mission et pilote du module lunaire, Edwin "Buzz" Aldrin, qui accompagnera Armstrong sur le sol lunaire, et Michael Collins pilote du module de commande qui restera en orbite lunaire. Amstrong et Aldrin, après un alunissage un peu difficile le 21 juillet 1969 (le 20 juillet Outre-Atlantique), vont rester 21 heures et 30 minutes sur la Lune effectuant une unique sortie extra véhiculaire d’une durée de 2 heures et demie et marquer l’empreinte du pas de l’homme sur la Lune.
Après redécollage, le module lunaire retrouve le module de commande resté en orbite lunaire. Le vaisseau Apollo reprend alors le chemin de la Terre et amerrit sans incident dans l’océan Pacifique à l’issue d’un vol qui aura duré 195 heures.
Le choix des équipements de prise de vues, un enjeu stratégique
Pour montrer au monde les images filmées des succès de la NASA dans "sa course de l’espace" engagée contre l’URSS, le choix des équipements de prise de vues constitue un enjeu stratégique de communication. Dès 1961, la NASA lance pour ses missions Apollo un appel d’offres aux fabricants de caméras de télévision. Les caméras Maurer et RCA Astro Electronics (division du fabricant américain de caméras RCA) sont déjà fournisseurs de la NASA. Elles intègrent le programme Apollo. Les contraintes pour ces caméras sont nombreuses. La NASA souhaite des caméras de petite taille, légères, fiables dans l’environnement lunaire, peu consommatrices d’énergie et facilement opérables par les astronautes.
Pour équiper ces caméras, il faut des optiques. La notoriété et la réputation d’excellence acquises aux Etats-Unis dès les années cinquante par Angénieux aussi bien auprès des fabricants de caméras film (la marque reçoit son premier Oscar Technique en 1964) que des caméras de télévision à tubes (notamment RCA) expliquent l’intérêt que porte la NASA aux objectifs de cette petite entreprise française. Les objectifs Angénieux ont déjà été sélectionnés pour les missions Ranger et Gemini préalables aux missions Apollo et fait leurs preuves : trois des six optiques embarquées sur Ranger 7 renvoient les premières images de la Lune le 31 juillet 1964 sont des focales 25 mm ultra lumineuses d’Angénieux. Les optiques Angénieux resteront sur le programme Apollo. Pour Angénieux, l’aventure de la conquête de l’espace se poursuit .
Après l’incendie d’Apollo 1, la NASA se concentre sur la fiabilité du projet, la retransmission d’images télévisées devient secondaire, voire problématique compte-tenu du poids supplémentaire à embarquer.
Les missions habitées reprennent avec Apollo 7. Les caméras noir et blanc RCA à tubes et Maurer 16 mm sont sélectionnées pour les missions Apollo 7, 8 et 9. Les caméras Maurer sont placées à bord des modules de commande. Elles sont équipées des optiques fixes françaises 75 mm f/2,5 d’Angénieux. Sur les caméras RCA, dans le module lunaire, sont montées des optiques américaines Fairchild et Argus Optics.
Les images couleur arrivent sur Apollo10. Le fabricant américain Westinghouse remplace alors RCA. Westinghouse a en effet développé une nouvelle caméra couleur à l’origine pour l’armée américaine. Son tube est plus sensible que celui des caméras précédentes et permet de prolonger les retransmissions d’images télévisées du matin au soir lunaire. Son système de conception (Field Sequential) permet d’avoir une caméra plus compacte et moins consommatrice d’énergie que les caméras traditionnelles à trois tubes. Un problème demeure : le signal télévisé doit être recomposé pour être compatible avec le signal NTSC alors utilisé pour les transmissions couleur de la télévision américaine. La NASA va alors utiliser un système couplé d’enregistrement et de lecture magnétique, l’un écrivant sur la bande magnétique à partir du signal de la caméra, l’autre le lisant et le convertissant au format NTSC de la télévision américaine. Et pour faciliter l’usage de sa caméra, Westinghouse décide de l’équiper d’un moniteur portable et d’un zoom Angénieux, un 6x25 f/4,4 adapté du zoom 6x12,5 pour le cinéma 16 mm. Cette adaptation est nécessaire pour couvrir la zone sensible du tube de 25 mm de diagonale. Ces premiers 6x25 sont en réalité des 6x12,5 dotés d’un multiplicateur 2x. Leur bague de zoom reste gravée de 12,5 à 75 mm. Les premiers essais de la caméra couleur Westinghouse équipée d’un de ces zooms sur Apollo 10 en mai 1969 sont un succès. L’équipement fournit les premières images filmées en couleur de l’équipage et de la Lune.
Pour Apollo 11, la NASA décide cependant, pour limiter les risques de transmission, de tourner en noir et blanc les premières images de l’homme sur la Lune depuis le module lunaire. La caméra Westinghouse noir et blanc est équipée d’optiques Fairchild. La caméra couleur équipée du 6x25 reste dans le module de commande et prend en direct des images en couleur des astronautes Neil Amstrong et Buzz Aldrin dans leur voyage vers et depuis la Lune. Une caméra Maurer 16 mm équipée d’une optique Angénieux 75 mm est également à bord du module de commande prenant depuis un hublot les images magnifiques des manœuvres de séparation et d’amarrage du module lunaire.
Angénieux, une inventivité pragmatique au service de la NASA
Les premiers 6x25 étaient en réalité des 6x12,5 équipés d’un doubleur. Leur bague de zoom étaient gravés de 12,5 à 75 mm. Entre 1969 et 1970, pour répondre au souhait de la NASA, l’ingénieur opticien Jacques Debize redessine l’arrière du 6x12,5 pour en faire un 6x25 plus court et limiter le risque de chocs avec le casque des astronautes. Cette nouvelle version dont les bagues sont cette fois gravées de 25 à 150 mm sort en juillet 1970. Pour résister aux conditions de vide propres à l’environnement spatial, Angénieux a su élaborer un nouveau principe de lubrification de la mécanique, la graisse habituellement utilisée dégazant dans le vide en vaporisant sur les verres et développer de nouveaux traitements optiques contre le rayonnement solaire. Pour résister aux vibrations et à la chaleur dégagée lors du lancement de la fusée, ces optiques sont particulièrement résistantes.
Après le succès de la mission Apollo 11, le zoom 6x25 est embarqué sur les missions qui vont suivre. Il est à bord du module de commande des missions Apollo 12, 13, 14, 15, 16 et 17 et à bord du module lunaire des missions Apollo 12, 13 et 14. Sur les missions suivantes, les retransmissions sur le sol lunaire se font à partir du rover équipé d’une caméra couleur RCA et du zoom 6x 12,5 mm Angénieux.
L’aventure Angénieux dans la conquête spatiale ne s’arrête pas avec la fin des missions Apollo. Elle se poursuit bien au-delà avec Skylab, les navettes spatiales jusqu’à la mission Dawn qui a pris fin en novembre 2018.
Si la contribution d’Angénieux à la conquête spatiale américaine n’a jamais été une source de business important, elle a fait définitivement entrer la marque dans l’histoire et installé sa réputation d’excellence. Les développements menés pour satisfaire aux cahiers des charges de la NASA bénéficient aux gammes d’optiques cinéma particulièrement résistantes mécaniquement et optiquement aux conditions extrêmes de température ou de pression atmosphérique.
Pour en savoir plus sur la collaboration complète d’Angénieux aux programmes d’exploration spatiale de la NASA, le livre Angénieux et le cinéma : de la Lumière à l’Image (éd.SilvanaEditoriale – 39€) aujourd’hui disponible en librairies retrace l’attachement de la marque depuis bientôt 85 ans au monde du cinéma et revient sur tous les domaines auxquels Angénieux s’est intéressée : photographie, télévision, médical, optronique, surveillance et spatial.
Informations en anglais sur le livre Angénieux et le cinéma : de la Lumière à l’Image.