Patrick Schulmann

par Dominique Gentil

par Dominique Gentil La Lettre AFC n°109

Patrick Schulmann s’est tué dans un accident de voiture la semaine dernière.
J’étais assistant à l’image sur son premier long métrage Et la tendresse bordel !. Je me souviendrai de sa certitude du succès, me disant : « Attention ! Que l’image soit nette, un million de personnes iront voir mon film ! » Et cela fut vrai.
Tes convictions, tes certitudes sont le souvenir le plus fort que j’ai de toi. Tes films, incisifs, cruels, provocateurs, drôles et parfois noirs ont une place dans notre cinéma, je dirais même la place de ne pas en avoir car, critiques et spectateurs étaient toujours très déroutés par tes films inclassables qui ne laissaient jamais indifférents.
Patrick travaille comme un artisan, trouvant souvent lui-même les solutions techniques pour réaliser tel ou tel effet, construisant les décors, dessinant les costumes, écrivant la musique de ses films. Il trouve son inspiration dans l’observation acide et pertinente de la société. Pour moi Patrick est un " griot " occidental parlant avec totale liberté de sujets tabous et impudiques.
T’ayant accompagné sur quatre de tes films, fait la photo du dernier Comme une bête, je peux témoigner que tes convictions, ta détermination, ton incision ne se sont pas émoussées avec le temps. Pour faire tes films, tu risquais tout sans concession.
Bravo Patrick !