Par cœurs

Pendant quelques jours, au festival d’Avignon 2020 à la demande de Benoît Jacquot, Inès Tabarin et moi avons suivi Isabelle Huppert qui incarnait Lioubov dans La Cerisaie, de Tchekov, mise en scène par Tiago Rodriguez, et Fabrice Luchini venu dire Nietzche, Beaudelaire et Pascal. L’idée de BJ était de « ne pas les lâcher » dans le temps où ils n’étaient pas encore en scène, épier le basculement qui opère entre la répétition, l’attente, la préparation et le spectacle, entendre et regarder la métamorphose.

J’ai tout de suite pensé qu’il fallait être deux cadreurs pour rendre compte de cela et Inès Tabarin a accepté avec enthousiasme. La première étape a été de choisir notre outil, l’Alpha 7S III de Sony avec optiques dédiées (point automatique) nous a semblé intéressant. Nous avons fait quelques essais avec une amie rousse, connaissant les exigences d’IH, il fallait nous armer d’une courbe qui flatte ses couleurs et nous permette de prendre tous les risques, Martin Roux et Laurent Ripoll nous ont fabriqué cette courbe qui nous a bien aidées et préparées à un étalonnage doux ou les hautes fréquences sont retravaillées par endroit sans que l’image ne devienne un filtre uniforme pour créature cyber…
Il ne restait plus qu’à coller aux basques de nos deux acteurs, souvent dans la loge, les coulisses, les voitures ou les restaurants. Nous enregistrions également le son qui a été remarquablement retravaillé par Olivier Goisnard.
J’ai besoin du viseur, mon Alpha 7 était donc collé à mon œil gauche, tenu par une ou deux mains, coudes serrés. Inès, plus mobile, cadrait avec des poignées en visant à l’écran.
Il en résulte un diptyque étonnant sur des travailleurs du texte aussi différents l’un de l’autre que le jour et la nuit.
Par cœurs, produit par Kristina Larsen
Un grand merci à PhotoCineRent
Un très grand merci à Poly Son et à Laurent Ripoll
Sans oublier Frédéric Bois.
Caroline Champetier, AFC

Lorsque Caroline m’a proposé de suivre Isabelle Huppert et Fabrice Luchini à Avignon dans une réalisation de Benoît Jacquot, il a été tout de suite question de souplesse pour ne pas gêner et surtout ne rien briser de l’énergie des comédiens.
Légèreté était donc le mot d’ordre - que ce soit au niveau des datas et de l’équipement - le choix de l’Alpha 7 S III s’est vite imposé, ayant déjà testé les latitudes du signal sur Annette (avec le modèle II) en caméra C et D.
La simplicité du boîtier et de l’outil de cadre (autofocus, une LUT qui dispense de filtres optiques, batteries) nous a permis d’être en permanence en train d’évoluer et de pouvoir rebondir autour des propositions constantes de ces deux géants, d’être deux "œils directeurs" qui se relayaient selon leurs contingences ou improvisations.
Le tournage, très ludique, a été d’une très grande liberté.
Notre discrétion technique a participé à ce saisissement du "glissement" de l’incarnation et a encouragé une promiscuité rare dans l’intimité du travail de ces deux comédiens, le tout savamment orchestré par Benoît Jacquot. Le film retranscrit cette confiance mutuelle et cette joie partagée de la création et du regard.
Inès Tabarin, AFC

PS : Nous précisons que le premier plan de la bande annonce résulte d’un coup de zèle de l’agent d’IH qui fait apparaître notre travail haute couture en comparaison.

Bande-annonce officielle


https://youtu.be/sQPJSFk76dM

Technique

Matériel prise de vues : PhotoCineRent (deux boîtiers Sony Alpha 7S III, un objectif Sony G FE 50 mm et un zoom Sony FE 24-105 mm)
Laboratoire : Poly Son
Etalonneur : Laurent Ripoll

synopsis

Cet été, au festival d’Avignon, les deux acteurs se produisent sur scène. Ils sortent des coulisses et apparaissent métamorphosés. Pour le spectateur, impossible de deviner tout ce qui a précédé quand tout semble si naturel. En les suivant dans leur quotidien les semaines qui précèdent la première, Benoît Jacquot propose un regard inédit sur les deux comédiens et les montre comme on ne les a jamais vus.