Patrick Grandperret s’éloigne...

Par Pierre-William Glenn, AFC

par Pierre-William Glenn La Lettre AFC n°296

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J’ai connu Patrick il y a cinquante-six ans et c’est une des rares personnes avec lesquelles je n’ai jamais eu le moindre différent sur une aussi longue période. Une amitié, une fraternité exceptionnelle dans le partage de deux passions, la moto et le cinéma.

J’ai aidé Patrick sur son premier film sur la compétition motocycliste et il m’a fortement inspiré pour mon premier long métrage sur le même sujet. Patrick a récidivé une fois sur le sujet en réalisant Court circuits et moi deux fois avec 23h58 et Portrait de groupe avec enfants et motocyclettes. Nous partagions la même curiosité, le goût de l’aventure, la quête de la différence, de la générosité, de la solidarité et le goût du risque. La mort a rattrapé Patrick qui rejoint Pons, Rougerie, Léon, Choukroun, Husson, Garnier, Pasolini (le pilote moto), Saarinen et tant d’autres, nos icônes d’aventuriers passionnés qui ont vécu des vies intenses et qui sont morts, pour la plupart jeunes, comme des Rock Stars.

Patrick Grandperret, en 2008 - Photo Bernard Fau
Patrick Grandperret, en 2008
Photo Bernard Fau

Patrick était un frère pour moi, je savais qu’il serait à mes côtés dans toutes les situations difficiles, il savait que je serais toujours avec lui professionnellement, affectivement et artistiquement. Incarnation même du cinéaste indépendant dont les références étaient John Cassavettes et Monte Hellman, il a réalisé des grands films : Mona et moi, Court circuits, L’Enfant lion, Les Meurtrières, Fui Banquero contiennent tous des séquences insolites qui touchent au sublime. Ancien photographe, Patrick cadrait ses films avec un sens particulier de la composition et de la lumière.

Jusqu’à la veille de sa mort Patrick corrigeait, avec l’aide de sa femme Yvonne, les épreuves du concours de La Fémis. Quel meilleur symbole que ce passage de témoin aux jeunes générations de cet homme "forever young". Comme tous les grands créateurs, comme tous les grands acteurs, les belles personnes comme Patrick ne meurent pas, elles s’éloignent...

An vignette de cet article, Patrick Grandperret sur le tournage de Mona et moi, en 1990 - Photo Bernard Fau